Fondation d'entreprise
 
 
Michel Godet
Territoires 
Fondation 
15 déc 2017

Ecosystèmes territoriaux : une spécificité du Grand Prix des Bonnes Nouvelles des Territoires

Avec ce prix, la Fondation MMA des Entrepreneurs du Futur met les élus locaux et les collectivités territoriales à l’honneur. Analyse de notre expert.
Lancé pour la première fois en 2005, le Grand Prix des Bonnes Nouvelles des Territoires organisera sa 9ème édition au cours de l’année 2018. Organisé au départ avec le Cercle des entrepreneurs du Futur dont MMA faisait partie dès l’origine, il a été repris par la Fondation MMA des Entrepreneurs du Futur qui en a fait depuis le début, l’une de ses activités phares. Cet événement permet de repérer les meilleures pratiques afin d’organiser la contagion des initiatives.

Chaque année, l’idée centrale est en s’appuyant sur les réseaux partenaires (réseau entreprendre, BGE, France active, Initiative France…), de faire remonter des initiatives entrepreneuriales innovantes et réussies tant dans le secteur marchand, que dans celui des entreprises sociales et solidaires.
Progressivement une troisième dimension s’est dégagée : les écosystèmes territoriaux. Il s’agit d’initiatives prises par les acteurs de terrain élus ou les associations, au bénéfice du développement et de l’intérêt général.

Commençons par la belle histoire du piment d’Espelette qui a été primé à juste titre, par le jury dans les années 2000. Pendant 25 ans, le maire du village André Darraidou a porté personnellement cette initiative. Il a montré comment on était passé d’une production endémique de moins d’une tonne pour dix producteurs en 1965 à une AOC dynamique de réputation mondiale avec 130 tonnes et 145 producteurs en 2011. 1

Au titre de ces dernières initiatives d’acteurs locaux, on a pu ainsi saluer la renaissance de la commune de Saint-Bonnet-le-Froid grâce à l’énergie de la fratrie Marcon (dont le cadet Régis). Les frères ont su trouver le chemin du développement par des initiatives solidaires privées et publiques réussies sur quarante ans. Leur restaurant est par la suite devenu célèbre par ses trois macarons Michelin et les familles du village.

Nous avons aussi salué la métamorphose du CFA (Centre de formation d’Apprentis) de Ploufragan en campus universitaire, grâce à l’action du responsable de la chambre des métiers Pascal Pellan qui a été à sa tête pendant plus de vingt ans. Il a pu successivement construire un Véhipole puis un Bâtipole en passant par une Cité du goût et des saveurs.

Ce succès de développement local breton a contribué à inspirer celui de la technopole de Béthune-Bruay porté par le dynamisme du vice président de la communauté d’agglomération, Pierre Moreau. Son engagement socialiste n’est pas moindre que son engagement entrepreneurial pour son territoire sinistré par la fermeture des mines de charbon et des usines textiles.
Il a su ranimer la flamme d’un centre de recherches dédié à la sécurité incendie et au bruit en y associant étroitement les constructeurs automobiles. Sans oublier la route du Futur en association avec le lycée TP de Bruay-la-Buissière.

Autre exemple d’Ecosystème récompensé dans le cadre du Grand Prix des bonnes nouvelles des territoires, celui de LIGER, un des projets phares de la COP21. Il s’agit de mutualiser les ressources énergétiques locales (méthanisation et bois) pour produire de l’électricité, de la chaleur et des biocarburants.

Au titre des initiatives remarquables repérées par le Grand Prix des Bonnes nouvelles des territoires et primées en tant qu’écosystème, relevons les miracles de la santé active et préventive de la CPAM de la Sarthe sous l’impulsion de son directeur Patrick Négaret. En améliorant la qualité du service d’accueil et en responsabilisant le personnel et les médecins, il a pu diviser par trois les arrêts-maladie. En jouant sur l’alimentation et l’activité physique, il a créé un magazine et des clubs santé active.

Comment faire plus en dépensant moins d’argent public ? Tel est l’objet d’Approlys, une structure d’achat commune à trois départements : le Loiret, l’Eure-et-Loir et le Loir et Cher. Créée en 2013, elle a permis de réduire les coûts de 20 %, sans perdre d’emplois locaux.

Comment susciter des vocations autour des métiers manuels délaissés par nos jeunes, qui par ailleurs n’y sont guères incités par l’Education nationale ? C’est l’ambition de l’Outil en main créé en 1994. Sur une base bénévole, des artisans retraités font découvrir leur métier à des jeunes âgés de 9 à 14 ans. 137 associations participent à l’Outil en main et 2 000 jeunes sont concernés par cette transmission intergénérationnelle de savoir ; relevons que 40 % de ces jeunes font le choix d’un métier via une filière d’apprentissage.

Comment faire aimer l’industrie et réduire le taux de chômage à 5,2 % ? C’est ce qu’a su faire Pierre Méhaignerie dans son Pays de Vitré. Ce qui confirme l’importance d’élus locaux compétents et au service de leur territoire depuis des décennies.

1 Toutes ces histoires sont publiées dans le livre Bonnes nouvelles publié chaque année aux Editions Odile Jacob. 
Source photo : Liger, capture écran de la vidéo youtube "Prix 2017 décerné à Liger".
 

Michel Godet est un économiste, membre de l'Académie des technologies, Vice-président de la fondation MMA des Entrepreneurs du Futur qui organise chaque année le Grand Prix des Bonnes nouvelles des territoires. De 1982 à 2014, il a été professeur au Conservatoire national des arts et métiers, titulaire de la chaire de prospective stratégique et auteur d'ouvrages économiques sur le travail ou l'évolution démographique.

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