Fondation d'entreprise
 
 
André Letowski
Conjoncture 
15 mai 2018

Une culture de la croissance partagée par chaque membre de l’entreprise est essentielle pour accomplir son développement.

La forte croissance d’une entreprise repose largement sur la culture de croissance, appropriée par chaque membre de l’entreprise, conjuguée à l’agilité du dirigeant dans la gestion au quotidien, mais avec inspirée par une vision à moyen terme. C’est ce que révèle une étude KPMG*.
Pour Georges Gambarini, responsable du marché des entreprises de croissance chez KPMG : « Etre en hyper croissance, c’est accepter que ce qui a permis la croissance d’hier n’est pas ce qui permettra la croissance de demain. Pour le dirigeant, c’est donc adapter son organisation et ses hommes clefs pour activer les leviers et maintenir la culture de l’entreprise. Résoudre l’équation de la croissance est nécessaire pour la pérennité de notre écosystème start-up et pour la croissance française d’une façon générale. L’essentiel n’est pas tant de produire de plus en plus de licornes que de permettre à chaque entreprise de se mettre dans un état d’esprit de croissance afin de tirer le maximum de son projet, de ses hommes et de son marché. »

La culture d’entreprise (40 % des répondants) sont, avec le dynamisme du secteur d’activité, les leviers de l’hypercroissance, devant les innovations produits (29 %) et l’internationalisation de leur activité (22 %).

« Ce n’est pas l’innovation qui est la plus importante, mais le fait que toute l’entreprise soit culturellement orientée vers la croissance, et que cette culture d’entreprise soit impulsée par le fondateur, par le biais de sa vision, son ambition, sa capacité à la répercuter au sein de son organisation et à la faire évoluer dans le temps. En phase de croissance, il ne suffit pas d’être capable de croître, mais aussi de lutter contre les déséquilibres pour affronter l’hyper-fragilité qui va de pair avec l’hyper croissance »

82 % des dirigeants estiment que la croissance de leur chiffre d’affaires va se poursuivre ou s’accélérer.

Près de 6 entreprises sur 10 considèrent la gestion des talents comme le principal défi à relever en phase de croissance.

Pour stimuler la croissance de leur entreprise, ils privilégient la croissance organique (90 %, vs 10 % pour la croissance externe), avec priorité à la rentabilité (81 % vs 18 % la croissance à tout prix), la concentration sur le cœur de métier de l’entreprise (76 % vs 24 % la diversification massive) et l’autofinancement (67 %) ; d’ailleurs, un dirigeant sur trois n’a pas eu recours à un financement externe au cours des deux dernières années. Contrairement à certaines idées reçues, la croissance externe et les levées de fonds ne semblent pas indispensables.
1/4 prônent le partenariat stratégique comme important, faisant de la collaboration un levier incontournable pour la croissance.

« En phase de croissance, il ne suffit pas d’être capable de croître, mais aussi de lutter contre les déséquilibres pour affronter l’hyper-fragilité qui va de pair avec l’hyper croissance ». 71 % des dirigeants déclarent avoir rencontré au moins une difficulté lors de la phase d’hyper croissance de leur entreprise.
40 % disent la difficulté de gérer le BFR. 10 % vont jusqu’à dire que les difficultés en termes de gestion de trésorerie et du besoin en fonds de roulement ont mis en danger la pérennité financière de leur entreprise.

Pour pérenniser la croissance les dirigeants citent 3 mesures RH prioritaires : la gestion des talents et des carrières (73 %), le bien-être au travail (36 %), les initiatives d’entrepreneuriat (29 %).
57 % citent le recrutement comme principal obstacle sur le chemin de la transformation de l’entreprise en phase de forte croissance, devant la gestion de trésorerie et la gouvernance interne.

Pour maintenir la croissance, 38 % anticipent une évolution de leurs équipes d’encadrement et de la gouvernance. 52 % envisagent de recourir ponctuellement à des experts externes, 20 % feraient le choix d’un nouveau type de gouvernance comme des comités d’experts et 18% le recrutement de nouveaux dirigeants.

Pour maintenir le rythme de croissance, ils misent aussi sur la transformation des fonctions marketing (38 %), production (35%) et innovation (30 %). Ils envisagent d’investir en priorité et de façon permanente dans l’outil de production et la R&D (37 %), le pilotage de la performance et du contrôle de gestion (35 %)
et l’internationalisation (27 %).
En cas de renforcement de leur activité à l’étranger, plus de la moitié d’entre eux considèrent l’Europe comme zone géographique prioritaire, devant l’Amérique du Nord, l’Inde et l’Asie du Sud Est. Pour 6 dirigeants sur 10, l’intégration de l’impact des deep tech est jugée prioritaire, devant l’accélération de la dématérialisation (23 %). Un tiers des entreprises envisage d’investir dans la mise en place d’outils RPA (automatisation des processus robotiques).

Ce qui est essentiel, c’est donc la structuration permanente de l’entreprise, avec un pilotage de leur performance au quotidien pour anticiper leurs faiblesses et aligner en permanence leur organisation aux défis de la croissance.


*
 "Entreprises en hyper croissance : le défi de l’écosystème entrepreneurial français ", KPMG, avril 2018. Méthodologie : échantillon représentatif de 100 dirigeants d’entreprises françaises indépendantes interrogées en janvier 2018 à partir des données collectées par l’IFOP. L’étude dresse un état des lieux en France des pratiques, enjeux et problématiques rencontrés par les dirigeants d’entreprise en forte croissance et hyper croissance (CA supérieur à 3 M€, et 20 % de croissance annuelle moyenne sur trois ans).

 
André Letowski est expert en entrepreneuriat, en petites et très petites entreprises. Il publie une note mensuelle regroupant une sélection brute ou retravaillée et commentée des corpus statistiques français, des enquêtes et publications concernant le domaine des TPE, PE et PME.




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