Fondation d'entreprise
 
 
André Letowski
Emploi 
17 oct 2018

30 % des Français concerné par la création ou reprise d'entreprise

 Passer au stade de porteur de projet effectif est toujours plus difficile.
Si souhaiter créer/reprendre une entreprise est toujours apprécié par la population Française, passer au stade de porteur de projet effectif est toujours plus difficile : les motivations et les freins différent alors beaucoup entre ces 2 populations. Elément nouveau rarement étudié, les demandeurs d’emploi et les habitants des « quartiers politique de la ville ».


L’enquête auprès de la population Française de 18 ans et plus :

⇒ Le choix de carrière le plus intéressant : pour 49 % être chef d’entreprise (46 % en 2016) ; les autres choisiraient d’être à égalité (17 %) salarié d’une PME, salarié d’une grande entreprise, salariés de la fonction publique.

⇒ Le choix d’être son propre patron diffère peu :
*au regard du sexe (51 % les hommes et 47 % les femmes),
*de l’âge : les plus de 65 ans étant les plus demandeurs (59 % !) avec les moins de 30 ans (53 %); les plus concernés sont moins demandeurs (42 ou 43 % pour les 30-64 ans),
*du niveau de diplôme : paradoxalement les plus demandeurs sont ceux dont les diplômes sont le moins « utiles » à la création d’entreprise (sans diplôme 52 %, bac 54 % vs 45 pour le CAP/ bac pro ou techno et 46 un diplôme du supérieur).

⇒ 39% affirment avoir des « antécédents entrepreneuriaux » : 21% ont déjà monté ou dirigé une association, 20 % ont suivi une formation à la gestion d’entreprise ou à la création d’entreprise, 18 % ont aidé un proche à créer/reprendre ou faire fonctionner une entreprise (une même personne peut être dans plusieurs cas de figure).
Sans surprise, ce sont les diplômés qui de loin ont le plus d’antécédents, devant les hommes et les 30-49 ans, alors que loin derrière on trouve les sans diplôme ou les niveau CAP/bac pro, les femmes, les moins de 30 ans.

⇒ Pour 70 % la création d’entreprise prend sa source de la passion pour un métier
, et seulement pour 23 % l’introduction de produits/services nouveaux sur un marché.

⇒ 30 % de la population française de 18 ans et plus a été placée à un moment ou à un autre dans une dynamique entrepreneuriale.
Ce sont plus souvent :
*des diplômés de l’enseignement supérieur (bac +5 et + avec 65 %, bac +2,3 et 4 avec 41 %, CAP/bac pro 25 % et sans diplôme 15 %)
*des hommes (37 % et seulement 23 % de femmes),
*des 30-49 ans (36 %, mais 30 % pour les moins de 30 ans et 26 % pour les autres âges)
Dans l’échantillon interrogé en 2018, 12 % sont actuellement chefs d’entreprise (10 % en 2016), alors que 13 % ont cessé leur entreprise (14 % en 2016). Par ailleurs, 7 % sont porteurs de projet et 19 % auraient l’intention de créer un jour une entreprise (là encore une même personne peut se situer dans plusieurs cas de figure).

⇒ 28 % se sont déjà vus conseiller de créer ou reprendre une entreprise, par un membre de la famille (16 %), un proche dans l’entourage professionnel (10 %), peu par un employeur (3 %) ou pôle emploi (3 %).
C’est le cas pour 43 % des diplômés de l’enseignement supérieur, vs 24 % pour ceux issus de CAP/bac pro ou techno et moins encore pour les sans diplôme (17 %).
C’est plus souvent le cas pour les 30-49 ans (34 %) que pour les autre âges (27 et 28 %, hors les 65 ans et plus avec 19 %).
C’est encore plus souvent celui des hommes (31 %) vs 25 pour les femmes.

19 % disent avoir l’intention de créer une entreprise (21 % en 2016) et 7 % sont porteurs de projet (7 % en 2016)

- Parmi les 19 % d’intentionnistes, en premier lieu ce sont les diplômés du supérieur (39 % des bac +5 et au-delà, 29 à 31 % pour les autres diplômés du supérieur), puis les moins de 50 ans (28 % dont les jeunes de moins de 30 ans), les hommes (21 %), les femmes (17 %), les diplômés du CAP/bac pro et les 50-64 ans (14 %) et enfin les sans diplôme (8 %) et les 65 ans et plus (4 %).
Mais parmi ces derniers, 43 % n’ont fait aucune démarche pour concrétiser cette intention, 22 % ont un projet en cours, 13 % ont créé depuis et 20 % ont abandonné.

- Parmi les 7 % de porteurs de projet, 37 % ont créé et 63 % sont toujours en projet.

- Si l’on regroupe ceux qui ont l’intention et ceux qui sont en projet, on constate que 5 % de la population totale a créé, 8,6 % sont en phase de projet, 8,2 % n’ont fait aucune démarche tout en ayant l’intention de créer et 3,8 % ont abandonné.
Parmi ceux qui sont toujours en projet de création (intention et porteur de projet n’ayant ni crée, ni abandonné), 7,8 % de la population totale n’a fixé aucune échéance ou à plus de 2 ans, et 5,2 % dans les 2 ans (dont 2,7 % dans l’année à venir).

⇒ Les motivations et les freins à la création

Créateurs et postulants à la création différent dans leurs motivations : les créateurs sont davantage dans la saisie d’opportunité, le défis à relever et moins dans la réalisation d’un rêve, le fait de vouloir être indépendant (ils le sont !), le fait de changer de métier.

En ce qui concerne le décalage entre les postulants à la création et ceux qui ne le sont pas, l’item principal est le choix du salariat, alors que les postulants sont préoccupés d’une mise en œuvre qui pourrait s’avérer difficile (complexité des démarches administratives, rémunération insuffisante, responsabilités lourdes, investissement financier important…).

⇒ La population spécifique des demandeurs d’emploi

Dans la présente enquête, l’indice entrepreneurial montre que les actifs en emploi sont plus intéressés par la création d’entreprise (38 %) que les chômeurs (27 %) ou que les inactifs (23 %).
Ils ont moins souvent des antécédents entrepreneuriaux et disent être moins souvent incités à créer ou reprendre une entreprise. S’ils souhaitent être plus souvent indépendants, ils sont moins dans le souci d’épanouissement, celui du défi à relever, et bien sûr plus dans le souci de se réinsérer dans l’emploi. Alors que les actifs sont plus dans l’offensive (défi à relever, nouveau marché à conquérir, saisie d’opportunité).

Les demandeurs d’emploi sont un peu plus inquiets de l’investissement financier jugé trop lourd, des démarches administratives jugées complexes mais aussi de la peur de l’échec, d’une rémunération insuffisante et d’un manque de compétences; ils ne sont toutefois pas plus inquiets de la peur de l’échec que les actifs, même si cette peur est un des premiers freins (36 % des demandeurs d’emploi au même niveau que l’investissement financier trop lourd).

⇒ Les quartiers en difficulté

L’indice entrepreneurial montre que les habitants des quartiers en difficulté sont nettement moins concernés par la création d’entreprise (14 %) que les habitants des autres quartiers (31 %). On y trouve moins d’intentionnistes (9 % vs 20 pour les autres quartiers), moins de porteurs de projet (1 % vs 7), moins d’entrepreneurs en activité (3 % vs 12), moins aussi d’ex chefs d’entreprise (4 % vs 14).

Pourtant, ils sont 48 % (vs 48 pour les autres quartiers) à considérer qu’être chef d’entreprise est le choix de carrière le plus intéressant ; il sont en phase encore avec les habitants des autres quartiers pour avoir aidé un proche à monter son entreprise, pour avoir suivi une formation à la gestion ou à la création d’entreprise (17 % vs 21), mais beaucoup plus éloigné en ce qui concerne le montage ou la direction d’association (10 % vs 22).
S’ils sont aussi motivés par l’indépendance, le rêve à réaliser, que les habitants des autres quartiers, ils le sont plus par l’argent à gagner, la saisie d’opportunité et moins par le défi à relever, la mise en œuvre d’une idée nouvelle ou le changement de métier.

Ils sont aussi plus nombreux à ne jamais avoir pensé à créer une entreprise (23 % vs 16). Le frein le plus marquant est l’investissement financier jugé trop lourd ; par contre, la peur de l’échec, les compétences insuffisantes sont plus modérées que pour les autres créateurs.

"Indice entrepreneurial français 2eme vague –2018", AFE, octobre 2018

Méthodologie :
Collecte enquête nationale :
2 échantillons interrogés en ligne entre le 26 juin et le 20 juillet 2018 :
- un premier échantillon de 1 003 personnes représentatif de la population résidente en France de 18 ans et plus selon la méthode des quotas (genre, âge et CSP par grande région) et une comparaison avec l’enquête 2016 qui manifeste peu d’écart.
- Un sur-échantillon de 1 011 personnes : 108 dirigeants d’entreprise, 102 ex-dirigeants d’entreprise, 200 porteurs de projet, 300 intentionnistes, 300 demandeurs d’emploi.
Collecte enquête Quartiers Politique de la Ville :
Échantillon national de 583 répondants d’habitant 383 quartiers différents, interrogés par téléphone du 22 juin au 10 juillet 2018, sur la base de quotas (genre, 3 grandes tranches d’âge, en emploi / sans emploi, nationalité française / étrangère, typologie « emploi » des QPV).
Enquête TMO Régions pour l’AFE, avec l’appui des sponsors Pôle Emploi et MMA fondation Entrepreneurs.
 
André Letowski est expert en entrepreneuriat, en petites et très petites entreprises. Il publie une note mensuelle regroupant une sélection brute ou retravaillée et commentée des corpus statistiques français, des enquêtes et publications concernant le domaine des TPE, PE et PME.




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