Et comme toute pratique tendant à se diffuser, la méditation de pleine conscience a motivé le lancement de recherches. En effet, un grand nombre de scientifiques mènent actuellement des études. Avec quel objectif ? Celui d’évaluer son impact sur la santé mentale et physique des pratiquants.
Les travaux menés depuis quelques années ont ainsi démontré que la pratique de la mindfulness a des effets bénéfiques et pérennes. Car elle permet notamment d’apprivoiser ses émotions. Et donc d’apprendre à les appréhender et à se reconnecter à notre corps et nos sensations. Par ailleurs, la pratique de la mindfulness agit directement sur l’activité cérébrale. C’est la neuroplasticité.
La neuroplasticité décrit les mécanismes par lesquels le cerveau est capable de se modifier. Ils se produisent lors des processus de neurogenèse dès la phase embryonnaire ou lors d’apprentissages. Cela s’exprime par la capacité du cerveau de créer, défaire ou réorganiser les réseaux de neurones et leurs connexions. Ainsi, la plasticité neuronale est présente tout au long de la vie. Mais on note un pic d’efficacité pendant le développement à la suite de l’apprentissage.
Méditation de pleine conscience VS déclin cognitif
Parmi les études récentes, il en est une qui s’intéresse plus particulièrement au vieillissement des cellules. Menée par Gaëlle Chételat, chercheuse à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), cette étude fait un constat très clair : les personnes pratiquant la méditation vieillissent moins vite.
Pour mener à bien ses travaux, l’équipe de Gaëlle Chételat a analysé par imagerie médicale les cerveaux de 259 seniors. 67 d’entre eux n’ont jamais pratiqué la méditation contre 6 qui ont à leur actif entre 15 000 et 30 000 heures de mindfulness. Le panel était complété par 180 participants-témoins âgés de 20 à 87 ans.
Les chercheurs se sont intéressés au volume de matière grise. Et c’est dans les têtes des 6 méditants aguerris qu’on la trouve en plus grosse quantité. Plus précisément, chez ces pratiquants de la méditation de pleine conscience, les zones du cerveau dédiées à l’attention et à la régulation des émotions présentent un bien meilleur métabolisme que celles des autres sujets.
La conclusion est sans appel. La méditation permet de préserver des zones cérébrales menacées de déclin cognitif. Concrètement, si vous pratiquez la méditation de pleine conscience, vous pouvez potentiellement réduire les risques de développement de la maladie d’Alzheimer, forme la plus grave de dégradation cognitive.
L’action de la mindfulness contre le vieillissement cellulaire
Les chercheurs du projet Shamantha se sont pour leur part penchés sur les effets biologiques de la méditation. Pour les mesurer, ils ont sélectionné soixantaine de pratiquants de la méditation de pleine conscience et les ont soumis à une retraite de trois mois. Pour pouvoir effectuer des comparaisons, un groupe d’individus « témoins » fut également choisi.
Présentation du programme Shamatha par le docteur Wallace, responsable du projet
Les chercheurs se sont intéressés à la télomérase. Cette enzyme, secrétée naturellement lors de la réplication de l’ADN, a pour mission d’habiller les chromosomes de télomères, des séquences nucléotidiques placées à leur extrémité et servant à les préserver.
Et observer les télomères est important pour qui veut contrôler la bonne santé de notre régénération cellulaire. En effet, ces extrémités raccourcissent avec l’âge, jusqu’à ce que la cellule ne puisse plus se diviser. Donc se reproduire. Et la télomérase a pour fonction de freiner cette dégénérescence.
Et que montre l’étude ? Qu’au bout de 3 mois de retraite, les participants produisent en moyenne 30 % de plus de télomérase que les individus du groupe témoin. Autre conséquence significative : les télomères des 60 méditants sont plus allongés entre le début et la fin de la retraite !
Bien évidemment, nous sommes encore loin d’avoir cerné toutes les conséquences de la pratique de la méditation de pleine conscience sur notre organisme. Certaines études doivent encore être menées. Il faut notamment chercher à mieux comprendre les mécanismes par lesquels le cerveau est capable de se modifier. Mais les constatations déjà effectuées sont encourageantes. En effet, elles démontrent que la mindfulness peut nous aider à nous sentir mieux, dans nos têtes et dans nos corps !