Comment en êtes-vous venu à pratiquer la méditation de pleine conscience ?
Jean-Michel Mary : J’ai fortement ressenti à un moment donné de travailler sur moi, de travailler sur l’instant, de gérer des situations de stress et d’isolement. Et la mindfulness a été pour moi une réponse. Quand j’ai entamé cette démarche il y a 8 ans, je l’ai fait de manière confidentielle. Pour la simple raison qu’à l’époque on n’en parlait pas beaucoup et que cela avait une image un peu « baba cool », décalée de la vie professionnelle. Et puis cela s’est développé. Puis j’ai notamment travaillé avec Dominique Steiler qui est le créateur de la chaire Mindfulness à Grenoble Ecole de management. Et j’ai moi-même participé à la création de cette chaire en étant sponsor.
Que vous a apporté la méditation en tant que dirigeant d’entreprise ?
Dans le contexte de tension actuel, qui malheureusement risque de perdurer, le dirigeant est sollicité de toutes parts. Il doit gérer un stress important par rapport à ses responsabilités et aux incertitudes auxquelles il doit faire face. Et aussi au changement, à la flexibilité. A tout ce qui fait que ce monde s’accélère et évolue dans ses valeurs. J’avais besoin de me ressourcer, de rester dans l’instant, de ne pas ressasser sans cesse le passé et de trop me projeter dans le futur. J’avais besoin de m’inscrire dans le temps présent, de vivre ce temps le mieux possible et de jouer mon rôle, dans l’instant. C’est ça que m’amène la mindfulness : un calme intérieur. Elle me permet d’aborder au mieux les défis qui se présentent à moi en tant que dirigeant.
Mais au-delà de mon ancrage personnel dans le présent, la mindfulness m’a ouvert un champ qui dépasse largement la notion de méditation. Certes, elle m’a permis de me développer, mais également de développer mon activité de manager. Et notamment d’amener mon comité de direction vers des modes de travail et de communication où on prend le temps de faire attention à soi : comment on se sent quand on entre en réunion, à s’écouter, à se respecter, etc. Cela permet de comprendre l’état d’esprit des interlocuteurs avec qui on est, et mener la réunion de la façon la plus efficace possible.
Mais au-delà de mon ancrage personnel dans le présent, la mindfulness m’a ouvert un champ qui dépasse largement la notion de méditation. Certes, elle m’a permis de me développer, mais également de développer mon activité de manager. Et notamment d’amener mon comité de direction vers des modes de travail et de communication où on prend le temps de faire attention à soi : comment on se sent quand on entre en réunion, à s’écouter, à se respecter, etc. Cela permet de comprendre l’état d’esprit des interlocuteurs avec qui on est, et mener la réunion de la façon la plus efficace possible.
Comment s’organise votre pratique ?
Je n’ai pas vraiment de rituels ou d’habitudes concernant ma pratique de la méditation de pleine conscience. Cela m’est arrivé au début. Aujourd’hui, j’adapte ma pratique de la mindfulness à mon agenda et à mon rythme de vie. Par exemple, du fait de mon emploi de directeur général, je suis amené à faire beaucoup de déplacements. Et ce sont pour moi des occasions idéales pour faire des séances de méditation. Mais au quotidien, je pratique essentiellement le matin en arrivant au bureau. Ou à mon réveil.
Invitez-vous vos collaborateurs à pratiquer la méditation de pleine conscience ? Et si oui de quelle manière ?
Après quelques années de participation active à la chaire de mindfulness de Dominique Steiler, j’ai passé le relais à mon directeur des ressources humaines. Et en parallèle de ça, on a décidé d’ouvrir la pratique de la méditation de pleine conscience dans l’entreprise. Nous avons créé un moment de rencontre le lundi soir. Cet atelier de mindfulness fonctionne maintenant depuis 2 ou 3 ans. Et c’est ouvert à tous ceux qui veulent pratiquer la méditation au sein de l’entreprise. On y trouve autant des directeurs de service que des opérateurs. Et nous avons d’ailleurs été surpris de l’engouement !
Voyez-vous des conséquences positives de cette pratique sur la vie des salariés ?
Pour être franc, je ne participe pas à cet atelier de méditation du lundi soir. Donc je ne sais pas quels salariés y prennent part et comment ils vivent leur pratique de la méditation. Mais on sent dans l’entreprise que les personnes font attention à elles, ainsi qu’aux autres, et s’inscrivent davantage dans le temps présent. Cela se traduit par une forme d’écoute et de bienveillance. C’était mon objectif en amenant la mindfulness dans l’entreprise.
La méditation de pleine conscience serait-elle davantage pratiquée dans l’entreprise si le dirigeant montrait l’exemple ?
Oui, et pour deux raisons : la première, c’est que cela a valeur d’exemplarité. Mais au-delà de cette notion d’exemple, si le dirigeant connaît la mindfulness, il sera plus ouvert aux initiatives de ses collaborateurs. Des salariés qui souhaitent réserver une salle pour faire une séance de méditation collective risqueraient de se trouver face à l’incompréhension, voire au dénigrement, d’un dirigeant qui n’y croit pas.