Fondation d'entreprise
 
 
André Letowski
Territoire 
03 oct 2019

Dans les Hauts-de-France, 67 % des entreprises à transmettre sont le fait de commerces

19 % des établissements de la région seraient concernés par un projet de transmission d’ici 5 ans. Cela représente un potentiel de 30 641 établissements et 110 162 emplois.
L’étude différencie les entreprises de 10 salariés et moins et celles de 11 salariés et plus, manifestant un écart net entre la transmission recherchée d’activités résidentielles et celle d’activités productives, repositionnant aussi la diversité des enjeux et en conséquence les politiques à conduire.

⇒ Une approche globale

Selon l’enquête de conjoncture réalisée par la CCI Hauts-de-France à la fin de l’année 2017, 19 % des établissements de la région seraient concernés par un projet de transmission d’ici 5 ans. Cela représente un potentiel de 30.641 établissements et 110.162 emplois.

67 % des entreprises sont le fait du commerce (42 % le commerce de détail, 15 % les HCR, 7 % les débits de boisson, 5 % le commerce de gros). 25 % sont le fait de services (14% de services aux personnes dont coiffure, pressing, 9 % de services aux entreprises, 2 % transports) ; 8 % sont de type secondaire (4 % industrie, 4 % construction).

Par contre, la répartition des emplois par activité diffère : une part plus modeste du commerce notamment de détail au profit des services et du secondaire ; 44 % des emplois de ces entreprises sont localisés dans le commerce (27 % dans le commerce de détail, 8 % dans les HCR, 7 % dans le commerce de gros, 2 % dans les débits de boisson). 33 % le sont dans les services (16 % dans les services aux particuliers, 9 % dans les services aux entreprises, 8 % dans les transports) et 23 % dans le secondaire (industrie 15 % et BTP 8 %).

Les entreprises de 0 à 10 salariés représentent 94 % de l’ensemble des projets de transmission, et 48 % des emplois concernés ; 1.887 entreprises concernent des entreprises de 11 salariés ou plus et 57 639 emplois (soit 6 % des projets, mais 52 % des emplois concernés).

Les entreprises sans salarié représentent la moitié du tissu économique des Hauts-de-France. La sphère résidentielle (commerce de détail, débits de boisson, hôtellerie-restauration et services) représente 78 % de ces entreprises. Dans cette étude, les entreprises sans salarié de la sphère productive (commerce interentreprises, BTP, industrie, transports et logistique) a été délibérément écartée de l’analyse car trop peu de questionnaires ont été obtenus pour ces activités dans cette catégorie de taille. Le nombre de projets de transmission y est donc légèrement sous-estimé.

⇒ Les entreprises de 0 à 10 salariés

Elles sont 91 % du tissu économique régional, 94 % des projets de transmission et 48 % des emplois concernés. 43 % n’ont pas de salarié, 47 % de 1 à 5 salariés et 10 % de 6 à 10 salariés.

9 sur 10 sont des activités de type présentiel ou résidentiel (commerce : 43 % le commerce de détail, 23 % les HCR, 2 % le commerce de gros, 25 % les services, 7 % le secondaire).
2 zooms :
* Près d’un quart des entreprises du commerce de détail serait potentiellement à transmettre à horizon de 5 ans (12.400 projets de transmission pour 21.930 emplois potentiellement concernés). La propension à transmettre est beaucoup plus élevée chez les dirigeants de plus de 57 ans (entre 42 et 58 % vs 13 à 23 % chez les moins de 57 ans).
*Au sein des HCR, plus d’un tiers des entreprises serait potentiellement à transmettre à horizon de 5 ans (4.500 projets de transmission pour 6.460 emplois). 42 % des dirigeants de moins de 40 ans ont un projet de transmission (contre 14 % en moyenne) ; la propension à transmettre est plus importante dans les plus petits établissements (40 % dans les entreprises sans salarié, vs 33 % dans celles de 1 à 5 salariés et 23 % dans celles de 6 à 10 salariés).
 
Les projets de cession du dirigeant non concerné par un départ en retraite chiffrent la moitié des entreprises concernées (17 % des dirigeants ont moins de 40 ans, 15 % entre 40 et 49 ans, 19 % entre 50 et 56 ans), alors que l’autre moitié des dirigeants a 57 ans et plus (23 % de 57 à 61 ans, 16 % de 62 à 66 ans et 9 % 67 ans et +).

L’analyse des propensions à transmettre par secteurs d’activité permet de distinguer 3 groupes d’activités :

– Dans le premier, on retrouve les secteurs dans lesquels les propensions à transmettre sont les plus faibles (moins de 15 %) : services aux entreprises (10 %), autres activités de services (10 %), commerce interentreprises (13 %) et BTP (14 %),

– Dans le second, on regroupe les secteurs dans lesquels les propensions à transmettre sont comprises entre 20 et 25 % : industrie (20 %), services aux particuliers (21 %), commerce de détail (23 %) et transport-logistique (26 %).

– Le dernier groupe est constitué des HCR et des débits de boisson (essentiellement de type résidentiel), pour lesquels les propensions à transmettre sont particulièrement élevées (respectivement 35 % et 53 %), et la part des dirigeants qui ne se prononcent pas également (respectivement 14 % et 20 %). A noter que dans les débits de boisson, 43 % des dirigeants de moins de 50 ans et 44 % de ceux de 50 à 56 ans ont un projet de transmission; cette part s’élève même jusqu’à 74% chez les dirigeants de 57 ans et plus.

Aucun écart marquant pour la propension à transmettre n’est observé selon la taille de l’entreprise (une part toutefois plus faible dans les entreprises sans salarié 17 % vs 20-23).

52 % seraient transmises à des tiers (75 % dans les HCR), 12 % à un membre de la famille (32 % dans le BTP, 27 % dans l’industrie, 18 % dans les services aux entreprises, 4 % les sans salarié) et 5 % à des salariés ; 31 % ne savent pas.

Pour 80 % la transmission se ferait par la vente de leur fonds de commerce, et 14 % via la vente de leurs parts sociales (35 % dans celles de 6 à 10 salariés).

⇒ Les entreprises de 11 salariés et plus

1.890 projets de transmission pour 57.640 emplois potentiellement concernés : 9 % du tissu économique régional, 6 % des projets de transmission et 52 % des emplois concernés.

Prés des 2/3 des projets de transmission concernent des activités du secteur productif : commerce interentreprises (12 %), BTP (13 %), industrie (15 %), les services aux entreprises (12 %) et les transport-logistique (11%) ; les activités du secteur résidentiel concernent majoritairement le commerce de détail (19 %) et les services aux particuliers (18 %).

Zoom sur l’industrie : 8 % des entreprises industrielles de 11 salariés et plus seraient potentiellement à transmettre à horizon de 5 ans (287 projets et 12 075 emplois). 73 % sont des PME de 20 à 49 salariés, où la propension à transmettre est plus élevée (16 %, 2 fois plus que la moyenne). La propension à transmettre y est fortement liée à l’âge du dirigeant : à partir de 57 ans (14 % chez les 57 à 61 ans et jusqu’à 22 % chez les plus de 62 ans). Le secteur industriel se caractérise également par le fait que 28 % des dirigeants indiquent ne pas savoir s’ils auraient ou pas un projet de transmission dans les 5 ans (9 points de plus que la moyenne). Cette part est encore plus élevée dans les entreprises industrielles de 50 salariés et plus (44 %).

70 % des projets sont liés à un prochain départ en retraite du dirigeant (22 % des dirigeants de 67 ans et +, 25 % des dirigeants de 62 à 66 ans et 23 % de 57 à 61 ans). 29 % ont par ailleurs moins de 57 ans (dont 16 % de 50 à 56 ans).

Un Zoom sur les 50 salariés et plus

Ils totalisent 5 % des projets (46 % pour les 11-19 salariés, 49 % pour les 20-49 salariés et 5 % les 50 salariés et plus).

60 % des projets de transmission d’entreprises de 50 salariés et plus concerne les activités de services (plus particulièrement les services aux particuliers), 22 % des entreprises industrielles, 13 % le transport-logistique.

Plus de la moitié des projets ne seraient a priori pas liés à un prochain départ en retraite du dirigeant (23 % ont moins de 49 ans, 30 % ont entre 50 et 56 ans) ; noter que 39 % ont 62 ans et plus (38 % 62-66 ans). La propension à transmettre est très faible, quelle que soit la classe d’âge (2 % à 3 %), mais 8 % pour les 62-66 ans. La part des dirigeants qui ne se prononcent pas est supérieure à 30 % quelle que soit la classe d’âge ; elle est forte dans l’industrie (44 %), les services aux entreprises (38 %) et le transport-logistique (37 %).

L’analyse des propensions à transmettre par secteurs d’activité permet de distinguer 3 groupes

* Dans le premier, les propensions à transmettre sont légèrement plus faibles que la moyenne (2 à 3 points de moins) mais la part des dirigeants qui ne se prononcent pas est particulièrement élevée par rapport aux autres secteurs ; Il s’agit des autres activités de services (39 %), de l’industrie (28 %) et des services aux entreprises (21 %).

*Le second groupe est constitué des secteurs dont la propension à transmettre est dans la moyenne : commerce de détail (12 %), hôtellerie-restauration (11 %), services aux particuliers (10 %) et BTP (12 %). A noter que dans ces deux derniers secteurs, la part d’incertitude est la plus faible, avec respectivement 3 % et 7 % des dirigeants qui ne se prononcent pas (contre 19 % en moyenne).

* le dernier groupe comprend les secteurs dans lesquels les propensions à transmettre sont plus élevées que la moyenne. Il s’agit du commerce interentreprises (16 %, soit 5 points de plus que la moyenne) et du transport-logistique (17 %, 6 points de plus).

36 % des dirigeants souhaiteraient transmettre à un tiers, 28 % à un membre de la famille, et 8 % à un salarié de l’entreprise. A noter que dans les entreprises de 50 salariés et plus, la transmission à un membre de la famille serait très faible (8 %), alors que celle à un salarié de l’entreprise serait plus élevée (17 %). Par ailleurs, les transmissions se feraient via la vente de parts sociales dans 38 % des cas, et via la vente du fonds de commerce dans 23 % des cas.

Pour en savoir davantage : http://hauts-de-france.direccte.gouv.fr/

"étude prospective sur le potentiel d’entreprises à transmettre à horizon de 5 ans", OBSERVATOIRE DE LA TRANSMISSION-REPRISE-HAUTS-DE-FRANCE, septembre 2019
Méthodologie : 4.000 établissements, inscrits au registre du commerce et des sociétés (RCS) des CCI Hauts-de-France.ont été interrogés (redressement sur le secteur d’activité, la taille et l’âge du dirigeant).

Par convention de langage, le terme « entreprise » utilisé dans ce document désigne les différents établissements composant les entreprises au sens juridique du terme. De même, « la part des dirigeants » (par exemple de 67 ans et plus) désigne en réalité « la part des établissements dont le dirigeant a 67 ans ou plus. » Cette étude a été financée par la DIRECCTE et réalisée par la CCI de région Hauts-de-France, en collaboration avec la DIRECCTE, le Conseil régional, HDFID, la CMA et la Banque de France.

 
André Letowski est expert en entrepreneuriat, en petites et très petites entreprises. Il publie une note mensuelle regroupant une sélection brute ou retravaillée et commentée des corpus statistiques français, des enquêtes et publications concernant le domaine des TPE, PE et PME.




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