L’analyse met en lumière la grande diversité des trajectoires des zones d’emploi :
- certaines ont bénéficié d’une croissance de leur base industrielle, alors que l’on sait que l’industrie française a globalement perdu des emplois,
- les variations du nombre d’emplois dans l’industrie constatées dans les zones d’emploi de France métropolitaine apparaissent indépendantes de l’ampleur de leur base industrielle : il n’y a pas de prime automatique aux grands clusters et aux métropoles.
- la spécialisation des territoires dans des secteurs plus ou moins porteurs n’est pas un bon prédicteur de leur performance.
Si les caractéristiques structurelles des territoires n’expliquent pas si simplement leur performance, c’est certes parce que ces phénomènes sont de plus en plus multiparamétriques mais plus encore parce que leur « capital social » et notamment l’efficacité des institutions et des coopérations entre acteurs divers, jouent un rôle primordial associé au dynamisme des entreprises, principal moteur du développement local.
En conclusion du rapport :
- Aucune corrélation claire ne peut être dégagée entre le nombre initial d’emplois industriels sur un territoire et sa variation. ce qui veut dire d’une part, que les grands bassins d’emploi industriels ne sont pas particulièrement condamnés au déclin et, d’autre part, qu’il n’y a pas de prime à ceux qui comptent le plus d’emplois du fait du poids des agglomérations.
- La dynamique propre de chaque territoire est influencée par le prix du foncier, la disponibilité de la main d’œuvre, le climat et la géographie, les infrastructures de transport, l’accès à la recherche et à l’enseignement, la qualité de la gouvernance et des relations clients-fournisseurs, etc.
- L’évolution de l’emploi industriel dans les territoires est d’abord déterminée par les conditions macroéconomiques qui explique 52 % de la variation locale.
- La spécialisation sectorielle n’explique que 10 % et ne domine dans aucune zone d’emploi; autrement dit, une croissance plus forte de l’emploi industriel dans un territoire n’est jamais le reflet d’une plus forte concentration des secteurs les plus dynamiques ; tout comme des destructions d’emplois importantes au niveau local ne découlent pas nécessairement d’une forte présence des secteurs identifiés comme étant en déclin sur le plan national.
- L’effet local explique 38 % des variations de l’emploi dans les territoires et domine dans 122 zones d’emploi (40 % de l’échantillon).
Pour en savoir davantage :
https://www.la-fabrique.fr
"L’étonnante disparité des territoires industriels " La Fabrique de l'industrie N°27, novembre 2019
Le rapport observe l’évolution locale de l’emploi industriel sur la période allant de 2009 à 2015 et cherche à comprendre les ressorts de la performance territoriale.
“Si l’industrie française a globalement perdu des emplois au cours de la dernière décennie, certains territoires ont connu un développement industriel florissant… La spécialisation des territoires dans des secteurs plus ou moins porteurs est un prédicteur assez médiocre de leur performance. La diversité des trajectoires industrielles et plus encore les marges de manœuvre dont les territoires disposent pour construire leur stratégie de développement échappent donc souvent aux commentateurs, qui raisonnent plus volontiers selon des grandes tendances :
la « puissance des métropoles », le « déclin des grands bassins industriels », la « révolution des nouvelles technologies », le « naufrage des espaces ruraux »… Rien de tout cela n’est strictement vrai, après examen.”