Sur la période 2010 à 2018, les entreprises de l’ESS ont créé 71 120 emplois, principalement dans les associations (+ 1,6 % entre le 4e trimestre 2010 et le 4e trimestre 2018), les mutuelles (+ 9,7 %) et les fondations (+ 30,2 %), soit une croissance moyenne de +0,4 % par an dans l’ESS et de +3,5 % sur l’ensemble de la période.
L’évolution de l’emploi dans l’ESS s’est faite en deux temps
- Une forte croissance de 2010 à 2016 (87 200 emplois crées dont 50 151 dans les associations), notamment dans le secteur de la dépendance (établissements type EHPAD gérées par des associations, mutuelles et fondations), de la petite enfance (crèches associatives), de l’insertion par l’activité économique, des sports et loisirs (dans un contexte de réforme des rythmes scolaires et de soutien à la vie associative) ou encore du secteur de l’assurance.
- Puis on observe un recul important à partir de fin 2016 (une perte de 16 100 emplois). Le nombre d’établissements décroche fortement dans l’ESS à partir de 2017 (-2,1 %) et 2018 (-2,4 %), alors qu’il reste stable dans le reste du privé (+1 % en moyenne).
Dans quels types de structure ?
- Dans les mutuelles, si la croissance de l’emploi a été forte sur l’ensemble de la période (+ 9,7 % entre 2010 et 2018), la conjoncture s’est inversée depuis deux ans avec une perte d’emplois (1,7 %) et d’établissements (1,5 %) entre 2016 et 2018 contre +11,6 % entre 2010 et 2016, et ce notamment dans les secteurs de l’assurance, des activités hospitalières et de l’hébergement médicosocial pour personnes âgées (EHPAD).
- Dans les fondations, l’emploi salarié a bondi de +30,2 % entre 2010 et 2018, permettant la création de 21 400 postes ; le nombre d’établissements a fortement progressé (+41,9%). Si les fondations « opératrices », qui gèrent des établissements sanitaires ou médicosociaux, concentrent le plus grands nombre d’emplois et d’établissements, ce sont les fondations « distributives », qui se consacrent au financement et à l’accompagnement de projets qui leur sont extérieurs (subventions à des associations, bourses ou prix à des chercheurs ou des étudiants…) qui progressent le plus en volume (90 % des nouvelles créations).
- Dans les coopératives, le nombre de salariés a reculé de 0,3 % (-500 postes) et le nombre d’établissements de 1,8 % (-237). Ce sont principalement les activités bancaires qui sont en recul, alors que d’autres secteurs comme le commerce, le bâtiment ou les activités juridiques et de conseils progressent en termes d’emploi.
- Dans les associations (1 341 000 structures actives en 2017), la situation de l’emploi s’est dégradée sur l’année 2017 (-0,6 %) et la tendance est confirmée en 2018 (-0,7 %). Le secteur associatif a créé 50 150 emplois entre 2010 et 2016, et supprimé 23 300 emplois entre 2017 et 2018, soit un solde net de +26 850 emplois nouveaux sur la période. Le nombre d’établissements associatifs s’est réduit de 5,4 % (-8 700 établissements).
Toutefois, la progression du nombre de créations d’associations a été de l’ordre de +2,8 % par an en moyenne sur la période 2012 et 2017. Dans les territoires ruraux, l’ESS (largement portée par le secteur associatif) représente 17,7 % de l’ensemble des emplois privés contre 10,5 % sur l’ensemble du territoire, et dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, où les associations sont extrêmement présentes (85,4 % des emplois de l’ESS).
2 raisons principales de cette baisse
- Entre 2016 et 2018, le nombre d’embauches en contrats aidés s’est réduit de 70,7 % toutes formes (CUICIE, CUICAE, emplois d’avenir, PEC) et tous employeurs confondus, ce qui représente la suppression de 324 131 contrats. Ils étaient 458 436 en 2016, 293 455 en 2017 et 134 305 en 2018.
- Les réformes de la fiscalité en 2018 ont eu des impacts sur le volume des dons aux associations et fondations : hausse de la CSG pour les retraités les plus aisés (qui sont des donateurs réguliers), transformation de l’Impôt sur la fortune (ISF) en Impôt sur la fortune immobilière (IFI) et entrée en vigueur du prélèvement à la source. Selon le baromètre de la générosité 2018 de France générosité, les dons ont baissé de 4,2 % en 2018, une baisse inédite depuis 10 ans.
Des situations territoriales hétérogènes
- Les régions dans lesquelles le poids de l’ESS est traditionnellement plus fort (Pays -de -La -Loire, Auvergne-Rhône -Alpes, Nouvelle-Aquitaine, Bretagne, Ile-de-France) ont connu une évolution de l’emploi supérieure à celles des autres régions (entre +4,4 et +7,5 %) ; en Ile-de-France les postes créés ont été les plus nombreux avec 27 779 nouveaux emplois.
- Les régions Hauts-de-France, Grand Est et Occitanie enregistrent des taux de croissance positifs (entre +0,2 et +2,2 %) mais plus faibles qu’en moyenne nationale.
- Enfin, les régions Corse (0,3 %), Paca (0,9 %), Bourgogne-Franche-Compté (1 %), Normandie (1,6 %), Centre Val-de-Loire (3,6 %) ont connu une réduction de leurs effectifs salariés dans l’ESS sur la période 20102018, essentiellement à partir de 2015.
L’emploi par secteur d’activité
- 4 secteurs ont porté la croissance de l’emploi dans l’ESS entre 2010 et 2018 : l’hébergement médicosocial (+40 400 postes), la santé (+ 9 450 postes), l’action sociale sans hébergement (+ 7 285 postes) et les activités financières et d’assurances ( + 5 400 postes).
- À l’inverse, l’emploi a été particulièrement en recul dans deux secteurs, celui de l’hébergement-restauration (-4 900 postes) et celui des Arts, spectacles et activités récréatives (-5 280 postes).
Pour en savoir davantage : https://www.cncres.fr/
Source : "NOTE D’ANALYSE DE LA CONJONCTURE DE L’EMPLOI DANS L’ESS ENTRE 2010 ET 2018", Observatoire national de l’ESS - CNCRESS , novembre 2019
L’Observatoire national de l’ESS propose une analyse nationale de la conjoncture de l’emploi dans l’ESS entre 2010 et 2018, grâce notamment au partenariat noué avec l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (ACOSS, base Séquoia).