Les caractéristiques des répondants face à l’utilisation d’internet
Les plus discriminantes : l’âge (64 % des 75 ans ou plus) et la formation (41 % des sans diplôme) ne se sont pas connectés au cours de l’année.Les plus jeunes (les moins de 30 ans) sont les plus au fait : 97 % ont utilisé internet au cours de l’année et 81 % savent l’utiliser au mieux, ce qui est moins vrai pour les 45-59 ans (52 % manifestent une incapacité dans son utilisation), et plus encore pour les 60 ans et plus.
Il en est de même des études ; les études supérieures conduisent à une utilisation très habituelle (97 %) et à éprouver moins d’incapacité (81 %), alors que le fait de ne pas être diplômé au-delà de CEP est fort discriminant (41 % n’ont pas utilisé internet et 84 % manifestent des incapacités.
Celles qui sont moyennement discriminantes : le fait de ne pas être en emploi (35 % une incapacité manifestée) voir pour les chômeurs (42 %) vs 69 à 75 % pour les retraités et autres inactifs.
Il en est de même pour la situation de famille : avoir des enfants, notamment être en famille monoparentale conduit à une pratique plus fréquente d’internet et à moins d’incapacité d’utilisation que les couples sans enfant et les personnes seules.
Même type de propos entre les ménages aisés et ceux en situation modeste.
Est peu discriminant le fait d’être femme ou homme, de la CSP (être cadre ou profession intermédiaire est toutefois plus favorable, alors qu’être petit patron peut interroger quant à la maitrise d’internet) ou de la zone géographique d’habitat.
16,5 % de la population se trouve en situation d’illectronisme (dont 1,6 % parmi les usagers d’internet). L’importance de l’illectronisme par caractéristique est proche de l’utilisation d’internet.
Notons que l’âge joue davantage sur les compétences que sur l’équipement, alors que le niveau de vie est plus discriminant pour l’équipement que pour les compétences.
Les incapacités : au moins une incapacité pour 47,3 % (dont 37,9 parmi les usagers d’internet)
Utiliser Internet ne garantit pas de posséder les compétences numériques de base. 37,9 % des usagers apparaissent manquer d’au moins une compétence dans les quatre domaines que sont la recherche d’information, la communication, l’utilisation de logiciels et la résolution de problèmes.Le défaut de compétence le plus répandu concerne l’usage de logiciel (34,5 %) devant la recherche d’information (10,7 %), la résolution de problèmes (8 %) et la communication (7,5 %). Parmi les usagers d’Internet :
- En ce qui concerne la capacité de s’informer : 24 % de la population apparaît en être incapable (15 % non usagers, 10,7 % se sentent réellement incompétents bien qu’usagers d’Internet). Parmi les usagers d’internet, 49 % n’ont ainsi pas été en mesure de rechercher des informations administratives, alors que la dématérialisation de l’administration se généralise ; 33 % n’ont pas su se renseigner sur des produits et services.
- En ce qui concerne la capacité de communiquer : 21 % ne disposent pas de cette capacité (dont 15 n’utilisent pas internet). Parmi les usagers d’Internet, 14 % n’ont ni envoyé ni lu de courriels et 54 % n’ont pas communiqué via les réseaux sociaux (qu’ils soient personnels ou professionnels).
- En ce qui concerne l’utilisation de logiciel, comme les traitements de texte : 35 % des usagers d’Internet au cours de l’année sont dépourvus de cette compétence ; 8 % n’ont pas effectué de tâche informatique simple, comme déplacer un fichier, installer un programme ou consulter son compte en banque.
- En ce qui concerne la résolution de problème, 8 % parmi le usagers d’internet manifestent leur incapacité.
Quelles caractéristiques ont les personnes manifestant de l’incompétence ? Quelles raisons pour l’absence d’équipement ?
- Les caractéristiques sont identiques de celles relatives à l’usage, leur proportion d’incapacité croissant au fil des caractéristiques avec une intensité proche.
Parmi les usagers d’Internet, âgés de 18 à 64 ans (hors étudiants et retraités), le diplôme est le facteur le plus discriminant en matière de compétences numériques de base ; les personnes vivant dans des ménages avec enfant déclarent moins de difficultés à maîtriser les compétences de base, ce qui pourrait témoigner du rôle formateur des jeunes dans l’acquisition des compétences de leurs parents. La situation professionnelle est également clivante : les chômeurs présentent moins de difficultés dans les compétences de base que les personnes en emploi et les inactifs ; ils ont aussi moins de risque de ne pas savoir s’informer et utiliser des logiciels; ce résultat pourrait refléter la nécessité qu’ils ont de consulter régulièrement Internet et notamment le site de Pôle emploi. - Les raisons de l’absence d’équipement à domicile sont variables :
Le manque de compétence (41%), le coût du matériel (32%) ou de l’abonnement (27%) sont les plus citées, loin devant l’absence d’offre haut-débit (5%). Cette dernière raison clive vraiment le territoire : elle est citée par 13% des non-équipés des communes rurales contre moins de 2% dans les unités urbaines de plus de 100 000 habitants.
Une comparaison avec l’étranger
En France, en 2017, 43 % des individus de 16 à 74 ans (tranche d’âge commune à toutes les enquêtes européennes) avaient un score global de capacité numérique nul ou faible, ce qui place le pays dans la moyenne de l’Union européenne (données Eurostat) : la population des pays du nord est quasiment équipée (Norvège, Danemark, Suède, entre 95 et 98 %, voire le Royaume-Uni avec 94 %) ; l’Allemagne, la Belgique et la France ont un taux d’équipement de 86 à 90 %.Cette distribution reflète à la fois le niveau de développement économique des pays, leur pyramide des âges, leur densité de population et l’hétérogénéité de leur territoire.
https://www.insee.fr
Source : "Une personne sur six n’utilise pas Internet, plus d’un usager sur trois manque de compétences numériques de base ", Insee Première N°1780, octobre 2019
Méthodologie : enquête annuelle depuis 2007 auprès des ménages sur les technologies de l’information et de la communication (TIC ménages) ; elle permet aux enquêtés de répondre soit par Internet, soit par un questionnaire papier, soit par téléphone.
Définition de l’Illectronisme : désigne le fait de ne pas posséder les compétences numériques de base (envoyer des courriers électroniques, consulter ses comptes en ligne, utiliser des logiciels, etc.) ou de ne pas se servir d’Internet (incapacité ou impossibilité matérielle).