Pouvez-vous nous parler de vos derniers projets de recherches ?
Dernièrement, on a lancé un grand projet européen intitulé « Silver Santé Study » sur le bien vieillir pour mieux comprendre les facteurs qui vont favoriser le vieillissement et les facteurs de risques des maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer. Cette étude nous permettra de mesurer l’impact de l’apprentissage de la langue anglaise et de la pratique de la méditation sur le vieillissement du cerveau.Pour cela, on va évaluer le bien-être, la santé mentale et cérébrale, notamment grâce à des tests cognitifs, l’analyse du cerveau (son fonctionnement, sa connectivité, sa structure) et la mesure de facteurs sanguins. Pour mesurer le vieillissement du cerveau, on va utiliser différents outils de neuro-imagerie complémentaires comme l’IRM et la tomographie par émission de positons (TEP). Ces outils nous permettront d’estimer le volume de certaines structures cérébrales qui a tendance à diminuer avec l’âge, et la consommation cérébrale de glucose, qui reflète le fonctionnement du cerveau. Concernant les marqueurs sanguins, on va s’intéresser notamment à l’extrémité des chromosomes qui a tendance à s’altérer avec le vieillissement.
Quels sont les facteurs qui ont un impact sur le vieillissement du cerveau ?
Les facteurs principaux sont l’activité cognitive, l’activité physique, le système cardio-vasculaire, les activités sociales, la qualité de sommeil, le régime alimentaire et la régulation des émotions.L’activité cognitive qu’on a eue tout au long de notre vie, notamment dans le cadre du travail a un impact positif sur le vieillissement du cerveau. Plus cette activité cognitive est intense et nous challenge, plus l’impact sera tangible. De la même façon, avoir une activité physique régulière et modérée a un impact positif sur le vieillissement de notre cerveau.
En revanche, une mauvaise santé cardio-vasculaire, le diabète, l’hypertension, ou encore l’obésité, auront un impact négatif sur le cerveau et accélèrera le processus de vieillissement. Concernant l’alimentation, le régime méditerranéen est relativement protecteur.
Les activités sociales peuvent également avoir un impact positif, tout d’abord car elles correspondent à une activité cognitive relativement complexe et multiple afin d’interagir avec les autres, mais aussi parce qu’elles ont un impact sur la régulation des émotions. En effet, contrairement à la solitude, elles nous permettent d’avoir un soutien moral dans certains cas, et de nous apporter émotionnellement des choses positives. Pour développer ses activités sociales, on peut faire partie d’une association, faire des actions de bénévolat ou encore s’occuper de ses petits enfants…
Enfin, les émotions négatives comme l’anxiété et le stress, mais aussi les problèmes de sommeil, vont avoir un effet délétère sur le cerveau, à l’inverse des émotions positives qui auront un impact bénéfique sur le bien vieillir.
Quels sont les impacts de la méditation sur le vieillissement cognitif ?
Pour les besoins de l’étude « Silver Santé Study », nous avons réparti des personnes âgées de plus de 65 ans en trois groupes : un premier qui suivra des cours d’anglais, un second qui pratiquera la méditation et enfin un dernier qui ne pratiquera aucune de ces deux activités (le groupe contrôle). Les deux premiers groupes ont bénéficié d’interventions pendant 18 mois : un cours de groupe par semaine de 2h et des exercices (d’anglais ou méditation) à faire chez eux tous les jours à l’aide d’une tablette. Enfin, ils ont effectué une journée de pratique intensive.L’étude est toujours en cours, mais nous faisons l’hypothèse que ces interventions auront un impact positif sur le vieillissement du cerveau; l’apprentissage de la langue anglaise en stimulant le cerveau, la mémoire et les capacités attentionnelles, et la pratique de la méditation en favorisant la régulation attentionnelle et émotionnelle.