Fondation d'entreprise
 
 
André Letowski
Management 
28 jul 2020

Les chefs d’entreprise s’expriment sur la conjoncture, les contrats en alternance et leurs pratiques managériales

L’optimisme regagne du terrain, l’embauche de contrats en alternance est envisagée.

La conjoncture

L’inquiétude (33 %), chute de 11 points, au profit de l’optimisme (32 %) et la confiance (31 %) qui enregistrent respectivement des hausses de 8 et 3 points.

Les plus petites entreprises sont partagées entre crainte et espoir (34 % sont inquiètes et 31 % confiantes), quand domine très largement chez les plus de 10 salariés la confiance (47 %). Pour rappel, en mai dernier, petites comme plus grandes entreprises exprimaient en premier lieu de l’inquiétude (45 % pour celles comptant moins de 10 salariés et 34 % pour celles en ayant 10 ou plus).

Une dynamique positive donc, dont les effets se ressentent dans les projections pour l’année à venir : 30 % des dirigeants se déclarent confiants pour l’économie française (+11 points) et 31 % pour l’économie mondiale (+14 points).

D’un point de vue plus personnel, le regain d’espoir est également de mise : 61 % des dirigeants se disent confiants pour leur entreprise pour les 12 prochains mois (+9 points), une confiance qui se répercute sur les intentions de recrutement qui retrouvent leur niveau d’avant crise : 9 % des dirigeants envisagent d’augmenter le nombre de salariés au sein de leur entreprise (un peu plus parmi les entreprises de l’industrie et du BTP).

L’industrie et le BTP sont ainsi 71 % et 68 % à avoir confiance dans les perspectives de leur entreprise pour l’année à venir, et respectivement 11 % et 12 % à imaginer augmenter leur masse salariale, tandis que dans le commerce et les services sont pour leur part 57 % et 60 % à se dire confiants et 8 % à souhaiter recruter. 29 % souhaitent augmenter leur effectif chez les plus de 10 salariés vs 8 % chez les moins de 10 salariés.

La formation en alternance

26 % des dirigeants interrogés déclarent avoir déjà mis en place un contrat en alternance au sein de leur entreprise, avec une nette préférence pour l’apprentissage (23 %) au détriment de contrat de professionnalisation (7 %), 3 % ayant procédé aux 2 ; 2 % ne l’ont jamais fait, mais souhaitent adopter cette pratique dans l’année à venir.

Une observation par taille d’entreprise
Les entreprises de moins de 10 salariés sont 23 % à recourir à ces types de contrats, (12 % les sans salariés et 55 % les 1-9 salariés), contre 71 % parmi celles ayant au moins 10 salariés. Noter que la quasi-totalité des entreprises de 50 salariés ou plus sont concernée par l’alternance (93 %, dont 74 % comptent les deux formes de contrats en leur sein).

62 % des 10 salariés et plus ont actuellement recours à l’apprentissage, vs 48 % les 1-9 salariés, contre 10 % les sans salarié. 61 % des plus de 10 salariés envisagent d’embaucher un ou plusieurs apprentis (un seul 31 % et deux ou plus 30 %) , alors que parmi les 1-9 salariés, 52 % envisagent d’embaucher un apprenti (44 % un seul et 8 % au moins deux) ; les sans salarié pour leur part sont 16 % à envisager une embauche d’apprenti.

47 % des 10 salariés et plus ont recours à des contrats de professionnalisation, vs 10 % les 1-9 salariés ; noter que les plus de 10 salariés sont beaucoup plus nombreux à avoir recours aux 2 types de contrats par alternance (38 % vs 3 pour les 1-9 salariés). 35 % des 10 salariés et plus envisagent le recours à un contrat de ce type (dont 20 % pour une seule personne), vs 9 % pour les 1-9 salariés.

Une observation par type d’activité
L’industrie et la construction sont les plus utilisatrices, essentiellement pour les contrats d’apprentissage ; noter que l’industrie est l’activité qui a le plus recours aux 2 modalités d’alternance. L’industrie est aussi le secteur qui envisage le plus d’embaucher dans les 2 types de contrat.

Ceux ne souhaitant pas recourir à ces formes de contrats : les raisons
26 % sont des 10 salariés et plus, 40 % des 1-9 salariés et 88 % des sans salarié. Pour ces derniers, le fait de ne pas avoir besoin d’aide est premier (82 % vs 2 pour les plus de 10 salariés et 15 pour les 1-9 salariés).


Les raisons de refus à ce type d’alternance sont pour partie proches 
  • Le manque de disponibilité pour accueillir les apprentis et contribuer à leur formation (35 % les 1-9 salariés et 32 les 10 salariés et plus),
  • Le rythme d’alternance n’est pas adapté à l’activité de l’entreprise (13 et 16 %),
  • Une activité jugée insuffisante dans les mois à venir (10 et 11 %),
  • Une mauvaise expérience antérieure avec un apprenti (11 et 10 %, mais 17 % dans le BTP),
  • La prise en charge financière trop compliquée (11 et 10 %).
Trois raisons différent
  • Le manque de candidats dans le secteur d’activité, surtout pour les 10 salariés et plus (14 pour les moins de 10 salariés et 25 % les 10 salariés et plus),
  • Les démarches pour les accueillir jugées trop complexes, notamment par les 10 salariés et plus (11 et 23 %),
  • Les contraintes sanitaires trop difficiles à appliquer, notamment pour les 10 salariés et plus (4 et 12 %).

Les pratiques de management et le télétravail

Les chefs d’entreprise interrogées n’envisagent guère de modifier leurs pratiques du fait de la crise sanitaire.

On constate peu de différences selon les secteurs d’activité, hors le commerce plus tourné vers la surveillance directe du personnel (70 % vs 32 pour la construction et 43-49 pour les autres), la responsabilisation des collaborateurs (67 % vs 57-61 % pour les 3 autre secteurs), la planification des tâches des équipes (65 % vs 53-58). l’harmonisation des heures de travail (58 % vs 42-49).

Par contre, les plus petites tailles d’entreprise connaissent une utilisation moins importante que les tailles supérieures, notamment les 50 salariés et plus.

Dans ce contexte, le télétravail a été observé. L’enquête a interrogé sur l’importance du télétravail avant le confinement ; 30 % avaient répondu le pratiquer, un peu plus dans les services (36 %) et surtout dans les entreprises de plus de 10 salariés (46 % chez les 10-49 salariés et 80 % chez les 50 salariés et plus).

Les réponses sont toutefois “incertaines” dans la mesure où la question posée demandait ; ” Avant le confinement, quelle part des collaborateurs au sein de votre entreprise avait recours au télétravail ?”, et le power point interprétait ” activité compatible avec le télétravail”; on ne sait si le télétravail était alors effectif.

19 % disent avoir déjà Installé des locaux à proximité du centre économique de leur ville. Peu envisagent de déménager dans le centre économique la ville, de mettre à disposition des salariés un/des espaces de travail de type coworking (5 à 6 %).

Suite à la crise sanitaire, 24 % disent envisager à l’avenir d’augmenter la part de télétravail
, 69 % la maintenir et 7 % la réduire.

Pour en savoir davantage : https://www.cci.fr/

Source : "La grande consultation des entrepreneurs - Vague 50", Opinion Way pour CCI France, la Tribune, LCI, juin 2020
Méthodologie : échantillon de 610 dirigeants d’entreprise, dont la représentativité a été assurée par un redressement selon le secteur d’activité et la taille, après stratification par région d’implantation. L’échantillon a été interrogé par téléphone entre le mercredi 13 et le vendredi 22 juin 2020.
 
André Letowski est expert en entrepreneuriat, en petites et très petites entreprises. Il publie une note mensuelle regroupant une sélection brute ou retravaillée et commentée des corpus statistiques français, des enquêtes et publications concernant le domaine des TPE, PE et PME.




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