Fondation d'entreprise
 
 
André Letowski
Conjoncture 
18 sep 2020

5,3 millions d’ouvriers en France en 2019 contre 6,9 millions en 1982

 Retour sur cette évolution.

Les ouvriers regroupent 7 catégories socioprofessionnelles

  • Les ouvriers qualifiés de type artisanal (25 % des ouvriers). Ils travaillent dans des environnements très diversifiés. Ils sont maçons, agents d’entretien et de maintenance des bâtiments, cuisiniers ou commis de cuisine, bouchers artisanaux salariés, mécaniciens de garage automobile, jardiniers… Depuis 1982, leur part au sein des ouvriers a augmenté de 7 points.
     
  • Les ouvriers qualifiés de type industriel (tourneurs fraiseurs, chaudronniers, conducteurs de ligne de fabrication, conducteurs d’engins BTP…) regroupent 20 % des ouvriers. La plupart d’entre eux travaillent à la production ou à la maintenance sur des sites industriels (chimie, plasturgie, métallurgie…) ou dans des ateliers de fabrication (composants électroniques, produits agroalimentaires, textile…). Depuis 1982, leur part au sein des ouvriers a légèrement reculé (– 2 points).
     
  • Les ouvriers non qualifiés de type industriel (16 %). Leur part a fortement reculé depuis 1982 (– 12 points), notamment dans l’industrie; cette catégorie regroupe principalement des professions du transport et de la logistique (conditionneurs, manutentionnaires, préparateurs de commandes) ainsi que des manœuvres des travaux publics.
     
  • Les ouvriers non qualifiés de type artisanal (14 %) regroupent notamment les ouvriers non qualifiés du bâtiment ou les agents d’entretien et les femmes de ménage des bureaux (ou des locaux) ; leur part au sein des ouvriers est stable.
     
  • Les chauffeurs, qu’ils soient chauffeurs routiers, chauffeurs-livreurs, coursiers ou encore chauffeurs de bus ou de car (12 %, en hausse avec 5 points de plus qu’en 198).
     
  • 2 catégories regroupent chacune moins de 10 % des ouvriers. Il s’agit des ouvriers qualifiés de la manutention, du magasinage et du transport (caristes, magasiniers, conducteurs de train, marins de la marine marchande), dont le poids (8 %) a augmenté de 2 points depuis 1982, et des ouvriers agricoles (qui incluent aussi les bûcherons et marins-pêcheurs), dont le poids (5 %) est le même qu’il y a près de 40 ans.
Depuis 1982, l’emploi ouvrier s’est très nettement replié dans la filière industrielle, surtout pour les emplois non qualifiés, alors que les métiers artisanaux, notamment dans le bâtiment et la restauration alimentaire, moins soumis à la concurrence internationale, ont mieux résisté. Cette recomposition des emplois d’ouvriers s’accompagne d’une hausse de l’emploi qualifié en leur sein : en 1982, 53 % des ouvriers étaient qualifiés ; ils sont 65 % en 2019.


Le profil des ouvriers

Majoritairement des hommes

En 2019, 80 % des ouvriers sont des hommes, soit une part nettement plus élevée que parmi l’ensemble des emplois (52 %), mais une part relativement stable depuis 1982.

Cette part est plus élevée encore chez les chauffeurs (91 %) et les ouvriers qualifiés de type artisanal (89 %). Certaines professions y sont quasi-exclusivement masculines, par exemple les maçons, plombiers, électriciens qualifiés du bâtiment (99 %) ou encore les conducteurs routiers et grands routiers salariés (97 %).

Au sein des ouvriers qualifiés de type artisanal, les cuisiniers et commis de cuisine se singularisent : 27 % d’entre eux sont des femmes.

La part des femmes est la plus élevée parmi les ouvriers non qualifiés de type artisanal (38 %), essentiellement dans le nettoyage (67 %), et parmi les ouvriers non qualifiés de type industriel (31 %), avec notamment les ouvriers du tri, de l’emballage et de l’expédition (40 %).

Davantage de jeunes que dans l’ensemble des emplois

13 % des ouvriers ont moins de 25 ans (5 points de plus que pour l’ensemble des personnes en emploi). Les jeunes sont notamment davantage présents parmi les ouvriers agricoles (21 %) et les ouvriers non qualifiés de type industriel ou de type artisanal (19 %). Ces derniers incluent en effet les apprentis des métiers artisanaux.

Les chauffeurs ont quant à eux plus souvent 50 ans ou plus
(36 % d’entre eux, contre 29 % pour l’ensemble des ouvriers et 31 % pour l’ensemble des personnes en emploi), tout comme les nettoyeurs de bureaux ou de locaux (46 %) ou les ouvriers qualifiés d’entretien général des bâtiments (45 %).

La majorité des ouvriers possèdent au moins le CAP-BEP


30 % des ouvriers n’ont aucun diplôme ou uniquement le brevet des collèges, contre 14 % pour l’ensemble des personnes en emploi, notamment les ouvriers non qualifiés, que ce soit de type artisanal (50 %) ou de type industriel (35 %).

Au sein de ces catégories socioprofessionnelles, les nettoyeurs de bureaux ou de locaux (58 %), les ouvriers non qualifiés du gros œuvre du bâtiment (51 %) et les manutentionnaires non qualifiés (47 %) sont les plus concernés.

Les ouvriers sont en revanche près de deux fois plus souvent titulaires d’un CAP ou d’un BEP (41 %, contre 22 % pour l’ensemble des personnes en emploi). C’est plus le cas encore des ouvriers qualifiés de type artisanal (48 %), des chauffeurs (45 %) et des ouvriers qualifiés de type industriel (44 %). Le CAP-BEP est souvent le niveau de formation minimal requis pour accéder à ces emplois.

Enfin, près de 30 % sont titulaires du baccalauréat ou d’un diplôme du supérieur ; cette part est plus élevée parmi les mécaniciens qualifiés de la maintenance industrielle (54 %), les ouvriers agricoles (38 %) et les ouvriers qualifiés de la manutention, du magasinage et du transport (34 %). En revanche, elle est la plus faible parmi les ouvriers non qualifiés de type artisanal (moins de 20 % d’entre eux ont au moins le baccalauréat).


Les conditions de travail

Les ouvriers occupent plus souvent des contrats courts

11 % des ouvriers ont un CDD ou une mission d’intérim de trois mois ou moins, soit deux fois plus que l’ensemble des personnes en emploi (5 %), notamment les ouvriers non qualifiés de type industriel (23 %).

78 % sont en CDI, notamment les chauffeurs (90 %) et les ouvriers qualifiés de type industriel (85 %) ou artisanal (83 %).

Les ouvriers non qualifiés de type artisanal se singularisent par une part élevée de l’apprentissage, des stages et des contrats aidés (1 4%, contre 5 % pour l’ensemble des ouvriers et 3 % pour l’ensemble des personnes en emploi).

Une faible proportion de temps partiel


12 % contre 18 %, mais ils sont tout autant en situation de sous-emploi (5 %) : lorsqu’ils sont à temps partiel, les ouvriers sont plus nombreux à souhaiter travailler davantage.

Le temps partiel est plus répandu parmi les ouvriers non qualifiés de type artisanal (34 %), essentiellement du fait des nettoyeurs de bureaux ou de locaux (61 %). Il s’agit surtout de faibles quotités horaires : 19 % des ouvriers non qualifiés de type artisanal travaillent, dans leur emploi principal, au plus à mi-temps, contre 7 % pour l’ensemble des personnes en emploi. Le temps partiel est aussi plus fréquent parmi les conducteurs de véhicule routier de transport en commun (28 %) et les conducteurs livreurs, coursiers (22 %).

Le travail de nuit est plus fréquent chez les ouvriers

13 % ont travaillé au moins une fois au cours des quatre dernières semaines entre minuit et 5 heures du matin, contre 10 % pour l’ensemble des personnes en emploi), notamment chez les chauffeurs (24 %), les ouvriers qualifiés de type industriel (20 %) et les ouvriers qualifiés de la manutention, du magasinage et du transport (19 %).

Le travail le week-end est en revanche moins fréquent : 28 % ont travaillé au moins un samedi au cours des quatre dernières semaines, contre 39 % pour l’ensemble des personnes en emploi ou le dimanche (12 % contre 22). Font cependant exception, les cuisiniers et commis de cuisine (62 % ont travaillé au moins un samedi et 43 % au moins un dimanche), les conducteurs de véhicule routier de transport en commun (63 % et 40 %), et les ouvriers agricoles (37 % et 19).

Pour en savoir davantage : https://www.insee.fr/

Source : "Les ouvriers : des professions toujours largement masculines", Insee focus N°199, juillet 2020
 
André Letowski est expert en entrepreneuriat, en petites et très petites entreprises. Il publie une note mensuelle regroupant une sélection brute ou retravaillée et commentée des corpus statistiques français, des enquêtes et publications concernant le domaine des TPE, PE et PME.




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