Fondation d'entreprise
 
 
André Letowski
Indicateurs 
19 oct 2020

41% des sociétés de 10 salariés ou plus, implantées en France, ont innové entre 2016 et 2018

 La propension à innover s’accroît avec la taille de la société.
L’innovation est davantage le fait des plus de 250 salariés, notamment en groupe, et de certaines activités; les financements publics et les réglementations leur sont aussi plutôt plus favorables.

⇒ Les caractéristiques des sociétés innovantes

  • En termes d’activité, le secteur de l’information-communication est le plus actif (69% des sociétés ont innové), puis l’industrie (56%), devant les activités financières et d’assurance (49%) et les services aux entreprises de type technique, scientifique (48%); à l’inverse, la construction (26%), les transports et entreposage (30%), les HCR (31%), les activités de services administratifs et de soutien aux entreprises (33%), et le commerce (35%) sont les secteurs les moins innovants.
  • Les sociétés innovent plus fréquemment en procédés (33%) qu’en produits (25%), mais ces 2 types d’innovation se cumulent souvent, notamment lorsqu’une société innove en produits. Parmi les sociétés innovantes en produits, 68% ont introduit au moins un produit nouveau sur un de leurs marchés, soit 41% des sociétés innovantes. Ce taux est plus élevé dans les secteurs de l’information-communication (79%), de l’industrie et des activités spécialisées, scientifiques et techniques (73%). Les produits nouveaux pour le marché représentent en moyenne 12% du chiffre d’affaires des sociétés concernées.
  • La propension à innover s’accroît avec la taille de la société : 74% des sociétés de 250 salariés ou plus ont innové, contre 55% des sociétés de 50 à 249 salariés et 36% des sociétés de 10 à 49 salariés. Il en est de même pour l’innovation procédé : 61% des entreprises de 250 salariés et plus ont innové dans ce type, 43% les 50-249 salariés et 30% les 10-49 salariés; dans le domaine de l’innovation produit, les taux sont du même ordre : 57% pour les 250 salariés et plus, 38% pour les 10-49 salariés et 21% pour les 10-49 salariés. Plus la taille est petite, plus l’écart est important entre innovation en procédés et innovation en produits, montrant un recours plus faible à l’innovation produits dans les plus petites tailles.
  • La proportion de sociétés innovantes est plus élevée pour celles appartenant à un groupe que pour les sociétés indépendantes (50% vs 35); ainsi, la part des sociétés innovantes en produits est plus élevée pour les sociétés appartenant à un groupe (32%) que pour les sociétés indépendantes (20%); en revanche, parmi ces sociétés innovantes en produits, celles qui appartiennent à un groupe ne sont pas plus nombreuses à introduire de nouveaux produits sur au moins un de leurs marchés.
  • La part des sociétés innovantes est plus importante parmi les sociétés ayant réalisé une partie de leur chiffre d’affaires à l’étranger en 2018 (60% contre 33% pour celles dont le marché est national). La part de sociétés réalisant une partie de leur chiffre d’affaires à l’étranger est plus élevée parmi celles appartenant à un groupe (37% contre 21 pour les indépendantes).

⇒ Les dépenses pour innover

Les dépenses pour les activités d’innovation comprennent les dépenses en R&D et celles relatives à une innovation ou une activité d’innovation telles que les acquisitions de machines, d’équipements ou de droits de propriété intellectuelle, les achats de matériels ou les dépenses de personnel. En 2018, elles atteignent 4% du chiffre d’affaires des sociétés innovantes. 2/3 de ces dépenses sont consacrés aux dépenses de R&D.

L’information-communication est le secteur qui investit le plus dans les activités d’innovation par rapport à son chiffre d’affaires : 12% (dont 74% pour la R&D) ; viennent ensuite les activités spécialisées, scientifiques et techniques (7% du chiffre d’affaires, dont 79% pour la R&D).

⇒ Les modalités de coopération

Parmi les sociétés innovantes, 24% ont coopéré pour innover, le plus souvent avec les fournisseurs (14%), avec des consultants ou des laboratoires (12%) ou avec une entreprise appartenant au même groupe (10%), soit une coopération essentiellement verticale. Seules 3% ont coopéré avec un concurrent.
Le secteur des activités spécialisées, scientifiques et techniques est celui qui coopère le plus pour innover : 37% sont engagés dans au moins une coopération, et 31% dans l’information-communication.

Si 97% des sociétés innovantes engagées dans une coopération ont au moins un partenariat au niveau local ou national, 32% en ont au moins un au niveau européen ou avec un des pays membres de l’Association européenne de libre-échange (AELE), et 18% au niveau mondial.

⇒ Le financement de l’innovation

Parmi les sociétés innovantes, 44% ont reçu des financements pour les activités d’innovation. Les crédits d’impôt (crédit d’impôt recherche, crédit d’impôt innovation) et autres exonérations fiscales et sociales dédiés à l’innovation (jeune entreprise innovante, jeune entreprise universitaire, etc.) ou à la R&D (hors CICE) sont les modes de financement les plus utilisés (26%), auxquels s’ajoutent les subventions ou prêts subventionnés (15%), alors que le recours aux capitaux propres ou aux emprunts n’est que de 23%.

Les subventions pour les activités d’innovation proviennent des organismes nationaux (10% des sociétés innovantes en bénéficient), des collectivités locales ou régionales (8%) et de l’Union européenne (3%).
Les sociétés innovantes ont plus souvent obtenu des financements dans l’information, communication, l’industrie et les activités spécialisées, scientifiques et techniques (respectivement 65%, 57 et 50). L’utilisation de crédits d’impôt ou d’exonérations fiscales et sociales est la source de financement la plus répandue dans ces trois secteurs, ainsi que pour les activités financières et d’assurance.

Dans les autres secteurs, moins de 4 sociétés innovantes sur 10 ont obtenu un financement pour leurs activités d’innovation; elles sont plus souvent financées par des capitaux propres ou des emprunts.
Les grandes sociétés ont plus souvent été financées pour leurs activités d’innovation que les petites sociétés (61% des sociétés de 250 salariés ou plus, contre 40% de celles de 10 à 49 salariés) ; la différence provient essentiellement de l’obtention de crédits d’impôt ou d’exonérations fiscales et sociales.

La législation influence les activités d’innovation : 47% des sociétés innovantes ont eu leurs activités d’innovation affectées par au moins une réglementation; la législation a initié ou facilité les activités d’innovation de 24% des sociétés innovantes (impact positif des réglementations environnementales ) et, au contraire, a empêché ou freiné ces activités pour 32% (législation sur la sécurité des produits ou la protection des consommateurs).

Cette influence est surtout marquée pour les grandes sociétés, notamment lorsqu’elle s’avère être positive : 43% des sociétés innovantes de 250 salariés ou plus déclarent que leurs activités d’innovation ont été initiées ou facilitées par au moins une réglementation, contre 21% des sociétés innovantes de 10 à 49 salariés.
Les activités d’innovation sont les plus dépendantes de la législation dans l’immobilier, les activités financières et d’assurance, l’industrie et les activités de services administratifs et de soutien.

⇒ les sociétés non innovantes

59% des sociétés de 10 salariés ou plus n’ont mené aucune activité d’innovation ou de R&D. 42% d’entre elles ont dû fabriquer ou fournir des biens et services pour répondre à des demandes spécifiques d’utilisateurs (co-création, personnalisation, y compris personnalisation de masse), contre 81% des sociétés innovantes.
Par ailleurs, elles ont moins souvent acheté de machines ou de logiciels (35% contre 71%), de services techniques (14% contre 46), de droits de propriété intellectuelle (1% contre 6 %). Elles ont également plus rarement coopéré (3% vs 16).

Les réglementations ne sont pas considérées comme un obstacle aux activités d’innovation pour 87% d’entre elles; toutefois 19% ont été freinées par ces réglementations et 17% par le manque de personnel qualifié. Ces deux obstacles sont surtout présents pour l’industrie, les transports et la construction.

Les coûts trop élevés de l’innovation ont par ailleurs empêché l’innovation pour 16% des sociétés non innovantes, particulièrement dans l’industrie, les transports, la construction et l’immobilier (19 %), viennent ensuite le manque de moyens financiers internes pour innover et la présence de trop de concurrence sur le marché (14%), ainsi que le manque de crédits, de fonds propres, de capacité de financement et de subventions publiques ou d’aides gouvernementales (12%).

Pour en savoir davantage : https://insee.fr/fr/statistiques/4644935

Source : "Le numérique stimule l’innovation dans le secteur tertiaire", Insee Première N° 1811, août 2020.
L’enquête Capacité à innover et stratégie (Community Innovation Survey, CIS 2018) a été réalisée entre mai et décembre 2019. Elle porte sur la période 2016-2018 et couvre le champ des sociétés actives de 10 salariés ou plus implantées en France.

Définition : Une société est innovante au sens large lorsqu’elle introduit une innovation dans au moins une des deux catégories d’innovation possibles (produits ou procédés) ou lorsqu’elle s’engage dans des activités d’innovation en produits ou en procédés, ou dans des activités de R&D Un doute subsiste s’il s’agit seulement de société ou si toutes les formes d’entreprise ont été prises en compte. 
 
André Letowski est expert en entrepreneuriat, en petites et très petites entreprises. Il publie une note mensuelle regroupant une sélection brute ou retravaillée et commentée des corpus statistiques français, des enquêtes et publications concernant le domaine des TPE, PE et PME.




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