⇒ Que faisaient les créateurs avant la création de leur entreprise ?
Au premier semestre 2018, les entreprises classiques créées l’ont été en premier lieu par des salariés du secteur privé (41,3% dont 34,8% du secteur privé, 4,2% de la fonction publique et 2,3% CDD ou intérim), puis par des chefs d’entreprise créant une nouvelle entité (29,3% dont 17,8% de chefs d’entreprise sous le régime indépendant; 1/4 continuent à diriger l’entreprise dont ils sont les dirigeants, en plus de la nouvelle entité), et des chômeurs (20% dont 7,4% de longue durée); noter que 4,4% sont le fait d’étudiant, 3,8% de sans activité professionnelle et 1,4% de retraité.Parmi les créateurs de sociétés, la part des chômeurs continue de diminuer, passant de 31% en 2010 à 23% en 2014, puis 20% en 2018.
⇒ Éléments de profil : sexe, niveau de formation, motivation
- Les femmes représentent 29% des créateurs, une proportion stable par rapport à 2014 (28%). Elles créent une entreprise individuelle sur deux mais moins d’une société sur quatre. Les femmes sont majoritaires dans la santé humaine et l’action sociale (66%) et les services aux particuliers (52%).
- 61,5% ont entre 30 et 49 ans, vs 17% moins de 30 ans et 16% de 50 à 59 ans; 5,4% ont 60 ans et plus.
- Parmi les créateurs de 2018, 56% ont un diplôme de l’enseignement supérieur, en hausse par rapport à 2014 (46%); parmi les 56%, 28% ont un diplôme de 3éme cycle (dont 9,5% un diplôme d’ingénieur), 13% un diplôme de second cycle et 15% un diplôme de 1er cycle. Les possesseurs d’un bac sont 13% (dont 10% un bac technologique ou professionnel), 15% un CAP ou BEP, alors que 13% n’ont qu’un niveau CEP ou sont sans diplôme.
- Pour 63% l’entreprise créée est identique à leur principal métier ; plus d’un sur deux a plus de dix ans d’expérience dans ce métier.
- La première motivation pour créer une entreprise est le souhait d’être indépendant (62%); suivent le goût d’entreprendre ou le désir d’affronter de nouveaux défis (44%), la perspective d’augmenter ses revenus (24%). Noter que 13% disent avoir été contraints parce qu’ils étaient sans emploi.
11% n’envisagent pas d’être à leur compte de façon durable.
⇒ Profil de l’entreprise créée
- 78% des créations classiques sont le fait de société vs 22% d’entreprise individuelle non-autoentrepreneur.
- En termes d’effectif au démarrage : 27% emploient au moins un salarié en plus du créateur. Les sociétés sont plus fréquemment employeuses que les entreprises individuelles (31% contre 11). Par rapport à 2014, la part des sociétés employeuses est en baisse de 4 points.
- En termes d’activité : 2 secteurs d’activité contribuent à plus de la moitié des créations classiques, les services aux entreprises (28,5% dont informatique /communication 5,6%) et les commerce/HCR (25,8% dont HCR 8,3%); puis à proximité les services à la personne (16,3% dont santé/éducation 11,3%) et la construction (13,8%); puis de façon plus modeste et proche, les activités financières et immobilières (6,2%), les transports et livraisons à domicile (5,4%) et l’industrie (4%).
- La clientèle : le chiffre d’affaires repose principalement sur une clientèle de particuliers (57 %), sur une clientèle d’entreprises (38%) et 6% d’administrations.
Les entreprises de l’informatique/communication, les services aux entreprises ont moins de clients, des clients d’entreprise et au-delà de la proximité.
- 10% utilisent au moins une plateforme numérique pour être mises en relation avec leurs clients, pour un peu plus de la moitié, c’est même leur principale source de chiffre d’affaires. Dans les transports (VTC, livraisons à domicile), 36% y ont recours ; pour les 3/4 c’est la principale source de chiffre d’affaires. Dans les HCR, elles sont 16%.
- En termes de financement :
En dehors de leurs ressources personnelles, 63% des créateurs n’ont eu recours à aucune autre source de financement. Par contre, 27% ont eu recours à au moins un emprunt bancaire au titre de l’entreprise, et 6% ont eu recours à d’autres types d’emprunts (avances remboursables, prêts d’honneur, prêts à taux zéro…).
Rappelons que 39% des créateurs d’entreprises ont bénéficié d’au moins un dispositif d’aide : l’aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs d’entreprise (Accre) est la plus fréquente (33% y ont eu recours, ainsi que l’aide à la reprise ou à la création d’entreprise (Arce), perçue par 9%. (une situation étonnante alors que seulement 20% des créateurs disent venir du chômage.
Les projets initiés par plusieurs créateurs démarrent plus fréquemment avec davantage de moyens financiers (49% démarrent avec au moins 16 000€ contre 30% des projets initiés par un seul créateur).
⇒ Le fonctionnement de l’entreprise
- L’entourage des créateurs a été important au regard de leurs déclarations puisque la moitié des créateurs ont pour principal appui au démarrage leur entourage personnel et 20% leur entourage professionnel; il est vrai que 72% disent être sensibilisé à l’entrepreneuriat par leur entourage.
22% ont monté leur projet sans aucun appui.
- En termes de gouvernance : 68% sont seuls à l’origine du projet de création, alors que 22% des projets ont été initiés par deux personnes et 10% par trois personnes ou plus. Le projet est plus souvent lancé par plusieurs créateurs pour les sociétés (37%) que pour les entreprises individuelles (16%).
Lorsque les projets sont lancés par plusieurs créateurs, ces derniers sont aussi plus expérimentés dans la création d’entreprise : 41% en ont déjà créé une avant 2018 (32% pour les créateurs qui se lancent seuls). Leur objectif est aussi moins souvent d’assurer leur propre emploi (46 % contre 68 pour qui se lancent seul).
- 83% déclarent avoir rencontré des difficultés pour mener à bien leur projet.
Elles ont aussi été d’ordre commercial : le contact client (17%), fixer les prix (14%), trouver le local (12%).
Le financement n’apparait pas comme une difficulté importante : l’obtention d’un financement (21%, mais les montants investis ont été plus que modestes pour la moitié d’entre eux), par contre les difficultés que sont l’ouverture d’un compte professionnel (9%) et l’obtention d’un découvert (7%) concernent les plus petits investisseurs.
L’embauche de personnel (17% mais à rapprocher du fait que seules 27% ont été employeurs !)
Et le fait d’être seul comme entrepreneur (21%).
- L’avenir
Pour en savoir davantage : https://insee.fr/fr/statistiques/4770853
Je développerais au cours des prochaines notes de façon plus fine certaines caractéristiques issues de cette enquête Sine 2018.
Soure : "Les créateurs d’entreprises de 2018 : deux sur trois sont seuls à l’origine du projet de création", Insee Première, N°1818, septembre 2020
Le système d’information sur les nouvelles entreprises (Sine) est un dispositif permanent d’observation d’une génération de nouvelles entreprises tous les quatre ans. Le champ de l’enquête Sine couvre l’ensemble des créations d’entreprises du premier semestre, hors micro-entrepreneurs soit 119 000 entreprises parmi les 691 000 unités créées en 2018; 24 000 ont été interrogées en novembre 2018 et seront de nouveau enquêtées en 2021 et 2023.
Définition du concept “création d’entreprise” : harmonisé au niveau européen, il inclut aussi la réactivation d’entreprise après une interruption de plus d’un an et la reprise d’entreprise s’il n’y a pas continuité entre la situation du cédant et celle du repreneur, du point de vue de l’activité et de la localisation. Il peut inclure une reprise d’entreprise inscrite dans la création d’un nouvelle forme juridique ou des filiales, ce qui rend difficile les comparaisons notamment en termes d’effectif.
La notion de création d’entreprise dans les enquêtes Sine est un peu plus restrictive, excluant les entreprises ayant vécu moins d’un mois et les « activations économiques.
Le profil des entreprises classiques créées en 2018 diffère en partie de celui des entreprises classiques créées en 2014 du fait d’un recensement défaillant de l’Insee. D’une part, la proportion d’entreprises individuelles classiques est moindre (22% en 2018 contre 39 en 2014) ; d’autre part, les entrepreneurs individuels classiques sont davantage représentés au niveau des professions libérales réglementées qui n’ont pas accès au régime du micro-entrepreneur, notamment dans les activités de la santé humaine (38 % en 2018 contre 16 % en 2014) et les activités juridiques (12 %, contre 4). Les résultats de Sine 2018 ont corrigé cela puisque seules 119 000 entreprises classiques (entreprises individuelles non autoentrepreneurs + sociétés) ont été observées, alors que le répertoire Sirene en comptait 202 000. Mais qu’en est-il de la comparaison avec 2014? Les données ont-elles aussi été corrigées ?