Une analyse vigoureuse qui contredit maints préjugés
⇒ L'importation dans les consommations intermédiaires industrielles
- En 2014, les entreprises françaises des secteurs industriels ont produit un total de 988Md$. Les consommations intermédiaires utilisées pour cette production s'élevaient à 677Md$, dont 442Md$ produites en France, et 236Md$ importées (34,8%, dont 44% hors UE). Mais les importations totales (comprenant la revente de produits non transformés) sont de 708Md$.
- Le taux d'importation moyen dans les consommations intermédiaires industrielles était en 2009 de 24,7%, augmentant de près de 1% par an entre 2009 à 2014 ; cela représente en valeur absolue un surcroît d'importations de 37,2Md$ ou les 2/3 du déficit commercial global de la France en 2014.
- Le taux d'importation est ainsi de quatre points supérieur au Royaume-Uni (30,9%) et de dix points supérieur à l'Italie (25,4%), mais le taux de l'Allemagne est supérieur de près de deux points à celui de la France (36,7%). Il est de 7,6% pour la Chine et de 18% pour les USA.
- 4 secteurs apparaissent clés dans l'analyse des consommations industrielles importées (48% des importations) : le raffinage (17% des importations et un taux de dépendance de 68%), la fabrication de matériel de transport dont l'aéronautique (11% et un taux de 44%), la chimie (10% et un taux de 39%), et l'automobile (10% et un taux 43%).
- Les taux de dépendance sont importants pour les textile/cuir/ habillement (53%, mais qui ne comptent que 3% des importations), l'électronique-informatique-optique (44% mais 3% des importations).
- Par pays d'origine des importations industrielles, les trois premiers fournisseurs étrangers sont trois pays européens, partenaires traditionnels de la France : l'Allemagne, l'Italie et les Pays-Bas. Le 1er partenaire non-membre de l'union européenne, les États-Unis, est en 4éme position; la Chine, enfin, n'intervient qu'en 8éme position (entre 2009 et 2014, la part de la Chine dans les importations industrielles française n'a pas bougé); elle est toutefois le 2éme fournisseur du secteur de l'électronique, informatique et optique, et le 3éme des secteurs Cuir,textile et habillement, de l'équipement électrique et du meuble.
⇒ L'évolution de l'emploi industriel et l'impact des importations sur l'emploi
- Entre 2009 et 2019, l'industrie a connu un solde (créations – suppressions) négatif de 117 450 emplois dont 41% dans l'automobile, alors que la fabrication de matériel de transport (largement l'aéronautique) et l'alimentation gagnaient 28 000 emplois.
Les ETI sont plus résilientes que les PME et TPE en temps de crise, et plus dynamiques que les grands groupes dans les phases de reprise : ainsi entre janvier 2009 et mai 2020 les ETI ont connu un solde créations/disparitions d'emplois de 215 7017 emplois, les TPE et PME de 166 869 emplois et les grandes entreprises de 17 165 emplois.
Trendéo estime que les délocalisations ont touché de l'ordre des emplois industriels perdus.
De 2009 à 2019, les relocalisations (comptabilisées par Trendeo), ne représentent que 1% des créations d'emplois industriels (aucune année n'a vu plus de 1000 emplois industriels relocalisés), alors que l'emploi industriel progressait de 2016 à 2019, avec un gain d'environ 14 000 emplois industriels supplémentaires.
- Le remplacement à 100% des consommations intermédiaires importées créerait 590 000 emplois; celui des consommations industrielles importées apporterait un autre surcroît de 457 000 emplois, au total 1,047 million ; on peut même ajouter 400 000 emplois supplémentaires grâce au surcroit de demande induit par ces créations d'emplois industrielles, soit un total de 1,447 million d'emplois.
⇒ La localisation des nouvelles implantations industrielles
Le solde des implantations pendant la même période a été de 864 implantations. En 2019 les créations de sites restaient inférieures de près d'un tiers au niveau de 2009.- Les métropoles de taille moyenne sont un atout sur lequel s'appuyer, en conjonction avec les métropoles régionales ; les zones d'emploi qui présentent une forte surreprésentation de l'emploi industriel sont toutes des villes de taille moyenne, tels Vitré, Cherbourg-Octeville, St-Nazaire, Flers. Sarreguemines.
- Un calcul similaire pour les emplois créés dans les startups montrait, en sens inverse, une prépondérance écrasante des métropoles régionales pour les startups. Dans les créations d'emplois industriels, les zones métropolitaines (31 zones) n'ont représenté que 29% des créations d'emploi industriels recensés par Trendeo ; en revanche elles ont accueilli 68% des emplois de « cols blancs » de l'industrie (QG et R&D) et 85% des emplois créés par les startups.
⇒ Les investissements en automatisation s'accompagnent paradoxalement de créations d'emplois.
Trendeo a tenté de repérer les achats de "nouvelles machines" visant l'automatisation : dans sa base de données, Trendeo a repéré 298 projets ; 97% de ces projets sont à l'origine de 4 497 créations d'emplois ; 3% des projets ont généré 438 suppressions d'emplois.Dans 145 cas, l'acquisition de nouvelles machines est liée à une problématique immobilière qui en conditionne la réalisation ; en moyenne, la surface nécessaire à l'installation des nouvelles machines est de 3 300 m² (selon la taille d'entreprise, de 600 à 4 700 m²).
En moyenne, un million d'euros investis dans l'achat de machines sont accompagnés de 4,4 créations d'emplois ; plus les entreprises sont petites et plus les emplois créés par des acquisitions de machines sont importants, allant jusqu'à 12 emplois par million d'euros investis, dans les TPE.
Les motivations invoquées pour l'achat de machines (plusieurs motifs possibles) : 32% vise l'accroissement des capacités de production, ou la qualité de la production, puis la protection de l'environnement, puis la volonté d'expansion à l'international (l'impact des machines sur la compétitivité) et la volonté d'offrir de nouveaux produits ou de nouvelles options de production (pièces de plus grande taille, mieux travaillées...).
L'analyse de statistiques d'utilisation des robots dans l'industrie, publiées par la Fédération Internationale de la Robotique, montre que la France est en retard par rapport à ses concurrents industriels (en 17ème position mondiale, loin derrière l'Allemagne, la Suède, l'Italie, la Belgique, les Pays-Bas, l'Autriche...).
Suivent un ensemble de recommandations, et des fiches très détaillées pour 19 secteurs d'activité.
Pour en savoir davantage : Rapport Trendo
Source : "Dépendances industrielles : renforcer l'industrie française pour mieux affronter les crises", trendeo, mai 2020
Un rapport réalisé par Trendeo pour la Banque des Territoires.