⇒ L’emploi progresse alors que la croissance ralentit
Fin 2019, 28,5 millions de personnes occupent un emploi en France hors Mayotte. L’emploi progresse de 1,4% avec la création nette de 405 000 emplois en 2019, la croissance la plus élevée depuis 2007 (+ 1,4 %, + 368 000 emplois). Il faut remonter à 2000 pour observer une progression du nombre d’emplois plus importante (+ 653 000 emplois).Pourtant l’activité économique ralentit : le produit intérieur brut augmente de 1,5% en 2019, après + 1,8% en 2018 et + 2,3% en 2017. Au-delà du ralentissement tendanciel de la productivité par tête du travail, observable depuis les années soixante-dix et accentué depuis la crise économique de 2008-2009, la mise en œuvre de mesures de baisse du coût du travail depuis 2013, complétée par la transformation du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en une réduction de cotisations sociales patronales en janvier 2019, contribuent à une quasi-stagnation de la productivité apparente du travail par tête en 2019.
⇒ L’emploi non salarié supplante l’emploi salarié
L’emploi salarié, qui constitue près de 90 % de l’emploi total, augmente de 1,1% en 2019, soit 284 000 emplois supplémentaires, nettement plus qu’en 2018 (+ 161 000). Dans le même temps, l’emploi non salarié accélère pour la deuxième année consécutive : + 4,1% en 2019, après + 2,5% en 2018 et + 0,7% en 2017 (soit 121 000 non-salariés supplémentaires, après + 71 000 en 2018).Noter que les évolutions les plus favorables proviennent notamment d’un flux plus faible des défaillances et d’un flux élevé des créations d’entreprise (notamment à partir de 2009 année de l’apparition des autoentrepreneurs), indicateur aussi d’une conjoncture favorable par ailleurs créatrice d’emplois dans les entreprises existantes ; la période 2008-2009 (crise financière) a été la plus défavorable. 2019 a été particulièrement faste avec le plus grand nombre de créations d’entreprise et le flux le plus faible en défaillances. Sauf en 2014 pour atteindre l’indice 130,2 en 2019 (indice base 100 en 2007) alors que l’emploi salarié régresse entre 2008 et 2010 puis progresse sans cesse ensuite; mais l’indice en 2019 n’est que de 107,7, bien en-deçà de celui des non-salariés. Mais restons prudent dans la mesure où les emplois ne sont pas tous comparables, notamment ceux des autoentrepreneurs (tous ne produisent pas de recettes).
Les progressions de l’emploi non-salarié ont été particulièrement importantes dans le tertiaire qu’il soit marchand (+41%) ou non-marchand (+68%).
⇒ Une approche plus fine par activité
En 2019, le tertiaire marchand porte de nouveau la croissance de l’emploi. Avec une hausse de 287 000 emplois (+ 2,1% en un an), il représente plus de 70% des créations nettes d’emploi tous secteurs confondus. Cette forte progression est particulièrement marquée pour l’emploi non salarié : + 87 000 en 2019, après déjà + 55 000 en 2018. L’emploi salarié accélère également dans ce secteur : + 200 000 en 2019, après + 125 000 en 2018.La progression de l’emploi s’est également intensifiée en 2019 dans le tertiaire non marchand (+ 47 000, soit + 0,5%, hausse la plus forte depuis 2016). Contrairement aux deux années précédentes, l’emploi salarié croît dans ce secteur (+ 0,3% après une quasi-stabilité en 2018 et – 0,1% en 2017). L’emploi non salarié, principale composante du dynamisme de ce secteur, continue de nettement augmenter (+ 26 000, soit + 4,6% après + 3% en 2018).
L’emploi non-salarié évolue plus favorablement que l’emploi salarié entre 2007 et 2019
La bonne santé dans la construction, amorcée depuis 2017, s’accentue en 2019. Avec 55 000 créations nettes d’emploi, ce secteur bénéficie de la plus forte progression (+ 3,2%) des cinq grands secteurs composant l’économie. La hausse concerne essentiellement l’emploi salarié (+ 46 000)
Dans l’industrie, après une longue période de recul entamée en 2001, 2019 est la troisième année consécutive de création nette d’emplois : + 17 000 après + 15 000 en 2018 et + 4 000 en 2017. L’emploi salarié ralentit à peine : + 11 000 en 2019 après + 13 000. A contrario, pour l’emploi non salarié, 2019 marque la plus forte hausse depuis 2013 (+ 6 000 en 2019, comme en 2013).
Le secteur agricole est le seul où l’emploi se contracte modérément (– 400, soit – 0,1%), mais ce recul est le moins marqué depuis 2013. L’emploi salarié y progresse nettement (+ 7 000) mais sans tout à fait compenser la baisse tendancielle de l’emploi non salarié (– 7 400).
⇒ En 2019, pour la troisième fois en quatre ans, l’emploi augmente dans la totalité des régions.
Cette hausse est particulièrement marquée dans les régions ultramarines de La Réunion (+ 4,4%), la Guyane (+ 3,8%) et la Guadeloupe (+ 3,1%).En Nouvelle-Aquitaine, en Auvergne-Rhône-Alpes, dans les Pays de la Loire, en Bretagne, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, en Corse et en Île-de-France, l’emploi augmente de 1,3 à 1,9%, hausses proches de la moyenne nationale (+ 1,4%). L’emploi tertiaire marchand, qui croît dans ces régions d’au moins 2%, contribue largement à ce dynamisme.
Les régions où l’emploi progresse le moins se situent dans la moitié nord de la France : en Bourgogne-Franche-Comté, dans le Grand Est, en Centre-Val de Loire, en Normandie et dans les Hauts-de-France, la hausse de l’emploi est nettement plus faible qu’ailleurs (de + 0,3% à + 0,9%). Dans ces régions, l’emploi augmente plus modérément dans le tertiaire marchand (+ 1,7% ou moins). Par ailleurs, le Grand Est, les Hauts-de-France, la Bourgogne-Franche-Comté, régions où l’industrie est surreprésentée, sont les seules de France où l’emploi industriel recule.
Pour en savoir davantage : En 2019, l’emploi progresse le plus fortement depuis 2007 – Insee Focus – 216
Source : "En 2019, l’emploi progresse le plus fortement depuis 2007", Insee Focus N°216, décembre 2020
Les estimations d’emploi constituent la source de référence pour le suivi conjoncturel de l’emploi. Elles comptabilisent, annuellement et trimestriellement, le nombre de personnes en emploi en France hors Mayotte. Les estimations annuelles mesurent l’emploi total (salarié et non salarié) sur la dernière semaine de l’année par secteur d’activité (jusqu’au niveau A88 de la NAF rév. 2) et par échelon géographique (jusqu’à la zone d’emploi).
Noter le léger changement de série à partir de 2011 (avant France métropolitaine, puis France et Dom-Tom sauf Mayotte à partir de 2011).