Fondation d'entreprise
 
 
André Letowski
Etudes 
21 avr 2021

La formation continue est appréciée

D’autant que leurs demandeurs sont lucides sur les changements au sein des métiers.
Les répondants se sentent responsables de leur évolution professionnelle, voulue tant pour s’adapter au monde du travail que pour en tirer un épanouissement personnel plus marquant.

⇒ Quelle évolution attendue dans les métiers exercés ?

68% se disent confiants (dont 15% très confiants) en leur avenir professionnel, moins qu’en février 2020 (75%), une baisse plus grande pour les très confiants (15% vs 23% il y a un an).

Ceci étant, ils sont lucides sur les évolutions importantes de leur métier dans les 5 ans : 42% le pensent vs 33 en 2020, notamment les cadres 57%, ceux en reconversion professionnelle 57%, les indépendants 54%. les 18-24 ans 52%, ceux des services 51% et les diplômés du supérieur 51%. 45% imaginent une évolution lente.

Pour ceux qui seraient encore en activité dans 5 ans, 53% affirment qu’ils feront le même métier mais celui-ci aura évolué et 22% un autre métier ; seuls 24% estiment qu’ils feront le même métier.

En définitive, 1/3 pensent changer d’emploi dans les 2 ans à venir et 16% dans plus de 2 ans. Ainsi la moitié se disent concernés par ce changement (mais 62-65% les 18-34 ans, 62% les chômeurs; d’ailleurs 55% d’entre eux ont déjà changé de métier)

⇒ Le regard porté sur la formation continue professionnelle

Le regard est largement positif pour environ 9 actifs sur 10 : c’est une opportunité pour s’améliorer dans sa pratique professionnelle (90% dont très 42%), une chance pour évoluer professionnellement (89%, dont très 42), ainsi qu’une nécessité pour conserver son employabilité sur le marché du travail (88%, dont très 37) et une manière de prendre du recul sur son quotidien et ses pratiques professionnelles (86% dont très 29).

Ces bénéfices sont très reconnus par les plus diplômés (bac +2 et au-delà).

Toutefois, 59% trouvent cela contraignant, difficile dans un emploi du temps déjà très chargé ; mais ils ne sont qu’une minorité à penser qu’elle est inutile ou inadaptée, car on peut rarement trouver des formations adaptées à son métier (27%) ou encore pas pratique car non transposable dans son quotidien professionnel (27%), et donc une perte de temps, puisque cela ne change souvent rien à sa vie professionnelle (27%).

Les 18-24 ans fraichement entrés sur le marché du travail sont moins conscients des bénéfices de la formation, que ce soit une opportunité pour faire son métier au mieux ou différemment (78% vs 91 pour les autres âges), une nécessité pour conserver son employabilité (77% vs 88-91), une manière de prendre du recul sur son quotidien et ses pratiques professionnelles (77% vs 84-88) ou une chance pour évoluer professionnellement (84% vs 87-91),

Mais pour 37% des 18-24 ans, la formation professionnelle est Inutile, car on peut rarement trouver des formations adaptées à son métier (vs 27 en moyenne), et pour 36% cela ne change souvent rien à sa vie professionnelle (vs 27 en moyenne).

⇒ Acteurs de leur vie professionnelle ?

  • 78% pensent que c’est à chacun d’être responsable de son parcours de formation professionnelle continue (94% les indépendants, 87% ceux en reconversion, 86% les cadres). Par contre, 22% des actifs pensent que les pouvoirs publics, les branches professionnelles et les entreprises sont responsables de leurs parcours de formation (32% ceux de la construction, 31% des ouvriers et 30% des chômeurs).
  • 67% ont le sentiment d’être suffisamment acteur de leur formation professionnelle continue (notamment les indépendants 78%, ceux en reconversion professionnelle 78%, et les cadres 73%). 33% (-11 points au regard de 2020) n’ont pas le sentiment d’être suffisamment acteur (41% les chômeurs).
  • Après l’individu lui-[1]même (86%), les actifs considèrent que les organismes de formation (75%) et les employeurs (74%) sont les acteurs les plus importants à solliciter dans le cadre de la formation professionnelle.
Les moins de 35 ans et les moins diplômés expriment plus souvent le besoin d’être accompagnés (sollicitation plus fréquente des structures d’orientation, des OPCO, des représentants du personnel et des établissements universitaires). Les moins diplômés font moins appel aux RH ou à l’employeur (66% vs 74-78 les autres).

Acteurs de sa formation Très important Important Pas important Ne connait pas cet
acteur ou ne sait pas
Le salarié 50 36 8 6
L'employeur, les RH 28 46 16 10
Les organismes de formation 27 48 17 8
Le manager du salarié 22 43 23 12
La branche professionnelle 19 45 23 12
Les collectivités territoriales 17 40 32 11
Les représentants du personnel 17 36 35 12
Les structures d'orientation 16 39 33 12
Leur OPCO 16 34 24 26
Les établissements universitaires 14 33 38 15

⇒ Quelles demandes et quelle information pour les satisfaire ?

  • Parmi les actifs interrogés ont déjà fait ou seraient susceptibles de le faire :
> 85% formuler des vœux de formation (35% l’ont déjà fait),

> 77% contacter directement un organisme de formation (25% l’ont déjà fait) et 76% faire eux-mêmes des recherches sur une formation (22% l’ont déjà fait),

> 72% coconstruire leur parcours de formation avec leur manager, ou leur responsable RH (13% l’ont déjà fait),

> 70% suivre une formation de leur propre initiative en dehors de leurs heures de travail (20% l’on fait),

> 61% financer eux-mêmes une formation (15% l’ont fait),

> et 56% reprendre des étude (19% l’ont fait).
 
Les bac +2 et au-delà sont les plus susceptibles de faire.
  • Se sentent-ils informés ?
55% ont toutefois le sentiment d’être mal informés sur la formation professionnelle, notamment chez les fonctionnaires (67 à 74% et 61% chez les diplômés du supérieur, les 50-64 ans 63%), alors que 45% se sentent bien informés (notamment ceux en reconversion professionnelle 64%, les moins de 50 salariés 52%).
  • Sur quels sujets se sentent-ils le moins informés ?
Les modalités de financement de la formation (61%), la possibilité d’être accompagné pour faire le point sur son orientation professionnelle (59%), les secteurs porteurs en termes d’emploi (58%), les lieux d’information et d’orientation (58%), leurs droits en ce domaine (55%), les modalités d’utilisation de leur compte personnel de formation (52%) ; mais 63% connaissent plutôt bien ce compte et 42% le montant de leurs droits.

Les 50-64 ans sont les moins informés, tout comme les diplômés bac+2 et au-delà, mais leurs raisons différent.
  • Pour s’informer, les sources utilisées sont internet en 1er recours (moteurs de recherche 36%, sites spécialisés 30%), puis l’employeur (34%), son réseau (24%), et les moyens de communication autres (catalogue de formation 20%, salon 10%, presse spécialisée 7%). Les moins de 35 ans ont moins recours à leur employeur (27% vs 34 en moyenne).
Noter que 20% ne se renseignent pas.

⇒ La connaissance des dispositifs de formation

Les dispositifs de formation plutôt connus sont l’apprentissage (73%), le bilan de compétences (65%), la validation des acquis de l’expérience (61%) ; suit le contrat de professionnalisation (42%), puis beaucoup moins le CPF Transition professionnelle (22%), le CEP, conseil en évolution professionnelle (18%), Pro-A, reconversion ou promotion par l’alternance (15%), et Cléa, le socle de connaissances et de compétences professionnelles (13%).

Paradoxalement les 18-24 ans connaissent moins l’apprentissage (79% vs 86 à 94% pour les autres tranches d’âge), alors qu’ils sont les plus concernés ; ils connaissent aussi moins les bilans de compétence (74% vs 84 à 93) et la VAE (68% vs 78-83), mais ils sont moins concernés par ces 2 mesures. A l’inverse les bac+2 connaissent mieux ces 3 mesures (entre 89 et 93% vs 74 à 86 pour les autres tranches d’âge).

⇒ Les attentes des actifs en matière de formation restent fortes en 2021

48% d’entre eux ont prévu de faire une formation au cours des douze prochains mois (-3 points), cela concerne plus fréquemment les personnes en reconversion professionnelle (86%), les personnes qui envisagent de changer d’emploi (67%) et les personnes dont le métier évolue très vite (59%).

Parmi ceux qui déclarent de pas suivre de formation en 2021, les raisons principales invoquées sont le manque de temps (33%) le fait qu’aucune formation ne corresponde à leur besoin (31%), mais aussi parce que l’employeur ne le propose pas (20%) ou faute de budget (18%).

62% ont une idée précise de la formation souhaitée, notamment les travailleurs indépendants (78%), les cadres (72%), les salariés d’entreprise de plus de 250 salariés (69%).

Les formations les plus demandées concernent d’abord les domaines de l’informatique, des langues étrangères (avec l’anglais en première position) et du management. Les formations dans le domaine du médical ont également la cote.

⇒ L’importance et les attentes pour la reconversion professionnelle

20% des actifs sont dans un processus de reconversion professionnelle, un chiffre qui monte à 35% chez les chômeurs, 34% chez les 18-24 ans et 30% chez les indépendants. Mais parmi les 80% qui ne sont pas en voie de reconversion, 1/3 l’envisagent plutôt dans 2 à 5 ans.

Au final, les personnes qui sont en reconversion et celles qui envisageraient une reconversion professionnelle représentent 47% des actifs français.

Parmi ceux qui ne l’envisagent pas, les raisons sont principalement le fait d’apprécier l’emploi occupé (48%, mais 64% les diplômés du supérieur, 60% les cadres, 57% les salariés de grandes entreprises et les fonctionnaires), ou l’ambiance de travail (25%) ; 25% pensent la période inappropriée ; 23% craignent de ne pas rebondir facilement, 12% une rémunération plus faible; enfin 11% l’estiment incompatible avec leurs projets professionnels.

Ces reconversions professionnelles sont motivées :
> Par une réorientation (24%), le souhait de devenir indépendant (14%) ou le souhait de nouveaux horizons (20%) ou de nouvelles connaissances (17%),

> Par le souhait d’exercer un métier plus proche de ses passions (25%), donner plus de sens à sa vie (24%) ou être plus en cohérence avec ses valeurs (21%), et se sentir utile (16%),

> Pour résoudre un problème actuel de travail (travail pas apprécié 17%, ennuyeux 14%, en difficulté avec le management 12%),

> Pour rebondir sur le marché du travail (14%) ou faire face à une perte d’emploi actuelle ou crainte (14%).

⇒ Accompagnement et financement de la reconversion professionnelle

Dans ces parcours de reconversion, 62% des personnes sont accompagnées ou conseillées, notamment les personnes sans emploi (71%) et celles qui sont actuellement en reconversion (76% vs 52% pour les personnes qui envisagent une reconversion).

Pour ceux qui ne sont pas accompagnés dans cette démarche, la moitié ne savent pas où s’adresser ou trouvent le processus trop compliqué ; 57% d’entre eux souhaiteraient être accompagnés.

71% des personnes qui bénéficient d’un accompagnement sont satisfaites de cette prestation (dont 21% très satisfaits), notamment ceux qui sont confiants dans l’avenir (81%), le niveau bac et au-delà (81%), les 25-34 ans (78%). Si 29% ne sont pas satisfaits, ce sont plutôt des ouvriers (38%) et des chômeurs (37%).

Parmi les actifs en reconversion ou envisageant une reconversion, 57% ont suivi ou vont suivre une formation spécifique.

Son financement provient :
> pour 37% du compte personnel de formation, et 26% de ressources propres,

> pour 29% de Pôle emploi, 21% du CPF de transition professionnelle, et 21% d’une collectivité territoriale,

> Pour 26% de leur employeur.
 
Parmi les 38% que représentent les personnes en reconversion ou qui envisagent une reconversion et qui ne sont pas accompagnées dans ce projet, 57% d’entre eux souhaiteraient pouvoir bénéficier de conseils, notamment sur les possibilités de financement (47%) et les possibilités de formation (45%). Le CPF et les aides de Pôle Emploi sont les principales sources de financement des formations suivies dans le cadre d’une reconversion professionnelle.

Pour en savoir davantage : 2e édition du Baromètre de la formation et de l’emploi 2021 (Centre Inffo / CSA) – Centre Inffo (centre-inffo.fr)

"Le baromètre de la formation professionnelle 2021", Centre-Inffo, février 2021
Méthodologie : 1 626 actifs de 18 ans et plus interrogés entre le 14 et le 21 janvier 2021 par internet représentatifs des actifs Français selon les critères de sexe, d’âge, de statut en emploi, de la catégorie socio-professionnelle, de la région d’habitation et de la taille d’agglomération.

Les CSP+ sont 50% de l’échantillon ; 13% sont chômeurs mais ayant déjà travaillé ; 76% sont urbains. 59% ont un niveau de diplôme d’au moins bac +2, 22% de niveau bac, 13% CAP/BEP et 6% en deçà. et donc plus diplômés que le moyenne. 60% ont déjà changé de métier.

65% s nouveaux articles pour le site ont salariés du privé, 22% du public, 6% d’une entreprise publique et 7% sont des indépendants. 11% sont ou ont été salariés d’entreprises de moins de 10 salariés, 19% de 10 à 50 salariés, 17% entre 50 et 249 salariés, 17% entre 250 et 999 salariés et 30% au-delà.
 
André Letowski est expert en entrepreneuriat, en petites et très petites entreprises. Il publie une note mensuelle regroupant une sélection brute ou retravaillée et commentée des corpus statistiques français, des enquêtes et publications concernant le domaine des TPE, PE et PME.




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