André Letowski
Business
27 mai 2021
Les femmes des quartiers politique ont des résultats très proches de ceux des autres femmes.
Les femmes créatrices d’entreprises dans les quartiers sont 29% des créations, comme celles hors quartiers (31%).
⇒ Profil des créatrices des quartiers politique de la ville
♦ Les femmes créatrices d’entreprises dans les quartiers sont 29% des créations, comme celles hors quartiers (31%).Les femmes de nationalité étrangère hors Union Européenne (UE) y sont deux fois moins représentées que les hommes parmi les créateurs d’entreprises(8% vs 16) ; elles font face à des difficultés supplémentaires, liées notamment à l’accès aux réseaux d’entrepreneurs migrants, ces réseaux étant constitués majoritairement d’hommes.
♦ Les créatrices d’entreprises dans les quartiers sont plus jeunes que leurs pairs masculins, et sont surreprésentées chez les moins de 30 ans par rapport aux hommes (25% vs 19), mais 24% pour les femmes hors QPV.
♦ En ce qui concerne la formation, les femmes sont plus diplômées que les hommes. Elles sont 50% à détenir un diplôme de niveau supérieur au BAC dont 18% bac +3 et au-delà , proches de leur collègues hors QPV (53%); c’est beaucoup plus que les hommes, qui sont eux seulement 33% à avoir suivi des études post BAC et sont 51% au plus de niveau CAP/BEP (vs 31% les femmes en QPV).
♦ Toutefois elles cumulent plus d’handicap que les hommes :
-46% sont sans emploi au moment de la création (vs 38 les hommes), parce qu’elles sont plus nombreuses à être inactives (18% vs 9), mais 53% étaient en emploi (comme salariées 33% dont 2 en CDD, et 18% comme chefs d’entreprise). Par contre leur situation est très proche de celles hors QPV (44% sans emploi, 38% salariées et 18% chefs d’entreprise).
-Les charges familiales sont plus lourdes ; elles sont 11% à être célibataires avec enfant(s) à charge (vs 4 chez les hommes), tout comme les femmes hors QPV (12%).
Dans le choix du statut, salarié ou indépendant, la variable familiale semble être importante chez les femmes, selon les données de l’institution européenne. Celles qui privilégieraient l’emploi salarié, le ferait plus souvent que les hommes pour avoir des revenus réguliers (respectivement 24% et 15%) et des horaires fixes de travail (10% vs 4%). Celles qui au contraire privilégieraient l’entrepreneuriat, citent plus souvent la flexibilité du lieu et des heures de travail comme argument (39% vs 31%). Lorsqu’on demande aux femmes enquêtées s’il serait faisable pour elles d’être indépendantes au cours des cinq prochaines années, celles-ci répondent non à 52% (contre seulement 40% pour les hommes).
⇒ Le type d’entreprise créée
♦ Les femmes entrepreneures des quartiers sont principalement présentes dans les secteurs des services (34%), et du « commerce, transports, hébergement et restauration » (37%).
Le secteur des services inclut les services aux entreprises comme les activités juridiques et comptables, ou les activités scientifiques et techniques. Celles-ci nécessitent un certain degré de qualification, ce qui explique que les femmes entrepreneures des quartiers y soient plus représentées que les hommes (34% vs 24%). Les femmes sont aussi beaucoup plus présentes dans le secteur « enseignement, santé » (15% vs. 4) et beaucoup moins dans le secteur de la construction (6% vs. 24).
Le secteur d’activité de l’entreprise créée (ou reprise) par une femme dans les quartiers, est ainsi très influencé par le genre, une observation valable partout en France, mais comparées aux femmes hors QPV, des différences sont notables (la 1ére différence notable) : une présence plus marquée dans le secteur commerce/HCR et transports (37% vs 28), alors que les femmes hors QPV sont plus présentes dans les services (41% vs 34), et dans la santé/éducation (19% vs 15).
♦ Les entrepreneures des quartiers ont une clientèle constituée pour 74% d’une clientèle locale, 13 points de plus que les hommes (61%), dont l’activité rayonne plus au niveau régional (18% vs. 8%, du fait notamment de l’activité construction).
♦ Les projets portés par les créatrices d’entreprises dans les quartiers sont surreprésentés parmi ceux dont le montant de départ est faible (moins de 2 000€) en comparaison avec leurs homologues masculins (32% vs. 26%). Sur les autres tailles de projets, les différences entre hommes et femmes des quartiers sont minimes, hormis pour les projets compris entre 2 000 et 6 000€ (13% vs. 21% pour les hommes). Noter que les femmes des QPV sont 37% à avoir investi au moins 16 000€, plus que les autres femmes (31%) et que les hommes (34%).
♦ Au cours des trois premières années d’existence, les entreprises créées par les entrepreneures des quartiers engagent des investissements assez similaires à leurs pairs masculins et aux autres femmes : ont investi moins de 7 500€ 45, 40 (les hommes) et 43% (les autres femmes) et ont investi au moins 15 000€ 42, 46 et 43%.
♦ Les femmes entrepreneures des quartiers connaissent une évolution de leur chiffre d’affaires plus positive que celle des hommes durant leurs trois premières années. Elles sont en effet plus nombreuses à avoir connu un accroissement de leur activité (53% vs 49%), tout comme les autres femmes (56%). 16% ont connu une diminution (vs 20 pour les hommes et 21 pour les autres femmes).
♦ Leur taux de pérennité à trois ans est aussi élevé que celui des hommes (77%), mieux que celui des autres femmes (72).
Au-delà des spécificités sectorielles qui ressortent, une dynamique semble donc se dessiner pour les projets portés par les femmes entrepreneures des quartiers. La prudence s’impose au départ avant qu’une belle courbe de croissance prenne forme et se matérialise par des investissements et une forte pérennité à trois ans.
⇒ Motivations, formation, accompagnement
♦ L’indépendance est une motivation centrale pour la majorité des entrepreneurs, comme pour les hommes et pour les femmes hors QPV (63, 60,58%). Elles se lancent également plus souvent que les hommes pour proposer une nouvelle idée (15% vs. 9 pour les hommes et 12 pour les femmes hors QPV). Quand elles créent leur entreprise, c’est plus souvent que les hommes pour assurer leur propre emploi (70% vs 62, mais 74 les femmes hors QPV).
♦ 46% suivent une formation pendant les trois premières années de création de leur entreprise (vs 30 pour les hommes, mais 45 pour les femmes hors QPV). 38% estiment ne pas en avoir eu besoin (47 les hommes et 34 les femmes hors QPV); noter que 16% disent ne pas avoir eu la possibilité d’y accéder (vs 22 les hommes et 21 les autres femmes). Lorsqu’elles se forment, elles privilégient le renforcement de leurs compétences métier (28% vs 16 et 25). Les autres types de formations, associés au développement commercial (5% vs 5 et 7) ou à la gestion (4,4,4) sont beaucoup moins prisés de manière générale par les entrepreneures.
♦ Les femmes créatrices d’entreprises des quartiers semblent solliciter un peu plus souvent des conseils que les hommes (40% vs 37 et 40). Lorsqu’elles sollicitent des conseils, 26% se tournent en particulier vers leur entourage personnel (conjoint, famille), un peu plus que les autres (22 et 22), vers des organisations professionnelles (11 vs 10 et 10) et des organismes spécifiques d’appui à la création (10 vs 7 et 13) et 9% vers des réseaux d’entrepreneurs (vs 8 et 8). En ce qui concerne les services payants, il y a grande proximité entre les 3 populations : les comptables (50%), les autres types d’appui recueillant de 3 à 10%.
♦ Pendant les trois premières années de création, 40% (vs 33 et 42) disent n’avoir rencontré aucune difficulté particulière ; 23% ont déclaré l’aspect financier comme étant un frein au développement (vs 23 et 19) et 23% des problèmes de débouchés ou de concurrence (vs 33 pour les hommes et 25 pour les autres femmes).
Pour en savoir davantage : Les femmes créatrices d’entreprises dans les quartiers : les spécificités de leurs sociétés (bpifrance.fr)
"Les femmes entrepreneures des quartiers : des objectifs plus prudents ou une meilleure conduite de l’entreprise ?", Bpifrance le La Lab, lu mai 2021 Méthodologie : 3 articles sur les femmes créatrices dans les quartiers politique de la ville issus de l’enquête Bpifrance et des résultats de Sine 2014.
André Letowski est expert en entrepreneuriat, en petites et très petites entreprises. Il publie une note mensuelle regroupant une sélection brute ou retravaillée et commentée des corpus statistiques français, des enquêtes et publications concernant le domaine des TPE, PE et PME.
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