Fondation d'entreprise
 
 
André Letowski
Business 
20 jul 2021

Les défaillances au 2e trimestre 2021 sont toujours en retrait au regard de 2017-2019

Le 2e trimestre 2021 s’inscrit dans les tendances du 2e trimestre 2020, avec toutefois une hausse.
Une hausse qui touche le plus les entreprises de 6 à 10 ans d’ancienneté et les moins de 5 salariés.

Le 2e trimestre 2021 s’inscrit dans les tendances du 2e trimestre 2020, avec toutefois une hausse, qui touche le plus les entreprises de 6 à 10 ans d’ancienneté et les moins de 5 salariés, notamment celles plutôt en situation d’activité favorable au regard de la crise sanitaire.
Avec 6 587 procédures collectives ouvertes, en hausse de 14,2% par rapport au 2e trimestre 2020, le volume des jugements reste encore très inférieur au niveau d’avant Covid : -48% pour la moyenne 2017-2019, et même -61% pour les redressements judiciaires, mais -43% pour les liquidations, manifestant une préservation plus marquée des entreprises en 2021 (redressements en nette baisse).
Les emplois menacés chutent encore davantage que l’on observe 2021/2020 ou 2021/2017-2019 (-55 et -52%).


⇒ Selon le nombre de salarié de l’entreprise

93,6% concernent des entreprises de moins de 10 salariés (dont 76% moins de 3 salariés). Elles étaient 94% en 2018 dont 75% chez les moins de 3 salariés ; donc pas de changement quant au flux de TPE dans les défaillances.
Par contre, au sein des TPE, les défaillances sont en hausse chez les moins de 5 salariés et en baisse chez les 6-9 salariés, que l’on observe les liquidations ou les redressements. Noter les baisses d’importance chez les plus de 20 salariés : -15% pour les 20-49 salariés et -75% pour les 50 salariés et plus.


Selon l’ancienneté de l’entreprise

La hausse entre 2020 et 2021 est généralisée à toutes les tailles d’entreprise, sauf les moins de 3 ans (11% des défaillances). Elles est plus prononcée dans la tranche des 6-10 ans (+29% en liquidation et +23% en redressement vs une moyenne de 14,5 et 14,7).



Selon les activités

Paradoxalement, les activités HCR très touchées par la crise sanitaire sont celles qui baissent le plus en défaillance (-28%) ; il en est de même des services aux particuliers (-18,5%), voir des activité récréatives (+6,6%, une hausse modeste au regard de la moyenne de 14%). Là encore, les mesures gouvernementales visant à préserver les entreprise sont effectives.
Les activités en situation favorable au regard des restrictions dues à la crise sanitaire sont celles qui progressent le plus en hausse des défaillances entre le 2e trimestre 2020 et celui de 2021 : agences immobilières (+76%), construction (+37% et même +50% pour le gros œuvre), services aux entreprises (+21%) et informatique/communication (+20%). Être en situation plus favorable ne veut pas dire que ce soit la réalité de toutes les entreprises de ces secteurs ; de plus, il est vraisemblable que nombre de ces entreprise étaient déjà avant la crise sanitaire en situation difficile.
Noter la situation moyenne du commerce (+10%) mais celle défavorable pour le commerce-réparation auto (+52%, où il semblerait que la réparation soit en meilleure situation) et celle du commerce de gros (+28%, question de la difficulté d’approvisionnement ?), alors que le commerce de détail connait une baisse de 6%).



⇒ Les défaillances en région

L’ïle de France et Paca connaissent de fortes hausses entre les 2émes trimestres 2020 et 2021 (+37%), alors que le sud-ouest est en situation plus favorable (Occitanie et Nouvelle Aquitaine).
Des régions en situation économique souvent difficile (Hauts de France, Normandie) connaissent des baisses.
Il me parait difficile d’expliquer ces écarts dans l’attente d’une vision globale sur l’année.
Remarquez le taux de liquidation différent selon les régions, “faible” là où les entreprises sont plutôt peu nombreuses et plutôt petites (Corse, Dom, Paca), alors que l’Ile de France détient le record des taux de liquidation (84%) ; les autres régions ont des taux relativement proches (73-79%). Le résultat de pratiques différentes des tribunaux judiciaires locaux.



Pour en savoir davantage : Défaillances & sauvegardes d’entreprises | Altares DB France

Selon les Echos du 8 juillet le président de la CPME s’attend à un chiffre annuel de 60 000 à 100 000 défaillances pour 2021, alors qu’Altares envisage un chiffre de 33 000 à 35 000 défaillances. Doit-on y voir le relatif “pessimisme” habituel du monde des TPE, et petites PME ? Par contre, il est vraisemblable que le flux des défaillances progressera à partir du reflux des mesures gouvernementales (notamment au moment du remboursement des PGE), sans oublier ce que l’on ne sait pas mesurer : les disparitions “économiques” sans passer par la case défaillance.

"Étude de défaillances et sauvegardes des entreprises en France au 2ème trimestre 2021", Altares, juillet 2021
Source : Altares collecte l’ensemble des jugements auprès des greffes des Tribunaux de Commerce de métropole et d’outre-mer. Altares est également licencié officiel du B.O.D.A.C.C. (Bulletin Officiel d’Annonces Civiles et Commerciales) depuis 1987.
Définition de la défaillance : elle correspond à l’ouverture d’une procédure de sauvegarde, redressement judiciaire ou liquidation judiciaire directe auprès d’un Tribunal Judiciaire. Cela ne recouvre donc ni les procédures amiables (mandat ad hoc ou conciliation) ni les suites d’ouverture (arrêt de plan ou conversion en liquidation).

 
André Letowski est expert en entrepreneuriat, en petites et très petites entreprises. Il publie une note mensuelle regroupant une sélection brute ou retravaillée et commentée des corpus statistiques français, des enquêtes et publications concernant le domaine des TPE, PE et PME.




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