Fondation d'entreprise
 
 
André Letowski
Finance 
21 oct 2021

En août 2021, moins d’entreprises sont dans une situation de trésorerie "difficile"

Une trésorerie plus abondante dans tous les secteurs qu’au cours des quatre mois précédant la pandémie.
Le rapport du CAE conforte les autres rapports, avec une approche méthodologique différente.

⇒ Une trésorerie plus abondante dans tous les secteurs

Dans tous les secteurs, il y a en août 2021 moins d’entreprises dans une situation de trésorerie que l’on pourrait qualifier de « difficile » ou « très faible » qu’au cours des quatre mois précédant la pandémie.

Pour chaque secteur, 5 catégories d’entreprises sont définies à partir de leur situation de trésorerie entre novembre 2019 et février 2020 : les 5% avec le niveau de trésorerie le plus faible, observées en août 2021 ; les 4 autres catégories sont calculés de la même manière à partir des seuils de 25 (faible), 75 (entre 25 et 75%, moyenne) et au-delà bonne et très bonne.

La part des entreprises (à la fois TPE et PME) avec une situation de trésorerie « très faible » a fortement diminué. On constate aussi une amélioration assez nette de la trésorerie, avec plus d’entreprises avec des trésoreries bonnes ou très bonnes. La forte amélioration de la trésorerie s’est produite essentiellement entre avril et juin 2020, c’est‐à‐dire au moment où les entreprises ont massivement recouru au PGE (mais seulement 35% y ont eu recours).

⇒ La mesure du risque d’insolvabilité

Au‐delà de la situation de trésorerie, un second indicateur est leur encours net bancaire (situation financière nette) pour le risque d’insolvabilité, en mesurant la différence entre les soldes des comptes (courants et épargnes) et l’encours de l’ensemble des dettes bancaires. La situation en termes d’encours nets bancaires des entreprises individuelles, des EI, TPE et des PME s’est améliorée entre février 2020 (juste avant le premier confinement) et août 2021.

En août 2021, 15 à 25% des entreprises avec PGE seraient dans l’incapacité de rembourser une annuité de 20% de leur PGE ; la question sera de savoir si ces entreprises vont par la suite générer des revenus suffisants pour pouvoir payer les annuités suivantes alors même que les aides s’éteignent.

L’évolution de la situation des encours nets bancaires a été moins favorable pour les PME que pour les TPE, moins favorable aussi en Ile-de-France.

⇒ Le choc économique de la crise Covid a changé la nature de la dette des entreprises.

Avant la crise elle servait principalement à financer de l’investissement (91% de la dette bancaire pour les TPE et 81% pour les PME contre respectivement 9 et 19% de dette trésorerie. Avec la crise 44% de la dette totale des TPE est désormais de la dette trésorerie, voire jusque 52% pour les PME.

L’hétérogénéité des situations financières est plus forte en août 2021 qu’avant la pandémie : Il y a à la fois plus d’entreprises en situation financière difficile et en bonne situation financière dans presque tous les secteurs.

L’augmentation des défaillances des TPE et PME devrait, à court terme, être contenue du fait d’une situation de trésorerie très favorable ; une partie de ces défaillances sera le fait d’entreprises initialement fragiles et non viables qui auraient disparu en année normale.

Pour en savoir davantage : FocusCAE_065-2021 (SituationTPE-PME) (cae-eco.fr)

"La situation financière des PME/TPE en août 2021 au vu de leurs comptes bancaires", CAE, Focus N°65, septembre 2021
Méthodologie : échantillon de plus de 100 000 comptes bancaires d’entreprises individuelles, TPE et PME du Crédit Mutuel Alliance Fédérale (environ 70 000 TPE, 25 000 PME et 20 000 entreprises individuelles), pour suivre l’évolution de leur situation en termes de trésorerie et de situation financière nette depuis la crise sanitaire et jusqu’en août 2021.

Une limite de ces données est qu’elles ne donnent pas d’information sur les résultats et sur les dettes non bancaires des entreprises.

Comparaison avec les autres études existantes : la Banque de France et l’INSEE utilisent surtout des données administratives (bilans, TVA, activité partielle, reports de cotisations sociales) à fin 2020, pour simuler des chocs sur la situation financière des entreprises tandis que le CAE analyse les comptes bancaires des entreprises jusqu’en août 2021. Enfin, le CAE focalise son analyse sur les PME et TPE.
 
André Letowski est expert en entrepreneuriat, en petites et très petites entreprises. Il publie une note mensuelle regroupant une sélection brute ou retravaillée et commentée des corpus statistiques français, des enquêtes et publications concernant le domaine des TPE, PE et PME.




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