Analyse André Letowski
Méthodologie : 1 500 chefs d’entreprise ou membres de direction générale, et par ailleurs employeurs d’entreprises de 1 à 4 999 salariés, interrogés entre le 18 juillet et le 23 août par téléphone.
Le profil de l’échantillon donne priorité aux TPE (55% de l’échantillon interrogé et 85% redressés) vs 40% pour les PME (redressés 15%), peu les ETI (5%, redressés 0,4%). Les données sur les ETI (avec 78 dirigeants interrogées) sont donc plus qu’aléatoires ; c’est pourquoi je ne commenterais les résultats que ceux relatifs aux TPE et PME, qui manifestent assez peu de différences dans la situation actuelle mais davantage au regard de l’avenir. Ils sont en nette rupture avec les dirigeants d’ETI.
Les données par activités et régions sont proches en ce qui concerne la base brute et les redressements (sauf l’Ile de France : brut 13%, redressé 21%).
Dommage que l’étude ne reprenne pas dans le power point les résultats de la précédente enquête pour comparer.
e, motivation
- 53 % appréhendent les prochains mois de façon positive (continuité 41 %, et saisie d’opportunités 12 %), alors que 34 % sont dans l’incertitude, et 11 % craignent le risque. Noter que les dirigeants de moins de 35 ans affichent plus l’opportunité (22 % vs 12 pour l’ensemble).
- Les activités de santé (56 %) et le commerce (52 % vs en moyenne 45) sont les activités les plus en incertitude et risque, vs 33 % les services aux entreprises et 36 % les services aux particuliers.
- Ce qui n’empêchent pas 18 % de manifester de fortes inquiétudes ; ajoutons que 31 % sont aussi plutôt inquiets (au total 49 % d’inquiets), compte-tenu de la situation actuelle ; ils le sont davantage qu’en 2021 (39 %). Là encore les services ne sont pas ou peu inquiets (61-71 % vs 51 en moyenne).
- Après 2 ans de crise sanitaire et les mesures prises pour s’adapter, 21 % sont motivés pour relever de nouveaux défis et 31 % confiants, mais prudents dans leurs choix stratégiques ; 31 % sont attentistes (45 % les moins de 35 ans) et s’adaptent au fil des évènements ; 14 % sont découragés (les TPE sont 15% vs 10 les PME).
- Les dirigeants du commerce sont les moins motivés ou confiants (46 % vs 53 en moyenne), alors que les services aux particuliers (66 %) et la santé (64 %) le sont bien plus.
- 66 % disent vouloir prioriser leur activité professionnelle avant leur vie personnelle (+11 points sur un an).
Les inquiétudes et les craintes pour lesquelles ils sont très inquiets
Les inquiétudes actuelles sont d’abord focalisées sur 3 thèmes :- Le cout de fonctionnement de l’entreprise (énergie, achats) 33 % très inquiets (et assez inquiets 32), l’approvisionnement en matières premières (26 et 32 %), les conditions de production, dont les délais et les marges (22 et 33 %) ; pour l’avenir, 33 % s’inquiètent des interruptions dans la chaine de production.
- Le contexte monétaire (inflation), social et politique (31 et 33 %), plus marqué pour les mois à venir (45 %), idem pour le durcissement de la situation géopolitique mondiale (37 %).
- Le recrutement, le renforcement des équipes (31 et 19%), et les hausses de salaires (19 et 26 %).
- Assez peu les marchés (11 et 20 %), ce qui est bien moins le cas pour l’avenir (45 % envisagent un ralentissement du marché), mais peu l’apparition de nouveaux concurrents (13 %),
- Ou le remboursement des PGE (9 et 9 %), mais 39 % s’inquiètent de leur trésorerie pour l’avenir.
Au regard de l’avenir, hors ce qui vient d’être dit, la crise sanitaire inquiètent 33 % des répondants. Les TPE, proches des PME en ce qui concerne les inquiétudes actuelles, sont toutefois plus craintives pour les prochains mois : ralentissement du marché (47 vs 31 % pour les TPE), problèmes de trésorerie (41 vs 31 %), durcissement du règlement fiscal ou réglementaire (33 vs 23 %) ; par contre les PME sont plus sensibles à la crise politico-sociale (54 vs 44 %).
Les activités industrie/BTP sont aussi plus sensibles au ralentissement du marché (56 vs 45 %), aux interruptions dans la chaine de production (36 vs 28 %), et à la trésorerie (46 vs 37), alors que les services sont dans une situation bien plus favorable.
Les actions entreprises pour assurer la rentabilité de leurs entreprises
La rationalisation renforcée des coûts est prioritaire (62 %), et donc un appel plus marqué aux circuits courts (59 %), l’évolution de la politique de prix (51 %), la renégociation avec les partenaires commerciaux (50 %) et un modèle plus respectueux de l’environnement (48 %), alors que ce qui concerne l’innovation est en retrait : nouveau positionnement de produits/services (38 %), digitalisation des process (3 %), diversification des services (29 %), investissement (29 %), nouvelles formes de management (25 %).Ce qui contribue au développement est davantage le fait des PME.
Là encore, les services sont moins concernés.
Leurs soutiens
91 % disent être soutenus par leurs proches (dont tout à fait 61 %) mais aussi par leurs équipes (81 % dont tout à fait 45 %, plus modestement qu’avec leurs proches) et leurs clients et partenaires (75 %, dont 33 % tout à fait).A l’inverse, seuls 39 % (dont tout à fait 13 %) disent être soutenus par les institutions avec qui ils ont à faire avec celles-ci (banque, administrations). Les PME disent être mieux soutenus que les TPE (51 % vs 37), alors que les services se sentent peu soutenus (32 %).
La prise en compte de leur équilibre personnel et de leur santé
Rappelons que l’entreprise passe avant leur vie personnelle (68 %).- Ceci étant, pour rester en forme dans l’avenir, 88 % disent vouloir profiter de leur famille (dont beaucoup 63), mais seulement 49% s’occuper davantage de leurs enfants (dont beaucoup 33),
- 71 % envisagent de pratiquer des loisirs culturels (dont beaucoup 43 %) et 70 % pratiquer une activité sportive (beaucoup 46 %).
Ils sont 28 % à n’avoir mis en place aucune démarche pour prendre soin d’eux, une proportion en hausse de 8 points sur un an (notamment dans le BTP/industrie 38 %, et un peu moins dans les TPE, 29 % vs 23).
Leur équilibre personnel
76 % affirment un bon niveau de forme psychologique au niveau personnel proche de celui il y a 6 mois (73 %) ou en septembre 2021 (80 %). Au niveau professionnel, celui-ci est légèrement moins favorable (69, 67, 75 %). Il s’est nettement dégradé en ce qui concerne le niveau professionnel des dirigeants du secteur de la santé (60 % contre 51 % il y a 6 mois vs en moyenne pour les autres activités 69 vs 67 %).La santé mentale et les capacités intellectuelles est la plus mise à contribution actuellement (37 % les TPE, vs 43 % les PME), suivi par la forme physique et la santé physiologique (37 % les TPE, vs 22 les PME) et la dimension psychologique et émotionnelle (26 %, vs 35 % les PME).
La santé mentale et les capacités intellectuelles ont été davantage le fait des services (aux entreprises 54 % et aux particuliers 46 %), vs 27 % le BTP/industrie et 33 % le commerce. Par contre la forme physique a concerné bien plus le BTP/industrie (50 % vs 20 les services).
Depuis le début de l’année, la fatigue (50 %, dont 41 % des trouble du sommeil), le stress (45 %) et la nervosité (40 %) ont été fort présents.
Le mal de dos (48 %, +6 points en un an), les douleurs articulaires (41 %, +8 points) ont progressé au regard de 2021. Noter que 31 % n’affichent aucun trouble (30 les TPE vs 37 % les PME ; 34 % les dirigeants de services aux entreprises, 36 % ceux du commerce).
69 % des sondés évoquent au moins un trouble de santé et citent en moyenne un peu plus de 3 types de maux.
Les troubles de la concentration (23 %), de la mémoire (18 %) et les difficultés de prise de décision (22 %) ont surpassé les troubles physiques (32 %).
Pour y remédier, ils privilégient hygiène de vie (67 %), bon sommeil (63 %) et activité sportive (61 %) et peu la relaxation (18 %), les activités intellectuelles (18 %), le suivi médical régulier (17 %), un accompagnement psychologique (6 %) et le coaching (5 %).
Un zoom sur l’Ile-de-France et les autres régions
Les données sont plus fiables pour cette région compte-tenu du plus grand nombre d’entreprises interrogées (200). Les autres régions ne seront abordées que globalement sous l’angle du vécu des dirigeants (motivations, inquiétudes, forme psychologique).En Ile-de-France
Opportunités et continuités pour la période à venir sont plus fréquentes que pour l’ensemble des régions (61 % vs 53 en moyenne toute région). Les dirigeants n’y sont plus souvent pas ou peu inquiets (57 % vs 51). Ils ont aussi plus motivés et confiants (59 % vs 52).Mais ils expriment davantage la crainte d’un ralentissement de leur marché (58 % vs 45).
Moins que les autres, ils priorisent leur entreprise face à la vie personnelle (55 % vs 66) et expriment davantage le fait de prendre soin de leur santé (14 % vs 7).
Les autres régions
4 régions connaissent plutôt moins de continuité ou d’opportunité, plus d’inquiétudes, moins de motivation ou de confiance en l’avenir, et une forme psychologique actuelle moins bonne, alors que souvent leur volonté de faire passer leur entreprise avant leur vie professionnelle est très présente. Il s’agit du Grand Est, de la Nouvelle Aquitaine, d’Auvergne-Rhône-Alpes, et de la Normandie.5 régions manifestent une situation un peu plus favorable que la moyenne : la Bretagne, le Centre-Val-de-Loire, le Pays de Loire, la Bourgogne-Franche-Comté, et Paca.
Source : 3e vague d’enquête auprès des dirigeants : Opinion Way pour Fondation MMA des entrepreneurs, août 2022
Méthodologie : 1 500 chefs d’entreprise ou membres de direction générale, et par ailleurs employeurs d’entreprises de 1 à 4 999 salariés, interrogés entre le 18 juillet et le 23 août par téléphone.
Le profil de l’échantillon donne priorité aux TPE (55% de l’échantillon interrogé et 85% redressés) vs 40% pour les PME (redressés 15%), peu les ETI (5%, redressés 0,4%). Les données sur les ETI (avec 78 dirigeants interrogées) sont donc plus qu’aléatoires ; c’est pourquoi je ne commenterais les résultats que ceux relatifs aux TPE et PME, qui manifestent assez peu de différences dans la situation actuelle mais davantage au regard de l’avenir. Ils sont en nette rupture avec les dirigeants d’ETI.
Les données par activités et régions sont proches en ce qui concerne la base brute et les redressements (sauf l’Ile de France : brut 13%, redressé 21%).