Fondation d'entreprise
 
 
André Letowski
Etude 
16 oct 2022

30 % des Français sont ou ont été impliqués dans la création/reprise d’une entreprise

En 2021, 30 % des Français participent à la dynamique entrepreneuriale (30 % en 2018, et 32 % en 2016), vs 20 % pour ceux des QPV (en progression au regard de 2018, 14 %).

⇒ Profils des Français dans une dynamique entrepreneuriale

♦ Ceux de la France entière, comparés au profil des Français : on y trouve davantage de moins de 35 ans (+15 points, 40 % vs 25), plus de CSP chefs d’entreprise et cadre (+13 points, 28 % vs 15), davantage de diplômés du supérieur (+11 points, 41 % vs 30), mais aussi plus de population pauvre en termes de revenu (+6 points, 23 % vs 17).

♦ Ceux des QPV, comparés au profil des habitants des QPV :
les étrangers et Français par acquisition y sont beaucoup plus présents (+20 points, 53 % vs 33), idem pour les moins de 35 ans (+20 points, 49 % vs 29), les diplômés du bac et au-delà (+16 points, 43 % vs 27), les hommes (+14 points, 67% vs 53) et les personnes en emploi (+13 points, 53 % vs 40).

♦ Noter que 45 % des Français et 61 % des habitants en QPV sont repérés comme étant faiblement ou pas conduit à appréhender ce qu’est l’entrepreneuriat, vs 21 et 10 pour une exposition forte et 34 et 29 pour une exposition moyenne.

Ainsi 80 % des Français n’ont jamais été chef d’entreprise et sur les 20 % qui l’ont été, 8 % l’ont vécu au moins 5 ans, 5 % entre 2 et 5 ans et 7 % moins de 2 ans ; autrement formulé, 40 % de ceux qui ont été chefs d’entreprise l’ont été au moins 5 ans et 35 % moins de 2 ans.
Pour les QPV les chiffres sont 90, 10 dont 3 % 5ans et plus, 3 de 2 à 5 ans et 4 % moins de 2 ans ; ainsi 40 % ont été chefs d’entreprise moins de 2 ans, 30 % de 2 à 5 ans et 30 % plus de 5 ans.

36 % des Français ont dans leur cercle familial ou amical une ou plusieurs personnes qui sont chefs d’entreprise, vs 20 % de ceux en QPV.

28 % des Français disent avoir été sensibilisés, au cours de votre cursus scolaire ou professionnel, à la création ou à la gestion d’entreprise, vs 18 pour ceux en QPV.

20 % des Français (vs 26 ceux en QPV) disent avoir aider un parent proche, un ami ou un tiers à créer, reprendre ou faire fonctionner son entreprise, commerce, cabinet, association…

16 % (des Français et ceux en QPV) ont participé à des actions de sensibilisation, de formation ou de promotion à l’entrepreneuriat.

14 % des Français (vs 13) ont participé à des actions d’échanges entre entrepreneurs (par exemple, association d’entrepreneurs ou club d’entreprises).

12 % (vs 7) ont financé des projets d’entreprises portés par d’autres.

⇒ Les composantes de l’indice entrepreneurial (2021 et 2018).

♦ Les Français : 30 % des Français sont dans une dynamique entrepreneuriale, une proportion stable par rapport à 2018. Les proportions de chefs d’entreprise (13 %) et d’ex-chefs d’entreprise (14 %) sont également stables par rapport à 2018, en dépit de la récession de 2020 liée à la crise sanitaire. Même si la part des intentionnistes (9 %) est en baisse (12 % en 2018), celle des porteurs de projet (11 %) est en forte hausse (7 % en 2018).

♦ Les habitants des QPV : 20 % sont impliqués dans la chaîne entrepreneuriale (+6 points par rapport à 2018). Les intentionnistes sont 12% vs 9 en 2018, alors que seulement 2% des habitants sont des chefs d’entreprise (3 en 2018), 3 % des porteurs de projet (1 % en 2018) et 5% d’ex-chefs d’entreprise (vs 4 % en 2018).

⇒ La composante chef d’entreprise (14 % des Français et 3 % en QPV).

14 % des Français sont actuellement propriétaires d’au moins une entreprise ; parmi eux, 90 % dirigent, travaillent ou ont travaillé dans au moins une de ces entreprises. On peut alors considérer que 13 % de la population se considèrent donc chefs d’entreprise.
Noter que 3 % des Français ont créé plusieurs entreprises (aucun parmi les QPV).

64 % des Français chefs d’entreprise sont propriétaires uniques, 26 % associés majoritaires ou à part égale et 13 % associés minoritaires.

Avant la création de leur entreprise, 53% étaient salariés (dont 13% de la fonction publique), 29% chef d’entreprise, 7% chômeurs (dont 4 depuis plus d’un an), 6% étudiant, 5% inactif (dont 2% retraité).

53% (49 les hommes et 59 les femmes) ont créé leur entreprise, les autres ont repris (26 % en rachetant une entreprise dans laquelle ils travaillaient, 16 % en reprenant une entreprise de leur entourage familial, 6 % en rachetant une entreprise autre).

Les 2/3 sont employeurs : si 34 % (31 les hommes et 38 les femmes) n’avaient aucun salarié, les autres étaient employeurs 29 % de 1 à 4 salariés, 16 % de 5 à 9 salariés et 21 % (26 les hommes et 14 les femmes) 10 salariés et plus.

Les motivations pour créer ont été de 3 ordres :
  • L’accomplissement personnel : ne plus être salarié (24 %), réaliser un rêve (26 % les femmes, 17 les hommes), exercer une activité conforme à ses valeurs (21 %), changer de métier, faire autre chose (18 %), et affronter de nouveaux défis (17 %),
  • Faire face à des contraintes ou à des projets collectifs : c’était la seule possibilité pour exercer votre professions (15 % les hommes et 9 les femmes), créer son propre emploi ou celui d’un de ses proches (13% les femmes et 8 les hommes), construire ou reprendre un projet collectif ou familial (8 %), sans emploi, la seule solution pour retrouver du travail, un revenu (6 %),
  • Le lien avec le marché : augmenter ses revenus ou son capital (26 % les hommes et 18 les femmes), saisir une opportunité de création ou de reprise d’entreprise (11 %), mettre en œuvre une idée nouvelle de produit, de service ou de marché (9 % les hommes et 5 les femmes).
♦ Les difficultés rencontrées

20 % n’ont pas exprimé de difficulté ; par contre 4 groupes de difficulté sont listées par ceux qui en ont rencontré :
  • Les problèmes personnels du chef d’entreprise : trop de responsabilités ou de stress (14 %), la solitude du dirigeant (12 %), un risque d’échec trop important (11 %), une remise en cause de l’équilibre vie professionnelle, vie personnelle ou familiale (10 %), le manque de crédibilité (âge, expérience, etc.) avec 9 %, un manque de compétences pour créer/reprendre l’entreprise (7 %), un manque d’expertise dans le métier (7 %),
  • Les contraintes inhérentes à la vie de l’entreprise : un revenu insuffisant ou trop instable (24 %), des démarches administratives trop complexes (16 %), une concurrence trop vive ou taille du marché insuffisante (11 %), un investissement financier trop important ou des financeurs trop difficiles à trouver (10 %),
  • Le manque d’appui : Un manque d’appui ou d’accompagnement par des professionnels lors du montage du projet (9 %), un manque de soutien de la part de l’entourage familial ou amical (8 %).
♦ Noter que parmi les 4 % qui ont repris, les 2/3 ont rencontré des difficultés, notamment pour trouver des opportunités de reprise d’entreprise (40 %), trouver un accompagnement ou un financement pour la reprise de l’entreprise (40 %), et des difficultés de négociation avec le cédant à propos du prix ou du plan de reprise de l’entreprise (40 %).

Pour 43% des repreneurs, l’entreprise reprise l’avait fait l’objet d’une procédure collective. (Je m’interroge sur la pertinence de ce résultat, vu le faible nombre de défaillances, notamment pendant la crise sanitaire et sur un flux si conséquent de reprises d’entreprises en difficulté).

♦ 5 axes observés pour développer l’entreprise :
  • Innover : 70 % y sont favorables, dont 36 % l’ont fait,
  • S’inscrire dans une démarche respectueuse de l’environnement (66 % dont 36),
  • S’inscrire dans une démarche sociale, (économie sociale et solidaire, inclusion, parité Homme-Femme…), 60 % dont 28,
  • Exploiter les nouveaux usages TIC et outils digitaux (57 % dont 27),
  • Se développer à l’international (52 % dont 25).
♦ Le financement de la création, de la reprise, ou de son développement :
  • Un financement externe : un financement bancaire (31 %), une aide publique (27 %), mais aussi de la part d’un réseau d’accompagnement à la création d’entreprise (14 %), une levée de fonds propres auprès d’investisseurs, de Business Angels (13 %) ou un financement sur une plate-forme de finance participative (11 %), et un autre financement externe (7 %),
  • 20 % ont bénéficié d’an apport de fonds de la part de leur famille ou et amis, alors que 18 % n’ont bénéficié d’aucun financement externe.
Pour 31 % la part de financement externe représentait moins de 10 %, pour 31 % de 10 à moins de 25 %, pour 13 % de 25 à moins de 50 % et pour 12 % plus de 50 %.

Là encore doute sur la pertinence de résultats qui représenteraient toutes les entreprises Françaises.

⇒ Les ex chefs d’entreprise

Ils sont 14 % dont la moitié aurait vendu ou transmis et seulement 30% auraient cessé leur activité alors que 21% auraient connu une liquidation (ces données ne sont pas pertinentes avec ce que je connais).

⇒ Les porteurs de projet

60 % envisagent de reprendre une entreprise (étonnant !) et 33 % créer une entreprise nouvelle. 40 % envisagent de créer/reprendre avec des associés (dont 13 % avec un membre de leur famille) ; 22 % envisagent une activité sous forme de microentrepreneur.

Sur les 11 %, 7 % seraient porteurs d’un projet à mettre en œuvre (4 % en cours, 3 % reporté) ; 3 % ont abandonné le projet et 3% sont créateurs/repreneurs. Chez ceux qui sont en cours de projet (les 7%), 39 % l’envisagent dans l’année, 36% dans 1 à 2 ans et 17 % au-delà ; 8 % ne savent pas quand.

Pour ces 7 %, 78 % estiment que les financements externes (hors familles et amis) dans le montant total de ce projet de création, de reprise ou de développement représenterait moins de 25 % du projet.

⇒ Les intentionnistes

Sur les 9 % de ce groupe, 7 ne savent pas quand ils se lanceraient dans le projet de création ou reprise.
Plus que les autres catégories, ils envisagent la création d’entreprise (71 % pour le national, 22 % envisagent de reprendre et 7 % ne savent pas ; 48 % le feraient sous forme de microentreprise. Alors que pour les QPV 55 % envisagent la création, 21 % la reprise dont 16 à un membre de la famille ; 25 % ne savent pas ; pour ceux qui savent, 27 % le feraient sous forme de microentreprise.

Ce qui est le plus frappant, c’est le décalage entre l’échantillon national et celui des QPV, ce dernier étant largement inscrit dans le rêve (approche peu pragmatique), 12 % et 9 pour les QPV.

⇒ Une comparaison entre ces 4 populations

J’ai repris surtout les informations comparables à propos des chefs d’entreprise, des porteurs de projet et des intentionnistes. Si les populations posent question sur la fiabilité de leur caractère représentatif, les tendances observées pour caractériser chacune de ces populations semblent intéressantes.
Les tableaux ne sont pas repris ici, car trop lourd pour des smartphones mais seront disponibles lors de la publication de la note d’octobre.

⇒ La culture entrepreneuriale.

Quel est le choix de carrière le plus intéressant ? 24 % répondent “travailler à mon compte, avoir sa propre entreprise” (35 pour les QPV), 40 % salariés dont dans la fonction publique 16 % et en PME 8), alors que pour 37 % aucun choix de carrière n’est en soi plus intéressant qu’un autre. (Un résultat en fort décalage avec d’autres enquêtes). Ceux inscrit dans la chaine entrepreneuriale sont 47 % à dire travailler à son compte vs 13 pour ceux qui ne sont pas inscrits dans cette chaine. (67 et 28 pour les QPV).

♦ L’image de l’entrepreneur (assez unanime pour tous) :
  • les conséquences pour le chef d’entreprise : il prend des risques (90 % et 92 pour les QPV), cette situation pèse sur la vie de famille, sur la santé (83 et 79), les responsabilités et les horaires y sont trop lourds (78 et 77) ; c’est aussi avoir du pouvoir et de la reconnaissance sociale (72 et 64),
  • Son apport à la société : il est créateur d’emplois et de richesse (86 et 76), il s’implique dans la vie économique et sociale au-delà de 16 entreprises (81 et 74), et peut s’enrichir de façon juste et équitable (82 et 74), et peut être un modèle (75 et 69). Un sentiment plus fréquent dans l’échantillon national.

Quelles aptitudes personnelles doit-il avoir ?
  • Créatif (82% et 83 en QPV), capable de favoriser la créativité de ses collaborateurs (58 et 71),
  • Capable de faire face à l’échec (71 et 86),
  • Il est proactif : il tranche facilement en cas d’incertitude (62, 68), il négocie facilement (58 et 69), il est à l’aise pour présenter des résultats (58 et 68),
Une attitude attendue plus souvent dans les QPV,
  • Il est expérimenté dans le management d’équipe, la gestion d’entreprise (45 et 43), a une bonne connaissance du monde des affaires et de son marché (45 et 47), et a acquis une connaissance de la gestion d’entreprise ou de la création d’entreprise par des cours, formations (42 et 46).

Pour en savoir davantage : Indice Entrepreneurial 2021 : la France, terreau fertile pour l’entrepreneuriat, qui résiste à la crise | Bpifrance, octobre 2022

Méthodologie : échantillon de 5 066 personnes, représentatif de la population française métropolitaine âgée de 18 ans et plus et de 501 personnes, représentatif de la
population française résidant dans les Quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) et âgée de 18 ans et plus.
La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération.
Les interviews ont été réalisées pour l’enquête “nationale” par questionnaire auto-administré en ligne du 1 au 15 juin 2021 et pour les QPV par téléphone du 9 au 21 juin 2021.
L’IEF est produit tous les deux ans.

Calcul de l’Indice entrepreneurial français (IEF) :
L’indice entrepreneurial global est la part des Français qui appartiennent à la chaîne entrepreneuriale (ceux qui ont au moins 1 des 4 profils : chef d’entreprise (actuel ou ayant cédé une activité), porteur de projet ou intentionniste.
Définition des 4 profils pour aboutir à l’indice :
  • Les chefs d’entreprise : propriétaires d’au moins une entreprise créée ou reprise, la dirigeant seuls ou avec des associés (hors associés n’ayant jamais travaillé dans l’entreprise).
  • Ex-chefs d’entreprise : personnes ayant fermé ou cessé l’activité d’une entreprise dont elles étaient propriétaires et qu’elles géraient ou cogéraient.
  • Porteurs de projet : personnes ayant engagé des démarches pour créer ou reprendre une entreprise et dont le projet a déjà abouti ou est en cours de réalisation, voire suspendu.
  • Intentionnistes : personnes envisageant de créer une nouvelle entreprise ou de reprendre une entreprise existante sans encore avoir engagé de démarches pour le faire.
Un Français dont la situation correspond à plusieurs profils, n’est compté qu’une fois. Mais pour les indices des 4 composantes de l’IEF, un Français dont la situation correspond à plusieurs profils, est compté dans autant de profils que nécessaire ; c’est notamment le cas au sein des chefs d’entreprise, ceux en activité pouvant aussi être comptabilisés comme ex chef d’entreprise s’ils ont déjà créé dans le passé.

Une de limites concerne l’autoentrepreneuriat, devenu microentreprise : ils sont intégrés et pèsent 14%, mais l’implication entrepreneuriale est fort différente pour qui ne produira de fait jamais de recettes ou de très faibles recettes et ceux qui développeront.
Autre question : on ne sait comment les deux populations mères ont été choisies (étonnement qu’il y ait autant de reprise d’entreprise et d’employeurs chez les répondants).
 
André Letowski est expert en entrepreneuriat, en petites et très petites entreprises. Il publie une note mensuelle regroupant une sélection brute ou retravaillée et commentée des corpus statistiques français, des enquêtes et publications concernant le domaine des TPE, PE et PME.




Sur le même thème