Fondation d'entreprise
 
 
André Letowski
Emploi 
28 nov 2022

Recruter pose toujours problème

Si la conjoncture est peu favorable, les entreprises sont peu nombreuses à craindre une faillite contrairement au sondage de Bpifrance (2 % vs 9).

⇒ La conjoncture

L’indicateur de l’optimisme atteint son niveau le plus bas depuis décembre 2020, au sortir du second confinement : 64 points aujourd’hui contre 54 à l’époque ; les incertitudes actuelles ont fini de balayer les améliorations du premier semestre.

La chute de l’indicateur est surtout visible chez les chefs d’entreprises comptant au moins 10 salariés (55 points, -9 depuis septembre). L’optimisme des dirigeants d’entreprises de moins de 10 salariés enregistre une baisse plus discrète (64 points, -3).

La confiance dans les perspectives économiques se dégrade moins, mais demeure à un niveau historiquement bas. 59 % des dirigeants ont confiance pour les perspectives de leur entreprise pour les 12 mois à venir (-2 points).

⇒ Les intentions d’embauche.

Les intentions d’embauches sont en berne avec 7 %, rejoignant le niveau le plus bas depuis mars 2021 (7 % également).

Alors que 22 % chercheraient à embaucher, ces intentions se heurtent le plus souvent à des difficultés dans le processus de recrutement (16 %), ce qui empêche la moitié des dirigeants en phase de recrutement de le faire (8 %). Les autres ont parfois décidé de modifier leurs critères de recrutement (4 %) ou ont finalement vu leurs efforts payer et réussi à recruter (4 %).

Les entreprises employant dix salariés ou plus sont davantage exposées aux problèmes de recrutement, alors que 82 % cherchent à recruter, mais 71 % font état de difficulté et 21 % n’arrivent pas à recruter.

♦ De tous les secteurs économiques, celui de l’industrie est le plus touché par les difficultés de recrutement (45 % souhaitent embaucher et 36 % rencontrent des difficultés à le faire).
Ceux de la construction le sont aussi (25 % souhaitent recruter, 23 % font état de difficulté).

♦ Les difficultés de recrutement sont d’autant plus problématiques qu’elles ont des conséquences négatives sur l’activité économique pour 82 %. Ces perturbations touchent le plus souvent la logistique (34 %), et peuvent parfois amener à perdre ou devoir refuser des clients (19 %), voire à interrompre ponctuellement l’activité (11 %), ou encore une désorganisation de la gestion RH (19 %) ou une surcharge de travail (11 %).

Dans les grandes entreprise, les conséquences des problèmes de recrutement concernent plus souvent la logistique (55 % contre 28 % dans les entreprises plus petites) et la gestion RH (30 % contre 16 %).

Pour les moins de 10 salariés, elles impliquent la perte ou le refus de nouveaux clients (23 % contre 4 % dans les entreprises plus grandes).

♦ 46 % des dirigeants n’envisagent pas une revalorisation salariale des postes vacants face aux difficultés de recrutement, parce que la santé financière de leur entreprise ne le permet pas (19 %) ou par principe (27 %).

Au contraire, 36 % des dirigeants d’entreprise l’ont fait et 15 % l’envisagent. 44 % des entreprises de 10 salariés ou plus ont déjà revalorisé le salaire des postes vacants vs 34 % pour les moins de 10 salariés.

⇒ Les PGE

18 % déclarent que son entreprise a bénéficié d’un Prêt Garanti par l’État.
Parmi les bénéficiaires d’un PGE, 9 % l’ont remboursé ; 10 % ont choisi détaler cette dette contre 79 % qui remboursent sans étalement.

Les 2/3 des dirigeants d’entreprise ayant contracté un PGE ne signalent aucune difficulté causée par le remboursement.
Chez ceux qui rencontrent des problèmes de remboursement (33 %), 31 % déclarent que leur entreprise est fragilisée (quasiment tous), mais très peu disent qu’elle est menacée de faillite (2 %).

Les entreprises comptant dix salariés ou plus ont davantage eu recours à un PGE : 34 % contre 17 % des entreprises avec moins de 10 salariés. 20 % ont fini de rembourser contre 8 % des entreprises bénéficiaires plus petites.

Pour en savoir davantage : 
"La grande consultation des entrepreneurs, vague 74, CCIFrance, LCI, La Tribune, novembre 2022, octobre 2022

Méthodologie : Étude réalisée par téléphone entre le 12 et le 19 octobre, auprès d’un échantillon de 607 dirigeants d’entreprise. Opinion Way a réalisé cette enquête en appliquant les procédures et règles de la norme ISO 20252. La représentativité de l’échantillon a été assurée par un redressement selon le secteur d’activité et la taille, après stratification par région d’implantation.

 
André Letowski est expert en entrepreneuriat, en petites et très petites entreprises. Il publie une note mensuelle regroupant une sélection brute ou retravaillée et commentée des corpus statistiques français, des enquêtes et publications concernant le domaine des TPE, PE et PME.




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