Fondation d'entreprise
 
 
André Letowski
Etude 
21 déc 2022

Les jeunes et l’entreprise

Une étude fouillée, toute orientée vers ce que souhaitent les jeunes et peu interrogative sur ce qu’ils vivent ou pourraient vivre dans une entreprise.

⇒ Représentations de l’entreprise et opinion vis-à-vis de l’engagement

♦ Les 3 rôles principaux d’une entreprise pour les jeunes

  • Créer de l’emploi, embaucher des gens (en 1ère réponse 27 %, 51 % si l’on cumule avec réponse en second),
  • Donner les moyens à ses salariés de s’épanouir professionnellement (19 et 40 %, mais 50 pour ceux qui vivent en couple et 45 % pour les femmes), mais aussi “donner les moyens d’accéder à l’autonomie financière” (7 et 17 %), et “contribuer à l’employabilité de ses salariés” (5 et 13 %),
  • Être utile pour la société (24 et 38 %, mais aussi 47 pour les Bac+3), mais aussi “’anticiper les transformations sociales et environnementales” (6 et 16 % et bac+3, 22 %),
  • Enrichir ses propriétaires (6 et 12 %), un item finalement jugé peu important.

♦ Sur quel(s) sujet(s) une entreprise doit aujourd’hui s’engager en priorité ?

  • La préservation de l’environnement en 1er lieu (37 %),
  • La défense du pouvoir d’achat (25 %), la lutte contre la pauvreté (19 %),
  • Un ensemble d’actions “sociales” : la lutte contre les inégalités entre les femmes et les hommes (23 %), le soutien des jeunes (22 %), la lutte contre le racisme et les discriminations (liées au handicap, à l’apparence, aux religions…) avec 16 %, la lutte contre l’homophobie (4 %) et la défense de la démocratie (4 %),
  • La transmission des savoirs (15 %) et le progrès scientifique et technique (11 %).
L’aspect économique, emploi, développement de l’entreprise n’apparait pas ou peu (à relier toutefois avec la question précédente).

♦ Quelle est la preuve d’un engagement sincère pris par une entreprise ?

  • Le refus de travailler avec des fournisseurs qui ne respectent pas cet engagement (31 %) et le refus de vendre à des clients qui ne respectent pas cet engagement (10 %),
  • Des actions de type “social” : des partenariats avec des associations (21 %), de l’argent réservé tous les ans pour des causes (21 %), du temps laissé aux salariés pour s’engager pour la cause défendue par l’entreprise (16 %),
  • Une formalisation de l’engagement de l’entreprise : une inscription dans ses statuts pour que son activité contribue positivement par ses engagements sociaux et environnementaux à l’intérêt collectif de la société (entreprise à mission) pour 18 %, Inscrire au bilan de l’entreprise les résultats de l’engagement de l’entreprise (9 %, un dispositif pour reconnaître l’engagement syndical ou politique et/ou sociétal dans le parcours professionnel (8 %), des prises de position dans les médias (7 %),
  • Redistribuer ses bénéfices à ses clients par un système de ristourne (13 %),
Noter que 11 % ne savent pas répondre à cette question

♦ Ce qui manque surtout aujourd’hui dans l’entreprise.

  • La place accordée à la parole et à la participation des salariés (36 % mais 41 les ouvriers et employés), l’alignement entre les valeurs prônées par l’entreprise et le quotidien de travail (24 % mais 37 % les bac+3), la place accordée à la prise d’initiative (16 %),
  • Un management basé sur la confiance et l’autonomie (29 %), la prise en compte des singularités des individus (22 %),
  • La place accordée à la créativité (14 %).

⇒ Idéaux et attentes vis à vis de l’entreprise

♦ Le modèle d’entreprise idéale

  • Une entreprise locale (37 %, ouvriers 55),
  • Une entreprise de l’économie sociale et solidaire (26 % mais bac+3, 33),
  • Une start-up (23 %),
  • Une grande entreprise du CAC 40 (14 %, hommes 19),
  • Aucune de celles-là (7 %),
  • Ne savent pas (19 %).

♦ Les valeurs qui leur donnent le plus envie d’aller y travailler.

  • Autour des valeurs suivantes : le respect (57 %), la confiance (44 %, les étudiants 49), l’écoute (29), la solidarité (28), la transparence (21, mais 28 les bac+3), la liberté (20), l’engagement (17),
  • Beaucoup moins autour de l’entreprise dans son environnement : l’innovation (12, mais étudiants 17), la modernité (10), l’exemplarité (9), la compétitivité (9).

♦ Quel est le manager idéal ?

  • Un manager qui accompagne le salarié : il crée un environnement de travail épanouissant (31 %, mais 40 bac+3 et 37 les femmes), il reconnait le travail accompli (30), il donne confiance (21), il fait progresser (20) et encourage (20),
  • Un manager qui paie bien (18 %),
  • L’organisation du travail : un manager qui donne des objectifs clairs (11 %,19 bac+3), qui sait prendre des décisions (9), et qui est exemplaire (8).

♦ Dans les rapports avec les collègues de travail, ce qui est le plus important :

  • Une bonne ambiance (54 %, les ruraux 62), des temps conviviaux proposés au sein de l’entreprise (17, 22 bac+3), des liens amicaux au travail et en dehors (12, mais 20 pour ceux qui vivent seuls),
  • Des collègues sur lesquels on peut compter en cas de difficulté (42), qui aident à développer ses compétences (26),
  • Une relation d’égal à égal avec le manager (20).

♦ Les principales attentes vis-à-vis de leur travail

  • Un poste bien payé (43 %)
  • Une activité intéressante (32, 39 les étudiants), être utile (23),
  • Un poste qui permet d’avoir du temps libre pour sa vie personnelle (30, mais 36 bac +3 et 35 les femmes),
  • Un poste où l’on travaille en équipe, en bonne entente avec ses collègues (29),
  • Un poste stable, où l’on se sent en sécurité (21, mais 26 ceux qui vivent en couple, 25 les femmes), un bureau fixe (5),
  • Un poste où l’on est autonome (18), où on peut évoluer rapidement (17 mais 24 en région parisienne), un poste à responsabilité (10),
  • Un poste qui permet de défendre des valeurs qui tiennent à cœur (13),
  • Un poste qui permet de voyager (9).
En majorité, ils trouvent normal que leur entreprise les accompagne comme personne “sociale” : avoir une meilleure connaissance des droits et des accompagnements (mutuelle, aide…) pour 76 %, accompagnement dans l’accès au logement ou l’accès à la mobilité pour 66 %, mais aussi proposition d’entrer dans le capital (51 % mais 25 ne savent pas se prononcer), et que l’entreprise paye une partie de leur loyer en cas de télétravail (43 % vs 38 opposés).

L’environnement de travail idéal

  • C’est un travail où ils ont un bureau attitré (38 % mais 49 bac+3) vs un travail où les bureaux sont partagés (20),
  • Un travail fréquent à domicile (23 %) ; à propos du télétravail, 44 % apprécieraient le télétravail à domicile (63 bac+3) et même 14 % tout le temps, vs 17 en coworking pour élargir leur réseau professionnel (27 ceux qui souhaiteraient rejoindre une start-up, 24 ceux en région Parisienne), vs un travail où l’on est souvent en déplacement (23) et 13 en flex-office (partage des bureaux) pour favoriser la collaboration interne.

♦ Concernant leur vie professionnelle, ils souhaitent :

  • Rester au sein de la même entreprise autant que possible (30 %, mais employés 37, et ceux qui vivent en couple 36),
  • Bouger : changer d’entreprise à plusieurs reprises (20, mais 29 bac+3, 28 vit en région parisienne), travailler à l’étranger (17), changer de région (15), travailler pour plusieurs entreprises en même temps (8),
  • Et créer son entreprise (24),
  • 17 % ne savent pas.

♦ Ce qui les angoisse le plus ?

  • L’idée de ne pas gagner suffisamment d’argent (46 %),
  • L’ennui et l’inutilité : l’idée de s’ennuyer au travail (37 % mais 44 bac +3), de ne pas être intéressé par son travail (37 mais 44 bac+3 et 45 ceux qui envisagent de rejoindre une start-up), de faire la même chose toute votre vie (28), de ne pas avoir assez de travail (8), de faire un travail inutile (24, mais 29 ceux qui vivent seuls),
  • L’idée de passer trop de temps à travailler (27 % mais 32 les couples),
  • L’idée d’avoir un travail contraire à ses valeurs (25 %),
  • L’idée de perdre son emploi (23 %),
  • 6 % ne savent pas répondre.

⇒ L’entrée dans le monde professionnel

♦ Les objectifs du premier emploi

  • Gagner de l’expérience (41 % mais 51 bac+3),
  • Subvenir à ses besoins (38 % mais 44 les 18*24 ans), accéder à un logement (22 %), gagner en pouvoir d’achat (21 % mais 32 pour ceux qui recherchent en grande agglomération), financer un projet (formation, …) pour 11 %, économiser pour voyager (10 %),
  • Être reconnu socialement (11 %, mais 17 pour qui vit seul et 16 pour les employés/ouvriers), et s’élever socialement (7 %),

♦Les principaux obstacles pour obtenir un premier emploi

  • Le manque d’expérience (50 %),
  • Le manque de confiance vis-à-vis de la jeunesse dans la société (34 % mais 41 bac+3),
  • Le manque de formation / le manque de compétences (21 %), le manque de réseau (17), le manque de valorisation de l’apprentissage et l’alternance (14), le manque de reconnaissance de certaines filières professionnelles (11),
  • Les discriminations (lieu de résidence, origine, genre…) pour 14 % et les difficultés de mobilité (13).
Les compétences acquises pendant leur formation (école, stage, alternance) servent à une valorisation du CV (33 %), ou à une référence professionnelle (11 %), et donc un tremplin vers l’emploi (23 %, mais 34 % envisagent l’embauche dans une grande entreprise) et un moyen de se constituer un réseau professionnel (15 %), mais 18 % soit ne savent pas, soit imaginent une autre raison.

Noter que 45 % se sentent suffisamment armés pour négocier leurs conditions d’embauche (52 les bac +3) et 47 peu armés (56 % les ruraux et 53 les étudiants).

⇒ Projections par rapport à l’avenir

♦ L’avenir de leur activité professionnelle

Si 62 % sont optimistes quant à leur avenir professionnel, et 28 % pessimistes (mais 54 % les inactifs), ils ne sont plus que 54 % au regard de l’actuel marché de l’emploi.

67 % se projettent dans l’avenir à 10 ans (dont 44 % les 5 prochaines années, mais 57 % les bac+3), 10 % au-delà alors que 23 % ne savent pas (32 % les diplômés inférieurs au bac).

En pensant à l’avenir du travail dans les dix prochaines années, le modèle majoritaire serait fort diversifié : CDI 27 %, CDD 20 %, indépendants 17 %, la fin des CDD et CDI remplacé par autre chose 9 %, un revenu universel 5 % mais 22 % ne savent pas.

59 % souhaitent apprendre et suivre des formations tout au long de leur vie (71 les bac +3).

♦ Leur avenir à titre personnel

Au regard de leur épargne et de leur protection sociale : si 60 % souhaitent (souvent) épargner, notamment les couples (73 %), ils sont fort minoritaires à considérer le financement de leur protection sociale (assurances, mutuelles, assurance vie, sécurité sociale…) 29 % (mais couple 41) et retraite 19 % (couple 28) ; 28 % songent à l’argent et/ou au patrimoine qu’ils souhaitent transmettre (mais couple 40).

Ils ont par ailleurs envie de :
  • Devenir propriétaire de leur habitat (59 %, mais 66 bac+3), ou construire une maison,
  • Fonder une famille (49 %), se marier (36 % mais 46 bac +3 et 44 les femmes),
  • Créer une entreprise (23 %) ou prendre des parts dans une entreprise (13 %),
  • S’engager pour la société (défendre une cause sociale, environnementale ou politique) pour 20 % (25 les bac+3).
48 % souhaiteraient vivre proche de la nature (mer, montagne, campagne, …notamment les couples 57 et les femmes 54), 28 % vivre dans une agglomération de taille moyenne, 20 % vivre dans une grande agglomération (Paris, Lyon, Marseille…notamment ceux qui vivent en région Parisienne 39 et ceux qui vivent seuls 25) et 18 % vivre à l’étranger (25 les étudiants).

Qu’est-ce une vie réussie selon eux ?
  • Une vie de famille épanouie (32 % mais 44 les couples, 38 les bac+3 et 36 les femmes)
  • Une vie riche en voyages et rencontres (25 %),
  • Une vie où l’on gagne bien sa vie (21 %),
  • Une vie faite d’engagements, où on est acteur de la vie citoyenne (10 %).
Noter que 45 % envisagent un engagement (53 les bac+3, 50 les femmes) dont 25 % comme membre d’une association, 16 % pour participer à un « mouvement » (mouvement de jeunesse, mouvement environnemental), 10 % avec l’envie de créer une association, 9 % être membre d’un parti politique et 7 % membre d’un syndicat. 36 % n’envisagent aucun engagement et 19 % ne savent pas.

Noter que 67 % souhaiteraient avoir la possibilité de libérer du temps pour s’engager ou faire autre chose tout en étant rémunéré (revenu minimum).

Depuis la crise sanitaire et les confinements, 56 % disent être davantage en recherche de sens et 42 % plus motivés qu’avant. Noter que 66 % affirment, suite à cette crise, avoir plutôt bon moral.

54 % trouvent qu’il nous manque surtout de la solidarité entre les gens, et de façon proche 4 items, de l’optimisme (27 %), de la joie (25 %), le sens de l’effort et du sacrifice (22 %), de la liberté (21 %), mais aussi 12 % de l’insouciance.

Pour en savoir davantage : "Les jeunes et l’entreprise Vague 2", Fondation Jean Jaurès, Macif, BVA, lu décembre 2022

Méthodologie : échantillon de 1000 Français âgés de 18 à 24 ans, représentatif de la population nationale âgée de 18 à 24 ans ; interrogé par Internet du 12 au 22 septembre 2022.

La représentativité de l’échantillon a été assurée grâce à la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, profession de l’interviewé et de la personne de référence du ménage, région et catégorie d’agglomération.
 
André Letowski est expert en entrepreneuriat, en petites et très petites entreprises. Il publie une note mensuelle regroupant une sélection brute ou retravaillée et commentée des corpus statistiques français, des enquêtes et publications concernant le domaine des TPE, PE et PME.




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