Au 1er semestre 2022, 173 000 contrats de travail du secteur privé sont rompus suite à un licenciement pour faute grave ou lourde. 71 % (123 000) sont justifiés par un abandon de poste, devant ceux de nature disciplinaire (27 %, en majorité des violences, des comportements déloyaux ou d’insubordination). Il s’agit pour l’essentiel d’abandons de poste définitifs (94 %), nettement plus rarement d’abandons temporaires (6 %).
116 000 concernent des CDI (5 % de l’ensemble des fins de CDI sur la période et 14 % des fins de CDI).
Toujours pendant cette période, 2,110 millions ont connu une rupture de CDI, dont 43 % par démission, 12 % par rupture conventionnelle, 12 % par fin de période d’essai, 28 % pour d’autres raisons et 5 % par abandon de poste.
41 000 salariés abandonnent un CDI et sont licenciés pour faute grave ou lourde dans le commerce, le transport, ce qui représente 7 % des fins de CDI dans ces secteurs ; ils sont 16 000 dans les HCR (6 % des fins de CDI) et 40 000 dans les autres services (5 % des fins de CDI), soient 86 % des abandons dans les services. Ils sont nettement moins fréquents dans l’industrie (8 000) et la construction 8 000 et 4 % des fins de CDI dans les deux cas.
37 % des salariés abandonnant leur CDI au 1er semestre 2022 accèdent au moins une fois à un nouvel emploi dans les trois mois suivant leur abandon de poste. Parmi ces 37 %, 16 % retrouvent un CDI, une proportion identique à celle observée pour les salariés mettant fin à leur CDI par une rupture conventionnelle, eux aussi potentiellement éligibles à l’assurance chômage.
Noter que 55 % se sont inscrits à pôle emploi (dont 16 % en emploi salariés dans les 3 mois) et 24 % non-inscrits et sans emploi.
Pour en savoir davantage : Combien de salariés abandonnent leur poste et que deviennent-ils ? | Dares focus N°12, février 2023
Méthodologie : une enquête en octobre et novembre 2022, menée auprès d’établissements ayant reporté, dans leur déclaration sociale nominative (DSN), au moins un « licenciement pour faute lourde ou grave » pour les CDI ou une « rupture anticipée pour faute grave ou lourde » pour les CDD au cours du premier semestre de l’année. L’échantillon porte sur 2000 salariés et le taux de réponse s’élève à 40 %. L’enquête ne permet pas d’estimer le nombre d’abandons de poste durant les périodes d’essai, ni les abandons de poste qui ont donné lieu à un licenciement pour faute simple.
Définition : Un abandon de poste décrit une situation dans laquelle un salarié quitte son poste de travail sans avoir prévenu ou obtenu l’autorisation de son employeur. Actuellement, il peut donner lieu à un licenciement ou une rupture anticipée de CDD pour faute grave ou lourde et permet potentiellement d’ouvrir un droit à l’assurance chômage.
L’article 4 de la loi n° 2022-1598 du 21 décembre 2022 prévoit une modification du traitement des salariés qui abandonnent leur poste. Après mise en demeure par leur employeur, ceux-ci seront désormais considérés comme démissionnaires et ne pourront donc plus ouvrir un droit à l’assurance chômage.
André Letowski
Emploi
03 mar 2023
123 00 abandons de poste au 1er semestre 2022
Fait plutôt nouveau, les abandons de poste sans négocier avec l’employeur. Ils ne sont toutefois que 5 % des abandons de poste en CDI.
André Letowski est expert en entrepreneuriat, en petites et très petites entreprises. Il publie une note mensuelle regroupant une sélection brute ou retravaillée et commentée des corpus statistiques français, des enquêtes et publications concernant le domaine des TPE, PE et PME.
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