Fondation d'entreprise
 
 
André Letowski
Etudes 
14 mai 2023

2 millions de personnes ont mobilisé leur CPF en 2021

Les bénéficiaires des formations sont très largement satisfaits ; 64 % ont utilisé ce qu’ils ont appris.

L’accès à la formation

Dans les 3/4 des cas l’inscription est à l’initiative de la personne qui suit la formation, 6 % un démarchage, 4 % l’employeur et 15 % quelqu’un d’autre.

49 % des inscriptions interviennent rapidement après la prise de décision, 30 % au bout de quelques semaines, 21 % plus tard.

1/3 des personnes ayant utilisé leur CPF ont bénéficié d’un accompagnement pour préparer leur entrée en formation : 14 % par un organisme de formation, 6 % une personne de leur entourage, 4 % le service public de l’emploi (14 % des demandeurs d’emploi) et 3 % l’employeur.

8 formations sur 10 ont au moins un objectif professionnel :

  • 35 % pour améliorer leurs perspectives de carrière, 26 % être plus efficace dans son travail, 25 % obtenir une certification pour être mieux reconnu,
  • 26 % se reconvertir, 22 % trouver un nouveau travail, 22 % créer ou reprendre une entreprise, 16 % se faire accompagner pour se reconvertir,
  • 16 % pour se faire plaisir, 13 % augmenter ses revenus.
Noter que 17 % des formations CPF sont suivies par des personnes ne déclarant ni objectif professionnel ni finalité professionnelle. Ce sont souvent des formations de langues, suivies à distance, par des seniors.

⇒ Les formations suivies et la satisfaction

Pour 100 formations dont la date de fin était novembre 2021, 81 sont terminées, 11 ont été abandonnées, 5 n’ont pas commencé et 3 sont toujours en cours. 54 sont certifiantes (32 certifications ont été obtenues), 13 sont des permis de conduire, 14% visent autre chose (dont une formation à la création d’entreprise, un bilan de compétences).

86 % recommanderaient la formation suivie à un proche :
95 % pour les formations “obligatoires” préparant une certification inscrite au répertoire spécifique (RS) à 81 % pour les formations préparant une certification inscrite au répertoire national des certifications professionnelles (RNCP).

Hors permis de conduire, la très grande majorité des personnes ayant suivi une formation dans le cadre du CPF considèrent que la formation leur a apporté des informations peu faciles à trouver (82 % pour les formations à la création d’entreprise, 80 % pour les formations RNCP).

94 % sont satisfaites de la qualité des formateurs.

20 % auraient été prêts à payer leur formation

Plus souvent les hommes (22 %) que les femmes (15 %), les moins de 30 ans (25 % vs 8 % les 60 ans et plus), 22 % les personnes en recherche d’emploi, 21 % les indépendants (vs 17 % les salariés du privé).

Les formations que les utilisateurs auraient rétrospectivement été prêts à payer intégralement sont en moyenne plus courtes, moins chères, avec un prix horaire inférieur, et plus souvent suivies en présentiel que les autres. Les formations RNCP sont rarement dans ce cas (12 %), en revanche les formations obligatoires (30 %), les formations au permis B (33 %) et les formations de français (26 %) le sont plus souvent que la moyenne.

L’impact des formations suivies

♦ 64 % des personnes ayant suivi une formation CPF déclarent avoir utilisé ce qu’elles ont appris pendant la formation, 19 % pensent l’utiliser plus tard, alors que 5 % pensent ne pas les utiliser. Les formations suivies suite à un démarchage semblent être les moins utiles (39 % les ont été mobilisées 8 à 9 mois après la fin de la formation).

55 % des personnes déclarent avoir atteint au moins un de leurs objectifs : 61 % les indépendants, 57 les salariés, 51 les personnes en recherche d’emploi, 44 les autres.

♦ La création d’entreprise mérite une attention particulière. Les personnes déclarant suivre une formation dans le but de créer une entreprise peuvent être à un niveau d’avancement de leur projet très variable. La formation suivie peut remplir des objectifs divers : se former à un nouveau métier que l’on souhaitera exercer en tant qu’indépendant par exemple ou apprendre à gérer une entreprise. Seulement 1/3 des personnes déclarant vouloir créer une entreprise suivent effectivement une formation à la création d’entreprise. Parmi ces dernières, près de 30 % déclarent leur entreprise active au moment de l’enquête.

Chez les personnes ayant déclaré vouloir créer une entreprise, 51 % des salariés ont créé ou sont en cours de création, alors que 46 % ont abandonné ; il en est de même pour 71 % des indépendants (27 % ont abandonné), 66 % des chômeurs, alors que 32 % ont abandonné.

La formation peut avoir conduit son bénéficiaire à repenser ou abandonner son projet, ce qui peut être à l’origine des abandons ou mises en suspens déclarés par 39 % des personnes concernées.

♦ 1/3 des enquêtés ayant trouvé un nouveau travail l’attribue à la formation suivie.
  • 26 % des salariés à l’inscription en formation sont toujours salariés 8 à 9 mois après la fin de celle-ci et ont connu une évolution professionnelle (dans ou hors de l’entreprise d’origine).
  • 35 % des personnes en recherche d’emploi à l’inscription en formation sont en emploi 8 à 9 mois après leur formation. Le retour à l’emploi est particulièrement fréquent pour les personnes ayant préparé le permis B (concerne la moitié).
  • 1/3 des personnes ayant suivi une formation « obligatoire » estiment qu’elle leur a permis de trouver un nouveau travail (20 % pour celles ayant préparé un permis de conduire, fait un bilan de compétence ou suivi une formation RNCP et seulement 6 % pour les personnes ayant suivi une formation « non obligatoire » relevant du RS.

Le reste à charge pour les utilisateurs du CPF :

♦ 15 % sont dans ce cas dont 8% des demandeurs de formation, 4 % financées par Pôle emploi et 3 % par un Opco ou l’Agefiph.

♦ 54 % ont payé moins de 250€ (dont 32 moins de 100€), et 29 % plus de 500€ (dont 17 % au moins 1 000€. 52 % ont payé moins de 20 % du coût de la formation (dont 21 % moins de 5 %), alors que 18 % ont payé au moins 50 % de son coût.
Les formations devant débuter en septembre 2022, qui sont en moyenne plus longues que l’ensemble des formations de l’année, coûtent environ 2 000€ en moyenne, avec une médiane de 1 400€ ; le reste à charge est de 620€ en moyenne, avec une médiane de 210€.

♦ Qui sont les utilisateurs du CPF qui ont le plus souvent un reste à charge ?

  • Les plus diplômés, 12 % des utilisateurs avec un Bac+5 ; les montants payés augmentent avec le niveau de diplôme jusqu’à la licence, atteignant environ 900€ en moyenne chez les titulaires d’une licence contre 300€ chez les non diplômés.
  • Les indépendants (12 %) et les inscrits à Pôle emploi (12 % qu’ils soient ou non en emploi) suivent pourtant des formations en moyenne moins chères (plus courtes pour les premiers, avec un coût horaire inférieur pour les seconds).
  • Les moins de moins de 30 ans, 11 % ont payé une partie de leur formation (vs 4 % pour les 50 ans et plus) ; en revanche, les montants versés sont plus importants à mesure que l’âge augmente.
  • Les cadres 10 %
Le reste à charge est moins fréquent et d’un montant plus faible pour les ouvriers et employés.

♦ Quelles sont ces formations ?

  • Les formations en présentiel ont plus souvent un reste à charge (un à deux points de pourcentage de plus que la moyenne) et les montants abondés sont en moyenne plus élevés. Ces formations sont généralement plus longues que les formations dispensées à distance.
  • Les formations longues ont plus souvent occasionné un reste à charge pour les utilisateurs du CPF (deux points de pourcentage de plus que la moyenne pour les formations de plus de 35h). Le montant du reste à charge augmente avec la durée de la formation.
  • Les formations très coûteuses : les utilisateurs ont payé un reste à charge pour 10% des formations de 2 500€ ou plus, pour un montant moyen d’environ 2 500€.
  • Et certains types de formation comme les formations au permis de conduire (15 %), les formations inscrites au RNCP (9 %) sont des formations dont les participants ont plus souvent payé un reste à charge que la moyenne. Les montants payés par le titulaire sont également plus élevés pour les formations inscrites au RNCP, qui sont généralement plus longues.
A l’inverse, la bureautique (1 %), les logiciels PAO/CAO/DAO, les formations d’hygiène et de sécurité (3 %) sont les formations ayant le moins souvent de reste à charge et les plus faibles montants abondés par l’utilisateur.

Les formations abandonnées (11 % des formations)

Plus d’un tiers des abandons sont liés au manque de temps des formés.

Si la part d’abandon varie peu selon le profil des personnes inscrites (sexe, âge, diplôme ou situation professionnelle), elle est très liée au type de formation. L’abandon est plus fréquent pour les formations en langues (21%), en communication numérique (19 %) et en bureautique (18 %) et rare ou inexistant pour les formations “obligatoires”, type habilitations sécurité (CACES, habilitation électrique, nucléaire…), formations obligatoires à l’hygiène, secours et sécurité.

L’abandon est aussi très lié au mode de délivrance de la formation : 18 % des formations complètement réalisées à distance sont abandonnées, contre 2 % des formations uniquement en présentiel. 56 % attribuent cette interruption à une incompatibilité avec leur vie : le manque de temps pour suivre la formation (38 %), la survenue d’un évènement imprévu (25 %), peu l’éloignement du domicile (3 %).

35 % évoquent au moins un motif lié au niveau ou à la qualité de la formation : formation trop complexe (16 %), contenu est de mauvaise qualité (15 %), formation sans intérêt (13 %).

26 % citent la manière dont se déroule la formation : problèmes techniques ou d’organisation (16 %), formation plus longue qu’anticipé (9 %), problèmes relationnels avec les formateurs ou les autres stagiaires (6 %), abandons à la suite d’une annulation par l’organisme de formation (4 %).

18 % des enquêtés invoquent au moins une autre raison que celles listées ci-dessus.

Quelques particularités selon les objectifs de formation

♦ Les certifications

Les 2/3 des formations sont certifiantes. 67 % obtiennent la certification préparée ou habilitation inscrite à l’un des répertoires nationaux, le RNCP ou le Répertoire spécifique.

36 % des personnes suivant une formation certifiante déclarent ne pas s’être présentées pour passer la certification. Établi autour de 40 % pour les formations en bureautique, communication numérique et langues, le taux d’obtention de la certification atteint 91 % pour les habilitations sécurité et 82 % pour les formations en hygiène. Les formations suivies à la suite d’une démarche commerciale débouchent beaucoup peu souvent (26 %).

♦ Les formations obligatoires

Il s’agit essentiellement de formations liées à la sécurité, au transport ou à l’hygiène. Plus longues (39 % plus de 35 hres vs 25), mais moins abandonnées (3 % vs 11), elles préparent à une certification qui conditionne l’exercice d’une profession ou d’une activité. Elles sont beaucoup plus souvent dispensées en présentiel (75 % vs 35) et généralement moins chères (70 % coûtent 1 000€ ou moins contre 43).

- Le public : des hommes (73 % vs 50), des peu diplômés (57 % ont un niveau de diplôme inférieur au baccalauréat vs 37), des 40-59 ans (45 % vs 39), des personnes en recherche d’emploi (38 % vs 23), des ouvriers (20 % vs 13).
77 % des salariés ayant suivi une formation « obligatoire » déclarent être à l’initiative de l’inscription (vs 75) ; lorsqu’elles sont suivies à l’initiative de l’employeur (9 %), les salariés ne se déclarent pas plus souvent contraints que pour les autres types de formation.
Ces formations sont plus fréquemment suivies pendant le temps de travail (36 % vs 26) et sont pour l’essentiel financées par les droits CPF seuls.

- Les salariés le font pour obtenir une certification pour valoriser leurs savoir-faire (39 % vs 23), se reconvertir (36 % vs 25), changer d’employeur (21 % vs 15), se mettre à leur compte (22 % vs 18). 7 à 8 mois après la fin de la formation obligatoire, 40 % de ceux en reconversion ont changé d’emploi ou créé leur entreprise (vs 32) et dans une moindre mesure, éviter de perdre leur emploi (11 % vs 7).

♦ 78 % des formations achetées suite à un démarchage préparent à une certification inscrite au répertoire spécifique hors “formations obligatoires” (contre 40 % de l’ensemble des formations).
97 % se déroulent à distance (vs 47) ; 70 % sont courtes et durent 20 heures ou moins (vs 47) ; 69 % ont un prix compris entre 1 000 et 2 500€ (vs 56). 94 % sont financées directement par droits CPF (vs 87).

Les personnes concernées sont un peu plus souvent des femmes, des personnes de 60 ans et plus, des indépendants ou des retraités, peu des personnes en recherche d’emploi ou des cadres. 66 % ne s’inscrivent pas dans un projet professionnel, même mal défini.

Pour quel résultat ? 18 % des formations, achetées suite à un démarchage, au moins suivies à moitié ont abandonnées (contre 10 % de l’ensemble des formations). 32 % des personnes ayant suivi ces formations utilisent ce qu’elles ont appris au cours de ces formations (vs 64).

Pour en savoir davantage : Quels sont les usages du compte personnel de formation ? | Dares (travail-emploi.gouv.fr)

Méthodologie : En 2022, la Dares et France compétence ont lancé 2 enquêtes auprès de personnes ayant mobilisé leur CPF : une enquête sur les entrants et une enquête sur les sortants (l’interrogation s’est tenue 8 à 9 mois après la fin prévisionnelle de la formation).

 
André Letowski est expert en entrepreneuriat, en petites et très petites entreprises. Il publie une note mensuelle regroupant une sélection brute ou retravaillée et commentée des corpus statistiques français, des enquêtes et publications concernant le domaine des TPE, PE et PME.




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