Fondation d'entreprise
 
 
André Letowski
Finance 
06 jun 2023

9 % des PME/TPE redoutent ne pas pouvoir rembourser leur PGE

Si les difficultés d’approvisionnement s’atténuent quelque peu, la situation demeure peu facile, conduisant à des tensions en trésorerie et à une réduction de la marge nette.

La trésorerie

♦ Alors que les tensions d’approvisionnement s’atténuent, les dirigeants semblent moins inquiets quant à l’évolution à venir de leur trésorerie : l’indicateur gagne 7 points, frôlant sa moyenne de longue période.

Au regard de ces 3 derniers mois, 32 % indiquent que leur trésorerie s’est dégradée (35 % en février) tandis que 12 % mentionnent une amélioration. En ce qui concerne la situation future de trésorerie, il y a amélioration avec un indicateur proche de sa moyenne de long terme.

♦ Depuis près de 2 ans, l’opinion relative aux délais de paiements des clients se situe proche de sa moyenne de longue période, s’améliorant même légèrement ; à l’inverse, celui relatif aux délais de paiements des fournisseurs est moins favorable. Le « solde commercial » subi par les PME /TPE se détériore.

♦ 63 % ont fait appel à un organisme de crédit pour financer leur trésorerie, soit un niveau nettement inférieur à sa moyenne d’avant pandémie (73 % sur la période T1 2017 – T4 2019).

17% déclarent avoir rencontré des difficultés d’accès au financement courant (en légère hausse) ; cette proportion reste plus faible que la moyenne d’avant pandémie (20 %).

Les investissements

♦ Au 2e trimestre 2023, 55 % des dirigeants comptent investir en 2023, une proportion stable sur un an (55 % pour l’année 2022 comparé au 1er trimestre 2023, 56 %).
27 % estiment que leurs dépenses d’investissement seront en hausse cette année, restant proche de sa moyenne de longue période (28 %), alors que 29 % prévoient une baisse.

♦ Le renouvellement d’équipements usagés ou obsolètes concerne 76 % des dirigeants et la modernisation des équipements et installations, 64 %. Le motif environnemental (qui inclut l’objectif d’économie d’énergie) concerne 40 % des chefs d’entreprise, l’introduction de nouveaux produits ou services (38 %), l’extension de la capacité de production (33 %), et la mise aux normes et une nouvelle implantation 1/4 des dirigeants.

72 % des dirigeants ayant l’intention d’investir en 2023 ont ou auraient recours au crédit pour les financer, une proportion quasi stable, nettement inférieure à sa moyenne pré-Covid (82 %).

18 % signalent des difficultés pour financer leurs investissements par les banques et les établissements de crédit
(une situation légèrement supérieure à sa moyenne pré-Covid,16 %).

Les freins à la croissance

♦ Les difficultés de recrutement restent de loin le premier frein cité par 56 % des dirigeants.

78 % des PME / TPE ayant rencontré un besoin de recrutement au cours des 12 derniers mois ont été confrontées à des difficultés dans leur démarche, une proportion légèrement supérieure à celle relevée avant crise (76 % en mai 2019). Les raisons principales de ces difficultés sont l’absence de candidat (66 %), suivie par l’inadéquation des candidats avec le poste (manque de qualification et d’expérience en particulier).

Les entreprises répondent à ces difficultés en modifiant leur organisation (60 %), notamment en développant leur polyvalence, augmentant la durée de travail des salariés en place, les formant (14 %), ou en mettant en place des solutions de mobilité de la main d’œuvre ou de télétravail (9 %),
Mais aussi en adaptant leur politique de recrutement (45 %, salaires plus élevés, baisse des exigences en termes de qualification), en modifiant les profils du poste à pourvoir (40 %), en ayant recours à de la main d’œuvre externe (35 %), en fidélisant leur main d’œuvre via des avantages monétaires (30 %).
Néanmoins, 30 % seraient amenées à restreindre leur activité.

♦ Les coûts et les prix trop élevés concernent 41 % des dirigeants. Afin d’amortir le choc sur leur marge nette, les dirigeants sont nombreux à répercuter les hausses de coût sur leurs prix de vente.

♦ Puis en 3e position, des tensions fortes d’approvisionnement (prix, délais de livraison, etc.) pour 36 % (en baisse de 4 points), après une hausse continue depuis 1 an et demi. Toutefois, 68 % font face à des difficultés d’approvisionnement (en légère baisse).

21 % considèrent qu’elles se sont amplifiées (en baisse), alors que 16 % signalent un relâchement. Les dirigeants sont par ailleurs plus nombreux qu’au trimestre précédent à anticiper une résorption de ces difficultés d’ici un an (39 %).

♦ Les perspectives de demande dégradées pèsent sur le développement de l’activité pour 35 %. Par ailleurs 28 % citent le niveau de concurrence (43 % avant la crise du Covid) et 12 % le manque de débouché.

Les hausses en 2023

♦ Celles des prix vente

58 % l’ont fait en 2022, 60 % le prévoient en 2023 (35 % de maintenir leurs prix inchangés et 5 % de les baisser). 63 % prévoyant d’appliquer une hausse de leur prix de vente cette année déclarent qu’elle sera supérieure à celle de 2022.

28 % des dirigeants prévoient pour 2023 une hausse de leurs prix de vente supérieure à 5 %, et 8 % une hausse supérieure à 10 % ; l’augmentation moyenne toute entreprise serait de 4,3 %.

♦ Celles des salaires

78 % prévoient d’augmenter le salaire de leurs collaborateurs en 2023, dont 84 % pour ceux qui ont des difficultés de recrutement. L’évolution salariale moyenne serait de +3,8 % en 2023 (contre +3,9 % de hausse moyenne déclarée pour l’année 2022). 51 % prévoient ou ont effectué des augmentations salariales pour 2023 supérieures à 3 %, dont 17 % une hausse moyenne de plus de 5 %. Pour 43 % des dirigeants prévoyant d’augmenter le salaire de leurs collaborateurs cette année, la hausse serait supérieure à celle de 2022, et moindre pour 18 % d’entre eux.

Une dégradation de la marge nette

De ces faits, 39 % des dirigeants anticipent une dégradation de leur marge nette (29 % une légère baisse et 10 % une franche baisse) ; 9 % des entreprises prévoient à l’inverse une amélioration de leur marge nette en 2023, et 42 % une stabilisation.

Les entreprises qui rencontrent des difficultés d’approvisionnement sont plus nombreuses à anticiper une baisse de leur marge nette que celles qui n’en rencontrent pas (43 % contre 30) quand bien même elles sont plus nombreuses à prévoir d’augmenter leurs prix de vente (73 % contre 32 % de celles ne rencontrant pas de difficultés d’approvisionnement).

Le remboursement des PGE

Parmi les 57 % répondantes ayant obtenu un PGE, 62 % déclarent avoir utilisé plus de la moitié du montant accordé, dont la moitié la quasi-totalité de leur prêt, 18 % n’en avoir utilisé qu’une minorité et 20 % n’avoir que « peu ou pas du tout » utilisé le montant de leur PGE.

18 % l’ont déjà remboursé dans son intégralité ou comptent le rembourser intégralement d’ici la fin de cette année, alors que 73 % comptent l’amortir sur plusieurs années ; 9 % craignent de ne pas être en mesure de rembourser (en hausse de 2 points par rapport au trimestre précédent mais stable sur un an).

A titre de comparaison, les résultats de la dernière enquête de conjoncture Bpifrance, basés sur un échantillon plus important, font part de 5 % de dirigeants craignant ne pas pouvoir rembourser leur PGE.

Pour en savoir davantage : "TRÉSORERIE, INVESTISSEMENT ET CROISSANCE DES PME / TPE Baromètre trimestriel", Bpifrance le LAB, Rexecode, mai 2023

Méthodologie : Interrogation par voie numérique de 2 189 dirigeants de PME/TPE du 13 au 24 avril 2023. L’analyse en première partie porte sur les 553 premières réponses jugées complètes et fiables reçues. L’analyse en seconde partie porte sur 550 PME/TPE, dont les réponses ont été redressées par taille d’effectif et secteur d’activité.
Champ : PME/TPE des secteurs marchands non agricoles, de 1 à moins de 250 salariés et réalisant moins de 50 M€ de chiffre d’affaires.

 
André Letowski est expert en entrepreneuriat, en petites et très petites entreprises. Il publie une note mensuelle regroupant une sélection brute ou retravaillée et commentée des corpus statistiques français, des enquêtes et publications concernant le domaine des TPE, PE et PME.




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