Une approche globale de leur profil
Si 35 % de l’ensemble des créateurs étaient sans emploi (dont 27 % au chômage) avant de créer leur entreprise (Sine, Insee 2014), les créateurs de startup n’y étaient que 5 %, alors que 69 % d’entre eux étaient en activité (dont 51 % salarié) vs 62 % pour l’ensemble (dont 36 % salarié) ; noter aussi que 25 % étaient des étudiants vs 3 %.Enfin, 64 % se classaient parmi les « cadres et professions intellectuelles supérieures », par contre moins comme ancien chef d’entreprise (18 % vs 26).
Les motivations pour créer sont pour partie différentes : les créateurs de start-up disent s’être lancés dans cette activité à la suite d’une idée nouvelle (64 % vs 14), par goût d’entreprendre (83 % vs 41 pour l’ensemble), et par opportunité (34 % vs 22) et moins souvent le fait d’être sans emploi (7 % vs 26), celui d’augmenter ses revenus (16 % vs 21), le fait d’être indépendant (53 % vs 57).
Les créateurs de startup semblent davantage attirés par la carrière entrepreneuriale pour des raisons positives, que contraints de créer leur entreprise pour s’assurer un emploi et un revenu.
3 profils
♦ Les « nouveaux entrepreneurs » : des cadres attachés au salariat (66 % de l’échantillon).
Il s’agit d’anciens cadres salariés, diplômés d’un niveau master, âgés entre 30 et 50 ans, qui vivent en couple avec au moins un enfant. Si 30 % d’entre eux déclarent être au chômage, quasiment aucun d’entre eux ne cherchait à « assurer son propre emploi ».S’ils manifestent un rejet de la subordination salariale, ces anciens cadres se révèlent très attachés aux droits sociaux associés au salariat ; ils cherchent à réduire le risque induit par leur transition professionnelle, en mettant en place différents types de stratégies : ils cumulent, pendant plusieurs mois, leur projet entrepreneurial avec leur emploi salarié, le temps de s’assurer de la viabilité économique de leur projet et/ou d’obtenir les premiers financements. Ils ont recours aux indemnités chômage comme ressource de transition, cherchant à réduire le risque en négociant une rupture conventionnelle avec leur employeur, ce qui permet d’ouvrir leurs droits au chômage pendant une durée (maximale) de deux ans.
Enfin, ils optent souvent pour un statut de chef d’entreprise salarié qui leur permet de conserver les droits sociaux du salariat (affiliation au régime général de la Sécurité sociale, cotisation pour leur retraite et mensualisation de leur salaire).
♦ Les étudiants-entrepreneurs, en quête d’indépendance (24 % de l’échantillon).
Il s’agit d’anciens étudiants, stagiaires ou alternants, qui ont créé leur startup à l’issue de leurs études. 94 % ont moins de 30 ans et sont sans contrainte familiale (95 % n’ont pas d’enfant et 50 % sont célibataires).Ils se distinguent par le niveau de leur diplôme (ils sont quasiment tous diplômés de grande école) ainsi que par leur motivation à entreprendre. Ils expriment un vif rejet du monde bureaucratique des « grands groupes », qu’ils ont découvert au travers de leurs stages en entreprise. Ces jeunes entrepreneurs disposent de nombreuses ressources (diplôme prestigieux, capital social et ressources économiques) et savent aussi qu’ils pourront facilement rebondir en cas d’échec et même valoriser cette expérience entrepreneuriale pour accéder à un poste plus élevé dans le salariat.
♦ Des indépendants en quête de nouvelles opportunités (10 % de l’échantillon).
Il s’agit d’anciens chefs d’entreprise, en grande majorité des hommes, moins diplômés que la moyenne des créateurs de startup (17 % ont un niveau de diplôme inférieur à bac+5 contre 35 % pour les créateurs de start-up).Installés de longue date dans l’indépendance, ils envisagent la création de startup comme moyen d’assurer leur emploi, et comme une manière d’augmenter leurs revenus. Toutefois, ils peinent à tirer un revenu de leur startup et conservent pour la grande majorité leur ancienne activité entrepreneuriale en parallèle, dont ils tirent la majeure partie de leurs revenus.
Pour en savoir davantage : "Création de startup et rapport au salariat : qui sont les "nouveaux entrepreneurs" ?", Cnam, Ceet, N°189, juin 2023
Méthodologie : une double enquête quantitative et qualitative, menée par entretiens (45) et par questionnaire (501) auprès de fondateurs et fondatrices de startup (1 500 envois en ligne) ; si l'échantillon ne peut être considéré comme représentatif de la population enquêtée, il a cependant permis de mettre en évidence certaines spécificités de cette population.
L’analyse des correspondances multiples (ACM) et la classification ascendante hiérarchique (CAH) ont permis de faire ressortir 3 classes d’individus marquées par différentes trajectoires d’emploi.
Si le terme start-up ne fait l’objet d’aucune définition stabilisée, les études estiment – selon les critères retenus pour les définir – entre 10 000 et 15 000 le nombre de startups créées en France. L’étude ne donne pas non plus de définition de la start-up, s’appuyant sur une sélection de personnes se définissant, sur LinkedIn, comme «(co-)fondateur et CEO/CTO» d’une entreprise dans la catégorie de «fondateur ou fondatrice de startup », sans critères objectifs pour les sélectionner.