Fondation d'entreprise
 
 
André Letowski
Emploi 
Etudes 
07 jul 2023

Le taux d’absentéisme progresse chez les jeunes de moins de 35 ans

3 causes principales expliquent cette situation : le stress, une charge de travail trop importante et le manque de reconnaissance.

Le taux d’absentéisme est en hausse en 2022 avec 5,64 %

Un niveau similaire au taux observé en 2020 (5,62 %). La hausse du taux d’absentéisme est liée à l’augmentation du nombre de salariés absents au moins une fois au cours de l’année, laquelle atteint un niveau historique en 2022 avec 45 % des salariés en CDI et CDD (contre seulement 35 % en 2021).

Toutes les catégories d’âge voient leur absentéisme augmenter entre 2021 et 2022, mais les salariés ayant moins de 25 ans et les 25-34 ans connaissent des niveaux d’absence plus élevés qu’en 2020 ou en 2019.

L’absentéisme pour des raisons autres que la santé est en recul, avec 16 % des salariés arrêtés en 2022, soit 7 points de moins qu’en 2021.
Concernant l’absentéisme dit « de complaisance », 2 % des salariés déclarent avoir été arrêtés en 2022 pour convenance personnelle ou suite à des congés refusés.

Noter qu’il existe un « absentéisme caché » : parmi les salariés n’ayant pas été arrêtés en 2022, une majorité déclare avoir malgré tout été malade mais ont choisi de continuer à travailler.

Les causes

La majorité des salariés français continuent d’estimer exercer un métier susceptible d’avoir un impact négatif sur leur santé mentale (62 % dont tout à fait 21 %,) ou leur santé physique (52 %, dont tout à fait 22 %) ; ces deux caractéristiques sont cumulatives et interdépendantes. En effet, 72 % de ceux exerçant un métier pénible physiquement estiment que celui-ci peut aussi affecter leur santé psychologique (+10 pts), et 62 % de ceux dont le métier a des conséquences néfastes pour leur santé mentale le trouvent également pénible physiquement (+10pts).

Parmi les motifs impactant le plus leur santé mentale aux yeux des salariés concernés figurent avant tout les situations de stress (pour 67 %), une charge de travail trop importante (51 %), un manque de reconnaissance (46 %), un ou plusieurs gestes répétés régulièrement (44 %).

Si ces facteurs sont surtout liés à l’organisation du travail, l’ambiance de travail est aussi citée par 1/3 mentionnant une pression psychologique de la part de leur(s) manager(s) ou bien une mauvaise ambiance de travail entre collègues.
32 % des salariés arrêtés évoquent une « grande fatigue » comme motif d’arrêt de travail.

En 2022, le COVID préempte encore une grande partie des absences : 43 % d’entre elles sont liées à une contamination personnelle et 21 % à celle d’un enfant.

Quels soutiens ?

♦ Face aux problématiques de santé au travail, des actions largement attendues par les salariés au niveau de l’entreprise au global, mais aussi au niveau plus proche de leur manager : 32 % estiment que les managers de leur entreprise sont suffisamment sensibilisés aux Risques Psychosociaux, alors même que ceux-ci sont des acteurs de plus en plus centraux dans les grandes transformations en entreprise.

De fait, une minorité d’interviewés soulignent l’accompagnement de leur manager (43 %, -8 pts vs 2021), de la médecine du travail (40 %, -1 pt), ou encore de la direction de leur service ou département (29 %, -6 pts) et de celle des ressources humaines (25 %, -9 pts).

Les collègues restent le plus grand soutien des salariés arrêtés plus d’une semaine en 2022 et pour des raisons autres qu’une maladie ordinaire ou saisonnière, mais ce sentiment s’effrite légèrement : 62 % indiquent ainsi avoir été soutenus par leurs collègues, soit 7 points de moins qu’en 2021.
72 % ont déjà été en contact dans leur carrière avec des collègues en situation de souffrance au travail (dont 19 % souvent).

♦ Le sentiment d’avoir été accompagné par les autres acteurs
(Médecine du travail, managers, DRH…) après une longue absence est minoritaire.

♦ Pour respectivement 73 % et 70 % des salariés absents, le dernier arrêt aurait pu être évité avec davantage d’actions de prévention santé et avec une plus grande facilité à évoquer les sujets de santé sur le lieu de travail.

Quelles attentes ?

L’intérêt pour différentes formations ou mesures pouvant être mises en place par l’entreprise en matière de santé au travail progresse, que ce soit sur les sujets de prévention (71 % des salariés intéressés,+6pts vs 2021), de gestion du stress et de prévention (67 %,+8pts), mais aussi sur des sujets plus personnels et intimes comme des conseils sur le sommeil (56 %,+5pts), des dispositifs d’aide pour l’accompagnement d’un projet malade (50 %, +8pts), ou encore une ligne d’écoute psychologique (5 0%, +9pts). Ces résultats confirment les attentes des salariés pour un rôle élargi de l’entreprise.

Les salariés culpabilisent

Les salariés arrêtés culpabilisent et ont souvent des pensées anxiogènes liées au travail durant leur arrêt : 69 % s’inquiètent notamment que celui-ci complique l’organisation du travail de leurs collègues, et 61 % qu’il les pénalise en matière de rémunération. Les salariés arrêtés pensent donc d’abord à leur équipe plutôt qu’à leurs intérêts personnels et à leur situation financière, preuve de leur investissement dans leur travail et de leur réticence à le délaisser, même lorsqu’ils n’ont pas le choix et ne sont plus en mesure d’assurer leurs missions.

53 % appréhendent le fait que leur absence impacte leur image professionnelle en laissant penser qu’ils sont moins impliqués dans leur travail, ou qu’elle suscite des critiques de la part de certains managers.

Pour en savoir davantage : "Une hausse du taux d’absentéisme chez les salariés en 2022 dans tous les secteurs d’activité », Observatoire de l'absentéisme, IFOP, groupe Diot-Siaci, avril 2023

Méthodologie : échantillon représentatif de 3005 salariés (public et privé) dont 1303 salariés ayant été arrêtés au moins 1 jour au cours de l’année 2022. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 09 au 20 mars 2023.

La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée, secteur d’activité) après stratification par région et catégorie d’agglomération.


 
André Letowski est expert en entrepreneuriat, en petites et très petites entreprises. Il publie une note mensuelle regroupant une sélection brute ou retravaillée et commentée des corpus statistiques français, des enquêtes et publications concernant le domaine des TPE, PE et PME.




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