Une approche globale du flux des défaillances et de son évolution
Le nombre de défaillances du 3e trimestre 2023 chiffre 10 979 entreprises défaillantes, en hausse de 23 % au regard de la même période 2022, de +3,9 % par rapport à 2019 et -3 % par rapport à la moyenne annuelle 2016-2018, montrant le retour “à la normale” avec la période pré covid.Cependant, le nombre de liquidations judiciaires est en hausse avec 71,8 % des défaillances vs 68 % pour la moyenne annuelle 2016-2019, au profit d’une baisse des redressements : -10,8 % au regard de 2019 et -16,3 % au regard de la moyenne 2016-2018. Pour sa part, le nombre de sauvegardes a progressé avec 278 sauvegardes en 2023, soit +21,4 % au regard de 2022, +35,6 % au regard de 2019 et +20,8 % au regard de la moyenne 2016-2018 ; c’est que le nombre d’entreprises de type PME a lui aussi augmenté.
Le nombre d’emplois menacés estimés, lui, bouge peu (entre 36 000 et 37 000, sauf en 2022), ce qui peut paraitre étonnant.
“Sur les 12 mois glissés, le cap des 53.000 entreprises défaillantes par an est franchi, revenant à son niveau de l’automne 2019″, selon Thierry Millon d’Altares.
Les défaillances par taille d’entreprises, avec une hausse nettement plus marquée pour les 10-49 salariés
Les 3 salariés et moins et les tailles inconnues sont toujours les plus nombreux (7 961 ou 72,5 % des défaillances), les 3-19 salariés 24,4 % et les plus de 20 salariés (337 ou 3,1 %), rappelant que les très petites entreprises sont de loin très concernées par les défaillances.Les défaillances des moins de 3 salariés ont moins progressé entre 2023 et 2022 (+18,5 %) que les 3 salariés et plus (+35,4 %, notamment les 20-49 salariés avec +44 %). Il en est de même de la progression au regard de 2019 (respectivement +1,5 % vs +13,4 %).
En ce qui concerne les liquidations au regard de 2022, les plus de 3 salariés ont bien moins progressé (+16 %) alors que les 3 salariés et plus ont chiffré de 28 à 41,5 %. Si nous comparons 2023 avec 2019, la hausse est forte pour les 10-49 salariés, tant pour les liquidations (37 à 70 %) que pour les redressements (23 à 36 %) vs pour les moins de 3 salariés +10 et -10 %.
Les taux de liquidations judiciaires diminuent au fur et à mesure que la taille augmente : 76 % pour les moins de 3 salariés, 62 à 68% pour les 3-9 salariés, 54 % pour les 10-19 salariés, 34 % pour les 20-49 salariés et 20% pour les 50 salariés et plus.
55 % des entreprises défaillantes ont entre 3 et 10 ans.
Si les entreprises de moins de 3 ans ont connu une forte hausse entre 2022 et 2023, ce sont aussi celles qui font état d’une baisse au regard de 2019. Les 6 à 10 ans sont celles qui au regard et de 2022 et de 2019 connaissent la situation le plus difficile.Noter que les taux de liquidation sont assez proches quelle que soit l’ancienneté des défaillantes, avec un taux plus élevé pour les moins de 3 ans et le plus faible pour les 16 ans et plus.
Quels taux de défaillances par activités fines ?
3 groupes d’activités ont les taux de progression les plus élevés de défaillance en nombre de défaillantes, tant en 2022/2023 qu’en 2019/2023 : l’informatique (+36 et +88 %), les activités financières (47 et 42 %), les services aux particuliers (la coiffure 38 et 49 %).Quelques activités fines ont aussi connu des progressions importantes : les travaux publics (25 et 26 %), les transports routiers de marchandises (20 et 25 %), la restauration rapide (28 et 21 %).
A l’inverse, certaines activités ont connu une baisse du nombre de défaillance : les activités récréatives (-13 et -21 %), la réparation hors auto (7 et -8 %), le commerce de détail (3 et -9 %), le commerce de gros (4 et -12 %), les transports de voyageur (5 et -29 %), la restauration traditionnelle (15 et -1 %), l’industrie (14 et 2 %).
Noter que le taux de liquidation judiciaire a progressé en moyenne de 5 % entre 2019 et 2013 ; il n’a régressé que pour peu d’activités. Qu’en tirer comme conclusion : une rigueur plus grande des tribunaux de commerce ?
Qu’en est-il dans les régions ?
Globalement la hausse du nombre de défaillance affiche entre 2022 et 2023, 23 % et entre 2019 et 2023, 4,6 %.3 régions connaissent une forte hausse des défaillances et entre 2022 et 2023 et 2019 et 2023 : l’outremer (48 et 53 %), la Corse (52 et 24 %) et plus modestement les Hauts de France (5 et 10 %).
7 régions affichent une stabilité au regard de 2019 : Bourgogne Franche-Comté (30 % comparé à 2022 et 1,2 % comparé à 2019), Bretagne (13,5 et 1,1 %), Normandie (18 et -1 %), Paca (18 et -1,6 %).
Noter que 2 régions ont nettement augmenté leur taux de liquidations judiciaires entre 2019 et 2023 : la Corse (+45 %) et Auvergne Rhône-Alpes (+16 %) ; par contre 4 régions ont pratiqué la stabilité : Bretagne (+0,9 %), Ile-de-France (+1,1 %), l’outremer (+1,5 %) et les Hauts de France (+1,7 %). Noter qu’aucune région n’a réduit ce taux.
Pour en savoir davantage.
La défaillance d’entreprise correspond à l’ouverture d’une procédure de sauvegarde, redressement judiciaire ou liquidation judiciaire directe auprès d’un Tribunal Judiciaire. Cela ne recouvre donc ni les procédures amiables (mandat ad hoc ou conciliation) ni les suites d’ouverture (arrêt de plan ou conversion en liquidation).
Altares observe qu’en moyenne 60% des conversions en liquidation judiciaire sont prononcées l’année de l’ouverture du redressement judiciaire et 40% le sont en année N+1 voire N+2.