Fondation d'entreprise
 
 
André Letowski
Etude 
31 oct 2023

Quelques enjeux pour les dirigeants de TPE

Transition écologique, transition numérique, formation, intelligence artificielle sont les enjeux traités aux cotés des indicateurs classiques de conjoncture.

La conjoncture

♦ Le contexte

Le niveau de confiance envers les mesures économiques annoncées ou mises en place par le gouvernement enregistre une chute importante : 27 %, vs 41 la fin du 2e trimestre 2023 et 34 à la fin du premier trimestre (34 %).
Seuls 4 % des interviewés ont « tout à fait confiance », 23 % plutôt confiance, alors que 39 % n’ont « pas du tout confiance ».
Ces taux s’inscrivent dans la moyenne basse des mesures effectuées lors des 20 dernières années.
27 % ont confiance, des écarts allant de 18 à 43 % selon :
  • Le chiffre d’affaires : 23 % pour ceux sans salarié à 32-36 % pour les 1 à 9 salariés, et 43 % pour les 10-19 salariés,
  • Le secteur d’activité, entre 18 et 37 % : avec aux extrêmes 18% l’industrie et 43 les services aux entreprises,
  • Le chiffre d’affaires entre 19 et 40 % : entre 19 pour les 50 à 100K€, 30-34 % pour les 100-500K€ et 38-40 % pour les plus d’1M€.

♦ Leur sentiment à propos de leur chiffre d’affaires

63 % sont optimistes (très optimistes 11 % et très pessimistes 12 %). Ceux qui sont pessimistes sont plutôt les 1-2 salarié (48 %) vs les 3-9 salariés avec 40-41 %, vs les sans salarié et les 10-19 salariés (34 %).

♦ 12 % ont embauché ou ont l’intention de le faire entre juillet et fin septembre

1 point de moins par rapport au 2e trimestre et -3 points par rapport au 1er trimestre ; ce taux est de 26 % pour les 3 à 5 salariés, 46 % pour les 6 à 9 salariés et 52 % pour les 10 à 19 salariés ; Les HCR s’affichent comme le secteur le plus dynamique avec 15 % d’embauche ou d’intentions d’embauche.
8 % des TPE déclarent avoir supprimé un ou plusieurs postes (21 % chez les 6-9 salariés, 15 % chez les 3-5 salariés et 12 % chez les 50 salariés et plus).
16 % ont un poste vacant.

♦ Une situation financière perçue plus favorable

27 % déclarent que leur entreprise rencontre des difficultés financières, contre 39 % en juin et 44 % en mars 2023. Seuls 13 % parlent de difficultés financières très voire assez importantes, contre 18 % en juin et 22 % en mars.
Les difficultés financières concerneraient 18 % des dirigeants d’entreprise du secteur de l’industrie, 17 % de ceux des services aux entreprises 15 % de ceux des services aux particuliers, vs 6 % la construction et la santé.

Parmi les dirigeants qui rencontrent des difficultés financières « assez » voire « très » importantes, 33 % déclarent pouvoir être contraints de déposer le bilan ou de cesser leur activité (4,3 % des interrogés), alors que 43 % l’exprimaient en juin et 44 % en mars 2023 ; 14 % envisagent de cesser d’ici 6 mois, contre 21 % en juin et 17 % en mars.

L’impact négatif de la hausse des taux d’intérêt semble relativement limité : seuls 7 % déclarent en effet que leur entreprise a récemment renoncé à un emprunt en raison des taux d´intérêts actuels. Ce taux atteint 15% chez les 10 à 19 salariés.

Les enjeux

Les enjeux jugés importants : la transition écologique (64 %), la transition numérique et la digitalisation (55 %), la formation des collaborateurs (54 %), la RSE (52 %), l’inclusion et la diversité en entreprise (51 %), le recrutement et la fidélisation des collaborateurs (51 %), la surface des bureaux et leur aménagement (42 %). Le sondage ne reprend ensuite que quelques-uns de ces enjeux.

♦ La transition écologique

  • 64 % des TPE sont concernées ; l’enjeu « est jugé très important » pour 27 % des entreprises contre 17% pour qui il n’est « pas du tout important ». La prépondérance de cet enjeu croît selon la taille de l’entreprise, de 59 % auprès de celles de 0 salarié à 83 % auprès de celles de 10 à 19 salariés. Quant aux secteurs d’activité, le niveau d’importance s’étalant entre 51 % dans l’Industrie à 70 % dans les Service aux Entreprises et 71 % dans l’Hôtellerie.
Les femmes sont 74 % à estimer cet enjeu important contre 58 % les hommes ; idem pour les jeunes dirigeants de moins de 35 ans (75 % contre 59% des plus de 50 ans).
  • En tant que citoyen, 40 % estiment que la prise en compte des problématiques écologiques est un enjeu important pour les générations futures ; 32 % pensent l’enjeu urgent nécessitant des réformes immédiates des modes de production et de consommation vs 27 considérant l’mineur nécessitant uniquement des adaptations légères des modes de vie.
  • Leur prise en compte entraine des surcoûts de production qui réduisent les marges (54 %), des contraintes administratives supplémentaires (54 %), et un risque pour la pérennisation de leurs activités (35 %), mais aussi des opportunités de développement (36 %).
  • 64 % se disent prêts à mettre en place des solutions pour mieux maîtriser la consommation d’énergie dans leurs locaux, 49 % un partenariat avec une entreprise, une association ou une organisation publique pour le recyclage des matériaux utilisés, 41 % un changement de matériaux ou d’équipements pour la production, 34 % le recours à des véhicules professionnels hybrides ou électriques, 28 % un audit de l’impact environnemental de leurs activités.

Ils ont ressenti des pressions pour tenir compte des problématiques environnementales et écologiques de la part des fournisseurs (23 %), des clients (21 %), de la banque (13 %), de leurs salariés (13 %). Les dirigeants du commerce et de l’hôtellerie sont ceux qui rendent plus souvent compte de pressions de la part de leurs clients (respectivement 33 % et 25 % contre 21 % en moyenne). Ceux du BTP sont davantage sollicités par leurs fournisseurs. (29 % contre 23 % en moyenne). Enfin, les patrons des secteurs des services aux entreprises et aux particuliers sont ceux qui ressentent le plus de pressions de la part de leurs salariés (respectivement 14 % et 12 % contre 8 % en moyenne).

♦ La transition numérique et la digitalisation des activités

Elles représentent un enjeu important pour 55 % des TPE (dont 20 % « très important »).
  • 29 % des entreprises du BTP considèrent que cet enjeu est important, vs 47 % dans le secteur de l’Industrie, 52 % dans la Santé, 54% dans les Services aux Particuliers, 56 % dans l’Hôtellerie, 61 % dans les Services aux entreprises et 70 % dans le Commerce. Cependant, les scores sont assez homogènes selon les tailles d’entreprise. Pour 31 % cela présente davantage d’opportunités que de menaces (18 %).
  • L’investissement dans ce domaine est jugé nécessaire (59 à 71 %) ; 52 % les ont déjà réalisés dans des équipements et outils de travail et 64% les estiment nécessaires pour les 5 ans à venir, 52 % au regard des produits ou services vendus par l’entreprise et 59 % pour les 5 ans à venir, 46 % au regard des compétences nécessaires (du dirigeant ou de ses salariés) et 53 % pour les 5 ans à venir.
  • La transition numérique a entrainé au sein de leur secteur une augmentation de la concurrence par les prix (48 %), l’arrivée de nouveaux concurrents (46 %), un accroissement de l’innovation (44 %), un accroissement de l’innovation au sein de leur entreprise (42 %).

♦ Les enjeux de formation

54 % soulignent l’importance des enjeux de formation et 51 % ceux du recrutement et la fidélisation. Cet enjeu est reconnu de façon quasi unanime dans les structures de plus de 10 salariés avec des taux s’établissant à 95 % et 87 %.
A un degré moindre, l’inclusion et la diversité sont jugées importantes pour 51 % des TPE dont 41 % celles comprenant moins de 10 salariés et 73 % celles en employant plus de 10.

52 % des interviewés déclarent que la RSE représente actuellement un enjeu important pour leur entreprise. On y retrouve les mêmes particularités socio-démographiques et par catégories d’entreprise que pour la transition écologique.

♦ L'intelligence artificielle

18 % des dirigeants de TPE déclarent avoir recours aux intelligences artificielles génératives, que ce soit dans le travail ou dans le cadre privé. Seuls 3 % y ont « souvent » recours contre 15 % « de temps en temps ». 6 % n’y ont pas recours mais l’envisagent tandis que l’immense majorité (76 %) n’y a pas recours et ne l’envisage pas pour le moment.
L’outil séduit davantage les patrons des secteurs du Commerce (20 %), des Services aux Entreprises (23 %) et surtout de la Santé et Action Sociale (28 %).

Alors que 31 % les considèrent comme une opportunité pour leur entreprise (développement de l’activité, gain de temps…), 34 % les entrevoient comme une menace (disparition de certaines activités ou de métiers) ; 35 % ne les envisagent ni comme une opportunité ni comme une menace.

Pour en savoir davantage : "Baromètre des TPE- Vague 73", Ifop pour Fiducial, Septembre 2023

Méthodologie : échantillon de 1009 dirigeants de très petites entreprises (TPE) de 0 à 19 salariés, interrogé entre le 4 et 22 septembre. Les entreprises réalisant moins de 50 000€ de chiffres d’affaires à l’année n’ont pas été interrogées.
L’échantillon a été raisonné puis ramené à son poids réel lors du traitement sur les critères suivants : secteur d’activité de l’entreprise, taille de l’entreprise, région d’implantation.
 
André Letowski est expert en entrepreneuriat, en petites et très petites entreprises. Il publie une note mensuelle regroupant une sélection brute ou retravaillée et commentée des corpus statistiques français, des enquêtes et publications concernant le domaine des TPE, PE et PME.




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