La trésorerie
♦ Le solde d’opinion des dirigeant sur l’évolution de leur trésorerie au cours des 3 derniers mois se détériore assez nettement au 4e trimestre (perte de 5 points), et rejoint sa moyenne d’avant crise. La tendance est similaire pour les perspectives à trois mois. 29 % des dirigeants anticipent une dégradation de leur trésorerie à court terme, notamment du fait des délais de paiement en détérioration.♦ 62 % ont fait appel à un organisme de crédit pour financer leur trésorerie, un niveau nettement inférieur à sa moyenne d’avant pandémie (73 %). 22 % déclarent avoir rencontré des difficultés d’accès au financement courant (supérieur à la moyenne d’avant pandémie, 20 %).
Les investissements
♦ Au 4e trimestre 2023, 52 % ont investi ou ont l’intention d’investir en 2023, en baisse par rapport au trimestre précédent (57 %) mais en hausse sur un an (49 % au T4 2022, pour l’année 2022).La part des dirigeants qui estiment que leurs dépenses d’investissement seront en hausse cette année (23 %) perd 5 points sur le trimestre, se situant sous sa moyenne de long terme (28 %). La proportion de dirigeants qui estiment que leur investissement restera stable gagne 4 points (à 47 %).
Le solde d’opinion quant à l’évolution des montants investis perd 6 points sur le trimestre. Si cet indicateur reste mieux orienté qu’il y a un an, il demeure toutefois inférieur à la moyenne observée avant la crise sanitaire (période T1 2017–T4 2019).
♦ Les motivations d’investissement : renouvellement des équipements et installations (76 % de ceux qui comptent investir) précède la modernisation des équipements et installations (66 %). Suivent le motif environnemental (43 %), l’introduction de nouveaux produits ou services (34 %), l’extension de la capacité de production, de vente, d’accueil (34 %), la mise aux normes (26 %) et une nouvelle implantation (20 %).
Le motif environnemental (qui inclut l’objectif d’économie d’énergie) est invoqué par un nombre quasi stable (43 %), mais une proportion nettement supérieure à sa moyenne observée avant la pandémie (25 % de 2017 à 2019).
♦ Leur financement : 72 % ont ou auraient recours au crédit pour les financer, une proportion quasi stable sur le trimestre (−1 pt), mais nettement inférieure à sa moyenne pré-Covid (82 %).
Parmi eux, 21 % signalent des difficultés pour financer leurs investissements par les établissements de crédit, en hausse de 3 points par rapport à septembre dernier. Cette proposition est supérieure à sa moyenne pré-Covid (16 %) et rejoint son plus haut niveau depuis le lancement de l’enquête en 2017.
Les freins à la croissance
- Les difficultés de recrutement (53 %) restent la première préoccupation des dirigeants ; cette proportion perd 1 point sur le trimestre mais reste toujours supérieure à sa moyenne de 2019 (50 %).
- Les perspectives de demande dégradées (43 %, +2 points au regard du trimestre précédent), s’explique par la hausse des prix (35 %, +1 point), le niveau de la concurrence (26 %, -2 points, mais nettement inférieur à la moyenne observée pré-crise sanitaire 43 %), et le manque actuel de débouchés (16 %, +2 points).
- 59 % déclarent faire face à des difficultés d’approvisionnement, une proportion identique au trimestre précédent ; 21 % n’y sont pas confrontés (+2 points sur le trimestre) et 20 % se disent non concernés par ces difficultés spécifiques. 29 % jugent que ces difficultés affectent fortement ou modérément leur activité (stable).
Investissements verts et stratégie de décarbonation.
Baisse de la consommation de l’énergie :
49 % déclarent avoir réduit leur consommation d’énergie (électricité, gaz ou pétrole) grâce à des mesures de sobriété énergétique. L’électricité est la source d’énergie la plus fréquemment consommée (près de 80 % des TPE / PME concernées). 44 % ont vu leur consommation d’électricité diminuer pour un niveau de production identique (26 % une baisse de 10 % ou moins, 10 % une baisse de 10 % et 16 % une stagnation ou une hausse).Les PME / TPE interrogées sont moins concernées par les consommations de pétrole et de gaz (moins de 40 %). 16 % ont vu leur consommation diminuer à niveau de production donné (9 % une baisse de 10 % ou moins, 7 % une baisse de 10 % ou plus, 12 % une stagnation ou une hausse).
♦ Les baisses de consommation sont jugées pérennes par 78 %. (11 % partiellement, 68 % pensent que la baisse est acquise ou va s’amplifier).
Mais 63 % déclarent une hausse de leur facture énergétique ; la facture augmente pour 58 % des PME ayant vu leur consommation diminuer d’au moins 10 %.
♦ Les investissements réalisés ou envisagés (nommés par la suite “investissements verts” ) : 52 % ont réalisé ou ont prévu des investissements en 2023, 43 % pour motif environnemental, soit 22 % de l’échantillon.
Les 3 destinations les plus citées sont le changement du système d’éclairage (47 %), les systèmes de gestion des déchets (3 9%), et le parc automobile de l’entreprise (32 %), l’isolation des bâtiments et/ou le système de chauffage (20 %) ; l’achat d’équipements de mesure et de contrôle ou le traitement des effluents sont des motifs moins fréquemment cités.
♦ La sensibilité personnelle du dirigeant est la principale motivation de ces investissements (36 % comme principale motivation) ; la volonté de valoriser l’image de l’entreprise (29 %) précède la réduction des coûts de production (25 %), alors que la mise en conformité ne concerne que 8 %.
Toutefois pour 48 % ayant réalisé des investissements verts, la crise énergétique est citée comme facteur ayant déclenché ou accéléré les investissements.
Pour 69 % des PME / TPE ayant réalisé des investissements verts, il n’y a pas eu de conflits avec d’autres types d’investissements, soit parce que les investissements verts ont été additionnels (39 %), soit parce que tous les investissements de l’entreprise intègrent désormais des motifs environnementaux (30 %).
♦ La principale raison de non-réalisation d’investissements verts en 2023 est l’absence d’alternatives technologiques (cité par 27 %). Suivent le manque de moyens financiers internes (18 %), la crainte d’une perte de rentabilité (10 %), l’absence d’accès à des financements (4 %), mais aussi le manque de connaissance (9 %), de temps (9 %) ou d’intérêt pour le sujet (6 %).
Enfin nombre de PME /TPE ne s’estiment pas concernées (par exemple car peu énergivores, locataires de leurs bureaux, ou ayant le sentiment d’avoir déjà fait ce qu’il était possible de faire).
♦ Le bilan carbone : 88 % savent ce qu’est un bilan carbone, mais seul 5 % l’ont réalisé, alors que 23 % l’envisagent.
- Les entreprises ayant fait un bilan carbone l’ont réalisé pour 47 % d’entre elles au niveau du scope 3, pour 29 % au niveau du scope 2, et pour 15 % au niveau du seul scope 1.
- 34 % ayant réalisé un bilan carbone ont témoigné d’un lien entre cette démarche et la réalisation d’investissements verts ; 17 % n’ont pas trouvé a posteriori d’utilité à la démarche de réalisation d’un bilan carbone (faible taux de réponse).
- 25 % indiquent avoir l’intention de réaliser un investissement ou une action de décarbonation au cours des 3 prochaines années ; 32 % n’ont pas cette intention et 43 % sont dans l’incertitude.
♦ Le critère économique est un facteur important de blocage de la décarbonation des PME / TPE.
Les dirigeants concernés par la réalisation d’investissement de décarbonation ne sont pas prêts à accepter une perte de rentabilité pour réaliser ces investissements (57 % des répondants, 76 % des concernés).
45 % voient en effet l’impossibilité de répercuter les coûts de la décarbonation dans les prix comme principal obstacle, 25 % les difficultés de financement, 24 % l’absence de reconnaissance de la valeur additionnelle des actions de décarbonation.
Des obstacles se présentent aussi en amont de la décision d’investissement : 34 % mentionnent des difficultés d’identification des solutions de décarbonation et 9 % le manque d’interlocuteurs pour construire leur stratégie.
Pour en savoir davantage : "TRÉSORERIE, INVESTISSEMENT ET CROISSANCE DES PME / TPE Baromètre trimestriel", Bpifrance Rexecode, novembre 2023
“En novembre 2023, le climat des affaires en France et le climat de l’emploi s’assombrissent de nouveau”, Insee Informations rapides N°297, novembre 2023
Cette dégradation résulte notamment de la détérioration de la situation dans le commerce de gros et de détail.
Dans l’industrie comme dans les services, le climat des affaires est stable en novembre. Il recule en revanche dans le bâtiment, principalement du fait de la dégradation sur l’évolution à venir des effectifs.
Dans le commerce de détail (y compris commerce et réparation d’automobiles), le climat des affaires se détériore de nouveau par rapport à octobre, pénalisé par la baisse des intentions de commandes. Enfin, dans le commerce de gros, le climat des affaires se replie nettement par rapport à septembre, sous l’effet du recul des ventes passées et celui des intentions de commandes.
Le climat de l’emploi se dégrade aussi de nouveau.
Pour en savoir davantage
Méthodologie : interrogation par voie numérique de 2 857 dirigeants de PME/TPE du 16 au 29 octobre 2023. L’analyse barométrique porte sur les 937 premières réponses jugées complètes et fiables reçues. L’analyse sur les investissements verts porte sur 933 PME/TPE.
Champ : PME/TPE des secteurs marchands non agricoles, de 1 à moins de 250 salariés et réalisant moins de 50 M€ de chiffre d’affaires.
Les indicateurs ou soldes d’opinion correspondent à des soldes de pourcentages d’opinions opposées.