L’évolution des emplois
♦ Quelle évolution entre les 3es trimestre 2014, 2019 et 2023 ?
Au 3e trimestre 2023, le nombre d’emploi en activité (du privé et du public) est de 21,098 millions pour le secteur privé : +0,5 % entre 2014 et 2019, +2,5 % entre 2019 et 2023 et finalement +2 % entre 2014 et 2023. Mais l’évolution diffère selon les activités :- +41 % pour l’intérim entre 2014 et 2023 (notamment entre 02014 et 2019 +42,4 % alors qu’il y a une baisse de 2 % entre 2019 et 2023,
- 3 groupes d’activité ont connu une hausse constante entre 2014 et 2023 : le tertiaire marchand (+15,3 %), la construction (+11,4 %) et plus modestement le tertiaire non marchand (+3,3 %),
- L’agriculture et l’industrie ont connu hausse et baisse pour finalement connaitre une hausse entre 2014 et 2023 respectivement de 10 % et 1,5 %.
♦ La décomposition des variations nettes selon les tailles d’entreprise entre 2 009 et 2 020.
Entre ces 2 périodes, nombre d’établissement ont changé de taille, ce qui est pris en compte dans les données ci-dessous :- Les TPE ont connu une baisse de 69 800 emplois due à des transferts importants dans la catégorie PME (435 300 emplois transférés), peu dans les autres catégories (33 000), alors qu’elles ont connu un solde net de 394 600 emplois (252 100 dans les entreprises pérennes et 142 600 liées aux créations et disparitions d’établissement de cette taille.
- Les PME ont aussi connu une perte de 440 900 emplois au profit des ETI et grandes entreprises (876 200 emplois) ; noter que 435 300 emplois ont rejoint les TPE. Par ailleurs, 209 000 emplois sont le fait de PME pérennes et 112 600 dus au flux de créations et disparitions de PME.
- Les ETI ont connu un solde de +623 900 emplois dû à la fois à une évolution en interne (+219 700 emplois), et au bénéfice de transferts venus des PME (701 400 emplois), et de 20 400 en provenance de TPE, alors que 337 400 emplois sont allés vers des grandes entreprises (noter que 80 300, entrés en ETI, proviennent d’entreprises sous contrôle étranger). Finalement les ETI ont gagné par ces transferts 384 400 emplois.
- Les grandes entreprises ont gagné 280 800 emplois, en perdant en interne 276 300 emplois mais en gagnant 556 200 emplois venant d’ETI.
Créations et destructions d’emploi entre 2009 et 2020
♦ Toutes tailles d’entreprise
Chaque année,1,421 million de créations d’emplois sont dues à de nouveaux établissements, et presque autant à des destructions d’emplois (1,384 millions), alors que les entreprises marchandes emploient environ 19 millions de salariés (hors intérim) au 31 décembre 2020, les créations et les destructions annuelles représentent ainsi 9 % du stock d’emplois existant en début d’année.De 2017 à 2019, les créations d’emplois sont supérieures aux destructions ; à l’inverse, les destructions dépassent les créations durant les périodes de repli de l’emploi, de 2012 à 2014, et lors des récessions liées à la crise financière en 2009 et à la crise sanitaire en 2020.
♦ Selon les différentes tailles d’entreprise.
Les microentreprises (que j’appellerais petites entreprises pour ne pas les confondre avec les microentreprises intitulées ainsi par les régimes fiscaux) sont celles qui avec les PME contribuent le plus à l’emploi net (+60 000 emplois) vs les ETI avec +18 000 emplois, alors que les grandes entreprises connaissent une baisse de 23 000 emplois et les groupes sous contrôle étranger une baisse de 17 000 emplois.Ainsi PME et TPE totalisent la majorité des créations et des destructions d’emplois (62 %), alors qu’elles concentrent 46 % de l’emploi total. Les TPE (19 % de l’emploi total) sont à l’origine de 37 % des flux d’emplois, soit à peu près autant que l’ensemble composé des entreprises de taille intermédiaire (ETI), des grandes entreprises et des multinationales sous contrôle étranger (respectivement 18 %, 24 % et 12 % de l’emploi).
♦ L’impact des créations d’entreprise sur l’emploi : la prise en compte de l’ancienneté.
Les créations d’emplois en PME et TPE sont stimulées par l’entrée et la croissance d’entreprises naissantes, pour la plupart des TPE. Les créations stables d’une cohorte contribuent largement à l’emploi à partir de leur 2e année d’ancienneté jusqu’à la 5e (72-76 % des emplois créés par ces TPE) ; celles dont les emplois sont en croissance progressent en nombre d’emploi d’autant plus que l’on progresse en année d’ancienneté (de 8 000 la 1re année) à 17 000 ou 24 000 la 2e et 3e année, puis 30 000 et 34 000 les 2 années suivantes. Les disparitions d’emploi sont davantage le fait des 2 premières années (21 000 et 22 000) vs 12 000 puis 5 000 et 0 les 3, 4 puis 5es années d’ancienneté. Pour finir, les créations stables sur 5 ans apportent 74 % des emplois, celle en croissance 17 % ; les disparitions comptent pour 9 % des emplois.Noter qu’un petit nombre de jeunes TPE contribue fortement aux créations nettes d’emplois : moins de 1 % des nouvelles TPE, mais 24 % de l’emploi d’une cohorte au bout de 5 ans.
Malgré la disparition d’entreprise (37,4 % à 5 ans), et le faible taux d’employeur (10,5% la 1re année et de 16 à 18 % les années suivantes), le flux des emplois crées se maintient à partir de la 2e année de création. Noter que le % d’employeur est stabilisé dès la 2e année.
- De 2011 à 2020, les entreprises ayant moins de trois ans d’existence contribuent à hauteur de 18 % de l’ensemble des créations (dont 15,2 % pour les TPE) et 4 % des destructions d’emplois (dont 3,5 % pour les TPE), concourant à 3 % de l’emploi. Les plus de 3 ans sont 82 % des créations, notamment les entreprises de 250 salariés et plus.
Une approche par territoires
Les nouvelles créations créent plus d’emplois qu’elles n’en détruisent dans tous les territoires : elles sont créatrices nettes d’emplois dans l’ensemble des 305 zones d’emploi de France hors Mayotte. La contribution positive des TPE à l’évolution de l’emploi signifie que l’essor des créations nouvelles compense le déclin des plus anciennes. Cette situation s’observe dans les 2/3 des zones où les TPE sont créatrices nettes d’emplois.Dans le 1/3 restant, les destructions d’emplois dans les TPE l’emportent sur les créations. La vitalité locale des PME repose davantage sur les entreprises en place, créatrices nettes d’emplois dans près de la moitié des zones. Les créations d’emplois des jeunes PME de 10 salariés ou plus sont plus concentrées dans les zones d’emploi franciliennes de Paris, Roissy, Évry, Marne-la-Vallée (33 % des créations pour 21 % de l’emploi total) ou celles de Nice, Montpellier, La Réunion. Dans les zones où les PME ne sont pas créatrices nettes d’emplois, (1/3 des zones) l’emploi diminue presque toujours.
Les PME sont créatrices nettes d’emplois dans 147 des 151 zones où l’emploi total croît de 2011 à 2020. Elles participent à l’essor de grands pôles de développement comme Nantes, Bordeaux, Montpellier, Toulouse, Aix-en-Provence, Lyon, Saclay ou Lille, et de zones d’emploi plus petites, comme Arles, Châteaubriant, Douai, Haguenau, Valence, Romans-sur-Isère ou Manosque. Les PME soutiennent aussi la modeste hausse de l’emploi total dans des zones comme Marseille, Grenoble, Reims ou Besançon, ainsi que dans des zones ayant une proportion élevée de grandes entreprises multinationales, mais qui perdent des emplois (Paris, Roissy, Strasbourg).
Les PME portent à elles seules la croissance de l’emploi dans quelques zones de petite taille, où leur poids est élevé, comme Albi, Rodez ou Bastia. À l’inverse, dans 94 zones, les suppressions nettes d’emplois des PME accompagnent la diminution de l’emploi total. Dans une trentaine de zones où l’emploi baisse fortement, la plupart situées dans les régions Grand Est, Bourgogne-Franche Comté, Centre-Val de Loire et Normandie, seules les entreprises naissantes sont créatrices nettes d’emploi.
Enfin, dans 60 zones d’emploi, l’effectif salarié total recule malgré la croissance des PME, en raison des destructions nettes dans les établissements des grandes entreprises (Metz, Nice, Le Mans, Limoges, Poitiers), ou des multinationales sous contrôle étranger (Saint-Étienne, Colmar, Compiègne, Beauvais), voire des deux (Rouen, Le Havre, Nancy, Dijon). Les PME y sont parfois les seules créatrices nettes d’emplois (Seine-Yvelinoise, Creil, Melun, Mulhouse, Pau).
Pour en savoir davantage : "Les créations d’emplois portées surtout par les PME durant la décennie 2010", Insee Première N°1974, novembre 2023
Sources : les données couvrent la France hors Mayotte et proviennent des données de démographie des établissements de 2008 à 2020 (stocks et transferts d’établissements, continuité économique, etc.), enrichies de données sur l’emploi issues des sources Clap (2008 à 2015) et Flores (à partir de 2016) et des informations sur le contour des entreprises issues de la source Lifi. L’objectif est d’avoir une approche économique de la démographie des établissements en minimisant les effets administratifs.
Il s’agit des établissements et non des entreprises, y compris des entreprises au sens LEM ; la limite est l’impossibilité de différencier l’évolution des entreprises d’une part et celle des établissements différenciant ou non ceux intégrés dans les groupes d’entreprises. De plus les données ne distinguent pas les salariés en CDD des CDI (les CDD de très courte durée sont fréquents dans les TPE), ni ceux en temps partiels, ni ne prend en compte le nombre de non-salariés. On ne sait pas enfin si le chiffrement est ou non en EQPT.
Autant de limites qui ne contribuent pas à une analyse plus fine.