Le nombre d’emplois dans la construction et son évolution.
♦ Leur répartition par activité : au 31 décembre 2022 en France métropolitaine, 1 642 000 salariés travaillent dans le secteur de la construction, qui comprend le second œuvre (52 %), le gros œuvre (27 %), les travaux publics (19 %) et la promotion immobilière (2 %), soit 8,3% de l’emploi salarié du secteur privé non agricole. Il regroupe 236 000 établissements (12,3 % de l’ensemble des établissements).♦ Le nombre d’emplois salariés (1 642 000 fin 2022) a fortement augmenté jusqu’à la crise de 2008 (+10,3 % entre début 2006 et fin 2008 contre +3 % pour l’emploi total sur la même période), il a ensuite diminué fortement jusqu’en juin 2016 alors que l’emploi total est resté assez stable (-13 % pour la construction contre -0,7 % pour l’emploi total). Il a ensuite connu une nette hausse de ses effectifs, avec un choc lié à la crise sanitaire plus intense que dans d’autres secteurs (l’intérim dans ce secteur ayant été particulièrement touché), mais cette hausse semble se stabiliser depuis mi 2021 avec une situation du logement neuf qui reste dégradée dans son ensemble depuis plusieurs trimestres et des ventes aux particuliers qui diminuent chez les constructeurs de maisons individuelles et chez les promoteurs, de même que les ventes en bloc aux opérateurs HLM ou aux investisseurs.
Au cours des 15 dernières années, l’emploi a fortement augmenté dans la promotion immobilière (+41 %), dans les travaux publics (+17 %, dont +148% dans la construction de voies ferrées et +64 % dans la construction de réseaux électriques) et le second œuvre (+12,7 %, avec +81 % dans les travaux d’isolation et +61 % dans les travaux d’étanchéification). A l’inverse, dans le gros œuvre, les effectifs salariés ont diminué (-4,5 %), dont -11 % dans la construction de bâtiments autres que les maisons individuelles et -9,5 % dans les travaux de maçonnerie générale et gros œuvre de bâtiment, Les effectifs ont toutefois connu une reprise à partir de 2017 (hormis pour la construction de bâtiments où la baisse des effectifs a été quasi continue depuis 2009).
♦ À ces salariés directement employés par les entreprises du secteur de la construction s’ajoutent 146 000 salariés intérimaires ; le taux de recours à l’intérim y est de 8,5 % vs 3 % dans l’ensemble de l’économie ; si depuis 2006, leur nombre a peu évolué (+2 % contre +27,1 % pour l’ensemble des secteurs), il a connu les mêmes phases de hausse et de baisse que l’emploi salarié. En revanche, depuis la pandémie, les effectifs peinent à retrouver les niveaux antérieurs à la crise sanitaire (-5 % entre fin 2019 et fin 2022).
♦ Par ailleurs, 388 000 non-salariés y travaillent aussi, en hausse de 18% entre 2011 et 2021.
Les types de contrats.
♦ Le recours aux CDI (80,1 % contre 81,4 % pour les CDI tous secteurs) devance de loin celui aux CDD (4,5 % contre 10). Certaines des activités du gros œuvre et du second œuvre se distinguent par une proportion d’apprentis ou de contrats de professionnalisation élevée : 10,4 % pour les travaux de couverture par élément, 10,8 % pour les travaux de menuiserie bois et PVC, 13,4 % pour les travaux d’installation d’eau et de gaz et 14 % pour travaux de charpente.♦ En 2022, 15 % des embauches y compris intérim sont des CDI vs 10,3 % pour l’ensemble des secteurs (10,3 %), celle des CDD est de 11,8 % contre 45,2 % des embauches tous secteurs confondus ; 80 % des CDD ont une durée de plus d’un mois, contre 21,5 % dans l’emploi total. Hors intérim et CDD de moins d’un mois, les CDI représentent 62 % des embauches contre 51 % pour l’ensemble des secteurs.
Profil des salariés et tailles des entreprises où ils travaillent.
♦ 87 % des salariés sont des hommes (vs 54,5 % pour l’ensemble de l’emploi salarié marchand non agricole) ; mais dans le secteur de la promotion immobilière les femmes sont 50,5 %.61 % ont entre 25 et 49 ans, 14,5 % moins de 25 ans (vs 13 % tout secteur), alors que les salariés de 50 ans et plus sont moins nombreux (24 % contre 27 % pour l’ensemble).
L’âge moyen est moins élevé que celui de l’ensemble des secteurs (39,1 ans contre 39,9 ans) ; on est plus jeune dans le second œuvre (38,5 ans) et plus âgé dans les travaux publics (40,2 ans).
♦ 75 % travaillent dans des établissements de moins de 50 salariés (vs 54 % pour l’ensemble des secteurs) ; ils sont moins présents dans les établissements de plus de 250 salariés (5 % des salariés contre 20 % pour l’ensemble des secteurs).
Les types d’emploi
♦ Les ouvriers qualifiés
La plupart des ouvriers qualifiés du secteur travaillent dans le secteur de la construction. Seuls font exception les charpentiers spécialisés dans le métal et les professionnels du travail de la pierre dont une partie sont embauchés dans l’industrie.Le poids de l’artisanat est important : 1/3 des maçons ou des couvreurs, la moitié des menuisiers et 57 % des ouvriers qualifiés et artisans de la peinture et de la finition du bâtiment sont non-salariés.
L’accès au statut d’artisan concerne souvent des personnes déjà expérimentées dans le métier : les actifs d’âge, intermédiaires ou ayant 50 ans ou plus sont surreprésentés parmi les artisans nouvellement installés.
Parmi les offres déposées à Pôle emploi pour les ouvriers qualifiés du BTP, les employeurs demandent davantage d’expérience professionnelle dans le même métier et dans un environnement de travail similaire, que dans les offres pour l’ensemble des métiers. Les personnes d’âge intermédiaire sont souvent surreprésentées parmi les salariés arrivés récemment dans l’entreprise
L’exercice de ces métiers exige souvent des spécialités de formation spécifiques et une majorité des personnes qui sont récentes dans l’entreprise ont un CAP/BEP ou un Bac ; toutefois la part des personnes sans diplôme est supérieure à celle de l’ensemble des métiers, elle représente même 40 % des effectifs des maçons récemment recrutés, environ 1/3 des ouvriers qualifiés des travaux publics, du béton et de l’extraction ou des conducteurs d’engins du BTP et un 1/4 des ouvriers qualifiés de la peinture récemment recrutés ; ces personnes ayant sans doute appris le métier « sur le tas ».
L’ancienneté des salariés dans l’entreprise est inférieure à celle de l’ensemble des salariés, en raison d’une mobilité entre entreprises élevée et de l’importance de l’intérim.
Les demandeurs d’emploi ont en majorité un niveau CAP/BEP, mais les niveaux infra CAP-BEP sont nombreux pour l’emploi d’ouvrier qualifié des travaux publics, du béton et de l’extraction (40 %), de maçon (42 %), et de peintre (28 %) ; les demandeurs âgés d’au moins 50 ans y sont surreprésentés.
Les demandeurs d’emploi retrouvent plus rapidement un emploi que l’ensemble des demandeurs. Dans 7 à 8 cas sur dix le métier retrouvé par les demandeurs d’emploi est un métier du BTP. Pour les demandeurs à la recherche d’un emploi d’ouvrier qualifié du second œuvre, un sur deux retrouve un métier du domaine professionnel du BTP, les autres principaux métiers retrouvés relèvent du transport et de la logistique ainsi que de la maintenance.
♦ Les ouvriers non qualifiés
Les recrutements portent sur des personnes ayant des profils de formation variés. Ces métiers offrent des opportunités d’emploi pour des personnes peu diplômées ou des diplômés du secondaire : les niveaux infra-CAP-BEP sont surreprésentés parmi les demandeurs d’emploi à la recherche d’un emploi (38 % possèdent un niveau CAP-BEP, et 14 % ont un niveau Bac). Les plus de 30 ans retrouvent un peu plus vite un emploi que l’ensemble des demandeurs d’emploi de la même tranche d’âge.♦ Les agents de maitrise et techniciens
Les chefs de chantiers et les conducteurs de travaux non-cadres travaillent en majorité dans le secteur de la construction, tandis que les techniciens et chargés d’études du BTP, les dessinateurs du BTP et les géomètres travaillent pour moins de la moitié d’entre eux dans ce secteur (exerçant notamment dans les services d’aménagement paysager, dans l’administration publique, dans les activités d’architecture ou de géomètres).Les employeurs recherchent plus fréquemment qu’en moyenne des personnes expérimentées dans leur métier.
Pour les moins de 50 ans, le retour à l’emploi des demandeurs d’emploi est plus rapide que celui de l’ensemble des demandeurs de la même tranche d’âge. Un peu moins de la moitié des demandeurs à la recherche d’un emploi de technicien ou d’agent de maîtrise du BTP retrouve un emploi dans un métier du BTP, les autres principaux métiers retrouvés relèvent de la gestion-administration, du transport et de la logistique ou du commerce.
♦ Les cadres
Les architectes travaillent essentiellement dans les activités d’architecture et d’ingénierie ; 55 % d’entre eux sont non-salariés. Les ingénieurs et autres cadres du BTP sont 44 % à exercer dans le secteur de la construction, les activités d’architecture et d’ingénierie employant également près de 40 % d’entre eux.Les personnes récemment recrutées dans ces métiers de cadres du BTP sont presque toutes diplômées du supérieur, avec une surreprésentation des jeunes actifs.
Les tensions sur le marché du travail des architectes sont légèrement inférieures à celles de l’ensemble des métiers ; celles des ingénieurs et autres cadres du BTP sont plus élevées.
La probabilité de retour à l’emploi des demandeurs d’emploi à la recherche d’un emploi de cadres du BTP est semblable à celle de l’ensemble des demandeurs d’emploi. Un peu plus de quatre demandeurs d’emploi inscrits dans un métier de cadre du BTP sur dix retrouvent dans ce même domaine professionnel, les autres principaux emplois retrouvés sont des métiers de la gestion-administration des entreprises et du commerce.
Les recrutements
♦ Entre avril 2022 et mars 2023, 1,2 million d’offres d’emploi pour des métiers du BTP ont été diffusées par Pôle emploi (10 % des offres diffusées au niveau national). 54 % sont des offres durables (CDI ou CDD de plus de 6 mois vs 69 % dans l’ensemble des métiers) du fait de l’importance de l’intérim.6 métiers représentent 45 % des offres : l’ingénierie et études du BTP (9,2 %), la conduite de travaux du BTP (8,1 %), l’électricité du bâtiment (7,3 %), l’installation d’équipements sanitaires et thermiques (7 %), la maçonnerie (7 %) et la préparation du gros œuvre et des travaux publics (6,1 %).
En 2020, avec la crise sanitaire, le nombre d’offres collectées avait diminué (-20 % par rapport à 2019) ; depuis la levée des contraintes sanitaires, il est en forte augmentation (en 2022, il est supérieur de 25 % au niveau de 2019).
Parmi les demandeurs d’emploi, près de la moitié recherchent un emploi dans 5 métiers : la préparation du gros œuvre et des travaux publics (12 %), la peinture en bâtiment (11,5 %), la maçonnerie (10,8 %), l’électricité du bâtiment (8,1 %) et l’installation d’équipements sanitaires et thermiques (6,1 %), manifestant un décalage avec les offres.
Selon l’exercice de prospective « Les métiers en 2030 », 120 000 emplois devraient y être créés entre 2019 et 2030.
La moitié des employeurs du secteur du BTP classent les réseaux professionnels et personnels comme faisant partie des deux canaux offrant les candidatures les plus pertinentes (44 % tous secteurs). On y recrute davantage par relations que dans les autres secteurs d’activité, en priorité des ouvriers qualifiés et non qualifiés, l’effet de réputation et l’expérience professionnelle comptant davantage que le diplôme. Viennent ensuite les agences d’intérim et cabinets de recrutement (27 % contre 16 % pour l’ensemble des secteurs), les candidatures spontanées (26 %), les offres d’emploi (26 %), et les personnes ayant déjà travaillé dans l’entreprise (25 %).
♦ Les compétences recherchées : dans les offres d’emploi déposées à Pôle emploi, les employeurs ont la possibilité de mentionner 3 « savoir-être professionnels » parmi une liste de 14 proposés. La rigueur et les capacités à être autonome ou à travailler en équipe sont les 3 compétences les plus souvent mentionnées ; viennent ensuite le sens de l’organisation pour les agents de maîtrise (chefs de chantier ou conducteurs de travaux) et les cadres du BTP ; au-delà de ces compétences, les employeurs mettent également en avant la nécessité de la polyvalence pour les candidats aux métiers d’ouvriers.
Des mutations attendues : le digital et l’écologie
Ainsi, devraient se développer la numérisation et les outils de réalité virtuelle, les bâtiments connectés, le déploiement du processus collaboratif BIM (collaboration des intervenants via un processus dématérialisé de gestion des données) et de nouveaux matériels et équipements (imprimante3D, drones, tunnelier, robots et exosquelettes…).Les compétences dans les systèmes connectés sont citées plus souvent par le second œuvre. Enfin la maîtrise des outils numériques est évoquée par 26% des établissements.
Mais aussi des compétences autour de la transition écologique (nouvelles méthodes de travail notamment) cités par 45% des employeurs pour répondre aux exigences de performances énergétiques et environnementales des bâtiments, l’utilisation de nouveaux matériaux.
La capacité à travailler en relation avec les autres corps de métier est citée par 42% et une proportion proche cite l’utilisation des nouveaux matériaux. Sont mentionnées ensuite la connaissance et la maîtrise des normes de qualité, puis la gestion de projet, la planification et l’organisation du travail
Pour en savoir davantage : "Les métiers du bâtiment et des travaux publics", Pole emploi, éclairages et synthèses N°79, octobre 2023
Sources :
• Statistiques conjoncturelles sur le nombre de salariés : Acoss, estimations trimestrielles d’emploi salarié.
• Statistiques sur les caractéristiques des salariés : Acoss, DADS
• L’enquête sur les Besoins en main-d’œuvre de Pôle emploi (BMO) :
. Statistiques sur les demandeurs d’emploi : statistique mensuelle du marché du travail.