Une approche de l’évolution globale
Fin 2022, 30,2 millions de personnes occupent un emploi en France hors Mayotte, soit 444 000 de plus que fin 2021 (soit +1,5 %). Cette hausse est plus faible que celle de 2021 (+981 000 créations nettes d’emploi, qui était toutefois la plus forte augmentation annuelle de l’emploi depuis que l’Insee le mesure en 1954). L’infléchissement est surtout imputable au ralentissement de l’activité économique : le produit intérieur brut (PIB) augmente de 2,5 % en 2022, après +6,4 % en 2021, année de rebond après la chute en 2020 liée à la crise sanitaire. L'emploi augmente inégalement selon qu'il s'agit de salarié ou de non-salarié.L’emploi salarié, qui regroupe près de neuf emplois sur dix, augmente de 349 000 emplois en 2022 (+1,3 %), après une hausse inédite en 2021 (+821 000 emplois). Ces augmentations vont bien au-delà du rattrapage de la baisse de 2020 (seulement -54 000 emplois en fin d’année, malgré de fortes fluctuations pendant les périodes de restrictions d’activité liées à la crise sanitaire). Au total, 1,2 million d’emplois salariés nets ont été créés en deux ans, soit l’équivalent du nombre cumulé d’emplois créés entre 2010 et 2020. En particulier, l’emploi en alternance continue d’augmenter en 2022 : il regroupe environ un tiers des créations nettes d’emploi salarié entre fin 2019 et fin 2022.
L’emploi non salarié continue de progresser nettement (+96 000 emplois, soit +3 %), mais moins que l’année précédente (+160 000 emplois en 2021, soit +5,2 %), alors qu’il avait été à peine freiné par la crise sanitaire de 2020 (+60 000 emplois). Il reste porté par la hausse du nombre de microentrepreneurs (l'étude ne précise pas si le chiffre comprend l’ensemble des immatriculations ou seulement ceux qui sont actifs économiquement).
Les emplois par activité
Globalement l’emploi du secteur privé (salarié et non-salarié) augmente de 5,4 % entre 2000 et 2010, de 8,6 % entre 2010 et 2019 et de 5 % entre 2019 et 2022.♦ L’emploi salarié par grands secteurs d’activité
- Le tertiaire marchand regroupe 49 % des salariés ; leur nombre a progressé de 6 % entre 2019 et 2022 et de 30 % entre 2000 et 2022.Les créations d’emploi salarié dans le tertiaire marchand sont principalement concentrées dans les services aux entreprises (+73 000 après +228 000 emplois), les HCR (+55 000 après +148 000 emplois), l’informatique, communication (+48 000 après +50 000 emplois) et les services aux ménages (+40 000 après +70 000 emplois).
- Le nombre de salariés dans le tertiaire non marchand ne progressait que de 2 % entre 2019 et 2022 et de 20 % entre 2000 et 2022.
- L’industrie n’a progressé que de 1,6 % entre 2019 et 2022 mais le nombre de salarié avait régressé de 22 % entre 2000 et 2019.
L’industrie automobile mise à part, l’emploi augmente dans la quasi-totalité des secteurs industriels. Sauf en 2020, l’emploi industriel a légèrement augmenté chaque année depuis 2017, après 16 années ininterrompues de baisse de 2001 à 2016.
- Le nombre de salariés de la construction a connu une hausse de 8 % entre 2019 et 2022 vs 14 % entre 2000 et 2019.
- Noter que le nombre de salarié dans le domaine agriculture a progressé de 6 % entre 2019 et 2022 et seulement de 4,1 % entre 2000 et 2022.
♦ L’évolution de l’emploi au sein des non-salariés par grand secteur d’activité : l’effet microentreprise est particulièrement visible.
Le tertiaire marchand regroupe 54 % des non-salariés en 2020 ; leur nombre a augmenté de 52 % entre 2000 et 2019 et de 15 % entre 2019 et 2022.
Le tertiaire non marchand (18 % des non-salariés en 2022) a davantage cru (+82 % entre 2000 et 2019), mais seulement +8 % entre 2019 et 2022 et +97 % entre 2000 et 2022.
Dans la construction (12 % des non-salariés en 2022), le nombre de non-salariés a progressé de 53 % entre 2000 et 2019, de 12 % entre 2019 et 2022 et de 71 % entre 2000 et 2022.
Dans l’industrie, les progressions ont été plus modestes : respectivement +12 %, +14 % et +36 %.
Alors que dans l’agriculture (10 % des non-salariés), on connait une régression -30 %, -6 % et -34 %.
Une comparaison des évolutions des nombre de salariés et non-salariés : à l’avantage des non-salariés entre 2019 et 2022, du fait des microentrepreneurs, alors qu’entre 2000 et 2019, l’avantage était plutôt à la progression des salariés.
En 2022, l’emploi augmente dans toutes les régions
En 2022, pour la deuxième année consécutive, l’emploi augmente dans l’ensemble des régions.La hausse de l’emploi est particulièrement marquée dans les DOM : en Guadeloupe (+3,7 %), en Guyane (+3,5 %), à La Réunion (+2,5 %) et en Martinique (+2,4 %) ; elle y est forte dans le tertiaire marchand (de +4 % à La Réunion à +5,7 % en Guadeloupe), alors qu’en moyenne nationale elle atteint +2,3 % ; une hausse, du fait d’un net rebond de l’activité touristique, notamment en Guadeloupe (+13,7 %) et en Martinique (+18,5 %).
En France métropolitaine, l’augmentation de l’emploi est plus élevée dans les régions de la façade atlantique, de la moitié sud et en Île-de-France. En Nouvelle-Aquitaine, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, en Auvergne Rhône-Alpes, en Occitanie, dans les Pays de la Loire, en Bretagne, en Île-de-France et en Corse, la hausse de l’emploi varie de +1,4 à +2 %, à un rythme proche ou supérieur à la moyenne nationale (+1,5 %). Dans ces régions aussi, la hausse de l’emploi est portée par le secteur tertiaire marchand. Ainsi en Île-de-France, où la part du tertiaire marchand dans l’emploi est la plus élevée (63 %, contre 50 % en moyenne), l’emploi du tertiaire marchand augmente de 2,7 % et concentre 90,4 % des créations d’emploi.
Dans les Hauts-de-France, en Bourgogne Franche-Comté, dans le Grand Est, en Normandie et en Centre Val de Loire, l’emploi a progressé plus modérément que dans les autres régions (entre +0,5 % et +1 %). Dans ces régions, la croissance du tertiaire marchand est nettement inférieure à la moyenne.
Pour en savoir davantage : "L’emploi reste en augmentation en 2022", Insee Focus N°315, décembre 2023
Stabilité de l’emploi au 3e trimestre 2023
Au 3e trimestre 2023, en France métropolitaine, 6 386 300 contrats de travail sont signés dans le secteur privé (hors agriculture, intérim et particuliers employeurs), soit 0,1% de plus qu’au trimestre précédent (après −1 % au 2e trimestre 2023). Cette quasi-stabilité du nombre d’embauches concerne tant les CDD (+0,1 % après −0,7 %) que les CDI (+0,3 % après −2,5 %).6 424 900 contrats prennent fin au 3e trimestre 2023, soit 1,2 % de plus qu’au trimestre précédent (après −0,3% au 2e trimestre 2023). 5 308 600 CDD se terminent, en hausse de 1,3 % (après +0,1% au trimestre précédent), alors que les fins de CDI repart à la hausse (+0,6 % après −1,7 % au trimestre précédent) et s’élève à 1 116300.
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