De 2017 à 2019, les créations d’emplois sont supérieures aux destructions. À l’inverse, les destructions dépassent les créations durant les périodes de repli de l’emploi, de 2012 à 2014, et lors des récessions liées à la crise financière en 2009 et à la crise sanitaire en 2020.
Les flux d’emplois sont particulièrement élevés parmi les petites entreprises du commerce, de la construction, de la restauration ou des services aux entreprises.
Les TPE nouvelles et les PME contribuent le plus à l’emploi
♦ Les TPE-PME créent et détruisent plus d’emplois que les entreprises de plus grande taille. Elles totalisent 62 % des créations et des destructions d’emplois, alors qu’elles concentrent 46 % de l’emploi total.Parmi les PME, les TPE (19 % de l’emploi total) sont à l’origine de 37 % des flux d’emplois, soit à peu près autant que l’ensemble composé des ETI, des grandes entreprises et des multinationales sous contrôle étranger (respectivement 18, 24 et 12 % de l’emploi).
♦ Mais ces flux d’emplois élevés accompagnent des emplois moins stables : les TPE emploient plus souvent des CDD (18 %, contre 11 pour l’ensemble des entreprises) et les salariés y travaillent aussi plus souvent à temps partiel (22, contre 15 % dans l’ensemble).
Dommage que l’étude ne différencie pas plus largement CDI et CDD.
♦ Les petites entreprises jeunes contribuent fortement aux créations d’emplois : les PME sont créatrices nettes à hauteur de 60 000 emplois par an de 2009 à 2020, dont 33 000 pour les TPE. De 2011 à 2020, les entreprises ayant moins de trois ans d’existence contribuent à hauteur de 18 % des créations et 4 % des destructions d’emplois. Les TPE naissantes créent bien plus d’emplois qu’elles n’en détruisent, contrairement à celle de plus de 3 ans.
Les flux d’emplois des PME sont plus modestes avec 27 % de l’emploi et 25 % des créations et des destructions. Leurs établissements disparaissent en effet plus rarement.
Au sein des TPE, les flux d’emploi sont stables pour les entreprises de moins de 5 ans à partir de 2 ans, alors que celles en croissance forte se manifeste davantage à partir de 3 ans. Bien sûr, les disparitions d’emploi suivent les disparitions d’entreprise plus importantes dans les 2 premières années de leur existence.
62 % des entreprises créées une année donnée sont toujours des TPE 5 ans après ; elles représentent les 3/4 de l’emploi d’une cohorte. Les créations nettes d’emplois de ces entreprises se concentrent sur leurs 2 premières années d’existence. À la fin de leur cinquième année, l’effectif moyen des entreprises employeuses s’élève à 2,7 salariés, à peine plus qu’à la fin de la 2e année.
Par ailleurs, notez que le taux de survie à 5 ans est de 63 % pour les cohortes 2008 à 2016 ; les emplois salariés nouvellement créés sont alors détruits dans ces entreprises disparues.
Enfin, un petit nombre de jeunes TPE contribue fortement aux créations nettes d’emplois. Ces entreprises, dites « en croissance », représentent moins de 1 % des nouvelles TPE, mais 24 % de l’emploi d’une cohorte au bout de 5 ans. Dès leur création, elles sont plus souvent employeuses et comptent plus de salariés. Leur effectif salarié augmente ensuite, si bien qu’elles quittent la catégorie des TPE avant la fin de leur 5e année. Avant leurs 5 ans, ces TPE emploient deux fois plus de salariés qu’à la fin de leur 2e année. Leur croissance tend à ralentir au fil du temps, mais leur poids dans l’emploi de la cohorte continue d’augmenter au-delà des 5 ans d’existence, atteignant 1/3 après 10 ans pour les cohortes 2008 à 2011.
Pour récapituler, observons la variation nette de l’emploi en tenant compte du changement de catégorie de taille :
Localisation
Les TPE naissantes sont créatrices nettes d’emplois dans l’ensemble des 305 zones d’emploi de France hors Mayotte. L’essor de ces jeunes TPE compense le déclin des plus anciennes. Toutefois dans 1/3 des zones d’emploi, les destructions d’emplois dans les TPE l’emportent sur les créations. La vitalité locale repose alors sur les entreprises en place, créatrices nettes d’emplois dans près de la moitié des zones.Les créations d’emplois des jeunes PME de 10 salariés ou plus sont plus concentrées dans les zones d’emploi franciliennes de Paris, Roissy, Évry, Marne-la-Vallée (33 % des créations pour 21 % de l’emploi total) ou celles de Nice, Montpellier, La Réunion.
Dans le tiers des zones où les PME ne sont pas créatrices nettes d’emplois, l’emploi diminue presque toujours.
En fait les littoraux et leurs départements limitrophes connaissent un solde positif d’emploi dû à de nouvelles TPE créatrices (Normandie, façade Atlantique, côte méditerranéenne, et Alpes), alors que les espaces de l’Est, du centre dont l’Auvergne connaissent des destructions nettes d’emploi par les PME.
Les PME sont créatrices nettes d’emplois dans 147 des 151 zones où l’emploi total croît de 2011 à 2020. À l’inverse, dans 94 zones, les suppressions nettes d’emplois des PME accompagnent la diminution de l’emploi total. Dans une trentaine de zones où l’emploi baisse fortement, la plupart situées dans les régions Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté, Centre-Val de Loire et Normandie, seules les entreprises naissantes sont créatrices nettes d’emploi.
Enfin, dans 60 zones d’emploi, l’effectif salarié total recule malgré la croissance des PME, en raison des destructions nettes dans les établissements des grandes entreprises ou des multinationales sous contrôle étranger.
Pour en savoir davantage : "Les créations d’emplois portées surtout par les PME durant la décennie 2010", Insee Première N° 1974, novembre 2023
Sources : les données couvrent la France hors Mayotte et proviennent des données de démographie des établissements de 2008 à 2020 (stocks et transferts d’établissements, continuité économique, etc.), enrichies de données sur l’emploi issues des sources Clap (2008 à 2015) et Flores (à partir de 2016) et des informations sur le contour des entreprises issues de la source Lifi. Des travaux méthodologiques ont été réalisés pour traiter les ruptures de séries et pour gérer au mieux les réorganisations des grands groupes.
L’objectif est d’avoir une approche économique de la démographie des établissements en minimisant les effets administratifs.
Les données utilisées permettent d’obtenir des évolutions d’emploi au niveau des zones d’emploi.
Des écarts peuvent apparaître avec les Estimations d’emplois localisés, source de référence sur l’emploi et ses évolutions. Ils s’expliquent notamment par des différences de champ, en particulier la prise en compte des intérimaires dans les Estimations d’emplois.
Les données sur les caractéristiques des contrats de travail proviennent de la Base Tous salariés.
3 limites à ce travail fort riche :
- On ne sait si les données traitent d’établissements ou d’entreprises, au sens unités légales, les 2 concepts étant utilisés, et par ailleurs le repérage difficile des TPE pouvant être ou non incluses dans les PME,
- La non prise en compte dans le chiffrement des emplois de ceux des non-salariés,
- La non-connaissance du profil des jeunes entreprises en forte croissance en emploi, dans la mesure où nombre d’entre elles peuvent être des filiales d’entreprises plus importantes en taille, ou des reprises d’entreprise portées dans une structure créée à cet effet (une “fausse” création mais avec des emplois souvent nombreux) ; dans ces 2 cas, les emplois ont vocation à être plus nombreux que dans les créations habituelles et à s’y développer.