Fondation d'entreprise
 
 
André Letowski
Business 
08 aoû 2024

Une situation financière 2023 des TPE et PME stable, malgré l’inflation et la Covid

Le taux de marge des PME a globalement résisté en 2023, le taux d’endettement a diminué et la trésorerie des PME s’est érodée, mais reste à un niveau supérieur à l’avant crise Covid.

Les PME ont préservé leur taux de marge

♦ La croissance du chiffre d’affaires (CA) des PME en 2022 et 2023 a été fortement tirée par le contexte inflationniste : +10 % en 2022, +5 % en 2023.
Toutefois en 2023, alors que le CA des PME (hors TPE) a progressé de 5 % en moyenne, il a baissé pour environ 1/3 d’entre elles. Même au plus fort de la crise sanitaire, en 2020, alors que le chiffre d’affaires reculait nettement en moyenne (–2,5 % pour les TPE et – 4,8 % pour les PME), il augmentait pour 48 % des TPE et 40 % pour les PME.

♦ Malgré la disparition du fonds de solidarité en 2022, le taux de marge s’est maintenu en 2022 et 2023 à un niveau supérieur à celui de 2019, du fait de la baisse des impôts de production (de 1,27 % à 1,05 % du CA pour les PME), de la baisse des charges de personnel (–3 points pour les TPE, –1,9 points pour les PME)), de la baisse des dépenses énergétiques (+ 7 % en 2023, après + 29 % en 2022), par ailleurs peu importantes pour les TPE (1,80 % du CA).
Et ce en dépit du dynamisme de l’emploi en 2021 et 2022, et des revalorisations salariales (5 revalorisations du SMIC entre octobre 2021 et janvier 2023).

L’endettement

Le taux d’endettement, qui rapporte l’endettement financier aux capitaux propres, a diminué en 2023 et atteint son niveau le plus bas depuis 1996 pour les PME et 2019 pour TPE. La baisse de 2023 s’explique à la fois par un renforcement marqué des capitaux propres (+12 % pour les TPE, +6 % pour les PME), et par le léger recul (–3 % pour les TPE) ou la stagnation (pour les PME) de la dette brute, dans un contexte où plus de la moitié des capitaux empruntés au titre des PGE ont été remboursés.

À fin mars 2024, plus de la moitié des PGE (55 % pour les TPE et 57 % pour les PME) ont été remboursés, avec un remboursement intégral pour 16 % des TPE et 17 % PME. Les appels à la garantie restent relativement modérés, mais sont plus importants pour les TPE (4,3 % des crédits octroyés pour cette catégorie), pour les PME (2,4 %), pour les ETI (1,9 %), pour les grandes entreprises (0,5 %).

♦ Sans surprise, le crédit bancaire reste le canal privilégié du financement de la dette mais baisse (54 % en 2023 vs 59 en 2020). Par ailleurs, la dette fournisseur (ou crédit interentreprises) constitue la principale source alternative de dette pour les petites entreprises (37 % de la dette totale), loin devant le crédit bail (6 %) et la dette obligataire (2 %).
L’accès au crédit des PME restait semblable à la situation pré Covid. La majorité de la dette est à taux fixe, et renouvelée sur plusieurs années ; de ce fait, les taux d’intérêts effectivement payés par les entreprises en 2023 ont nettement moins augmenté que les taux des nouveaux crédits bancaires, alors que les taux moyens de rémunération des encours de dépôts bancaires ont augmenté sensiblement (0,83 % en janvier 2024 pour les dépôts à vue, 3,92 % pour les comptes à terme inférieurs à deux ans et 3,19 % pour les comptes à terme à plus d’un an.

Cela étant la trésorerie des PME a nettement reculé
en 2023 par rapport au pic de 2021 : pour les TPE, la trésorerie médiane est passée de 88 jours de CA en 2021 à 69 jours en 2023, et de 68 à 55 jours pour les PME.
La proportion d’entreprises ayant une cote inéligible est plus importante chez les TPE (62 %), structurellement plus fragiles, que pour les PME (40 %), un niveau proche d’avant la crise Covid. La crise Covid puis la crise énergétique n’ont pas bouleversé la capacité de remboursement des PME.

Pour en savoir davantage : "La situation financière des PME en 2023 : anatomie d’une résilience", Banque de France, Bulletin 253/2, juillet/août 2024

Source : les comptes annuels 2023 publiés de 1,45 million d’unités légales (1,195 TPE et 251 000 PME), regroupées en 1,3 million d’entreprises au sens de la loi de modernisation de l’économie (LME). Ces comptes sont intégrés et retravaillés dans le cadre du Fichier bancaire des entreprises (FIBEN) de la Banque de France.

 
André Letowski est expert en entrepreneuriat, en petites et très petites entreprises. Il publie une note mensuelle regroupant une sélection brute ou retravaillée et commentée des corpus statistiques français, des enquêtes et publications concernant le domaine des TPE, PE et PME.




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