En 2019-2020, 1,8 million de descendants d’immigrés, âgés de 35 à 59 ans, en emploi ou ayant déjà travaillé, vivent en France hors Mayotte. 47 % ont un seul parent immigré, et 53 % deux parents immigrés.
Ils ont majoritairement des origines européennes (Europe du Sud pour 44 % d’entre eux) ou maghrébines (35 %). 79 % viennent d’Europe du Sud et du Maghreb.
La majorité des descendants d’immigrés occupent une position sociale plus favorable que celle de leurs parents, une situation un peu plus fréquente que parmi les personnes sans ascendance migratoire directe (pour les hommes 69 % vs 65, et pour les femmes 73 % vs 70).
Toutefois, les descendants d’immigrés occupent des positions socioprofessionnelles assez proches de celles des personnes sans ascendance migratoire : ces dernières sont plus présentes chez les cadres, les non-salariés, et les professions intermédiaires (mais à quasi égalité avec les descendants d'immigrés pour cette dernière CSP) alors que les descendants d’immigrés sont plus présents chez les ouvriers et employés qualifiés et non qualifiés.
Au moment où ils terminaient leurs études, la situation de leurs parents sur le marché du travail différait beaucoup plus. Lorsqu’au moins un des parents est immigré, les pères non qualifiés étaient, en proportion, 2 fois plus nombreux qu’au sein des couples de parents non immigrés, et les pères cadres y étaient 2 fois moins nombreux. Les mères des descendants d’immigrés étaient plus souvent inactives que celles des personnes sans ascendance migratoire (47 % des descendants d’immigrés ont une mère qui n’avait jamais travaillé, contre 34 % des personnes sans ascendance migratoire.
Parmi les personnes devenues cadres, les origines sociales ouvrières ou employées sont nettement plus fréquentes parmi les descendants d’immigrés, quel que soit leur statut migratoire (3/4 des descendants d’immigrés devenus cadres avaient un père ouvrier ou employé, contre la moitié des personnes sans ascendance migratoire).
Toutefois, à caractéristiques sociodémographiques données telles que l’âge, le sexe, le niveau de diplôme, la taille de l’unité urbaine de résidence, le groupe socioprofessionnel de l’autre
parent ou encore le secteur d’activité, les descendants d’immigrés, pour chaque groupe socioprofessionnel d’origine, ont autant de chances, mais pas davantage, de progresser dans l’échelle sociale que les personnes sans ascendance migratoire.
Ainsi la mobilité sociale varie en premier lieu, et de loin, en fonction du niveau de diplôme ; l’effet du diplôme du supérieur long est d’autant plus fort que le groupe social du parent est élevé.
Pour en savoir davantage : "Les descendants d’immigrés s’élèvent plus souvent dans l’échelle sociale que les personnes sans ascendance migratoire", Insee Première N° 2006, juillet 2024
Méthodologie : les enquêtes Emploi de 2019 et 2020 cumulées afin d’obtenir un nombre d’observations plus élevé, portent sur des personnes âgées de 35 à 59 ans au moment de l’enquête, descendantes d’immigrés ou sans ascendance migratoire directe. Pour l’analyse de la mobilité sociale, le champ est restreint aux personnes en emploi au moment de l’enquête ou qui ont déjà travaillé, et dont le groupe socioprofessionnel (GS) est de ce fait connu. La mobilité sociale est mesurée en comparant le GS des personnes à celui des parents ayant été en emploi.
André Letowski
Etude
28 aoû 2024
Les descendants d’immigrés en position plus favorable que ceux sans ascendance migratoire directe
Si les descendants d’immigrés connaissent plus souvent que ceux sans ascendance migratoire direct une mobilité ascendante, le diplôme n’en demeure pas moins un atout essentiel.
André Letowski est expert en entrepreneuriat, en petites et très petites entreprises. Il publie une note mensuelle regroupant une sélection brute ou retravaillée et commentée des corpus statistiques français, des enquêtes et publications concernant le domaine des TPE, PE et PME.
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