Fondation d'entreprise
 
 
André Letowski
Emploi 
23 sep 2024

Hors agriculture, 3,6 millions de Français sont des non-salariés

Les revenus moyens mensuels des non-salariés non microentrepreneurs varient selon les activités (de 1 530 à 9 720€).
Fin 2022, en France, 3,649 millions de personnes exercent à titre principal ou secondaire une activité non salariée, d’une part en tant que microentrepreneurs économiquement actifs (1,8 million), d’autre part en tant qu’entrepreneurs individuels (939 000) ou gérants majoritaires de société (910 000).

Une approche globale des non-salariés.

♦ Les activités : les services aux particuliers, dont les HCR (5,3 %) et la santé (15,3 %), chiffrent 37 % des non-salariés (intégrant les microentrepreneurs actifs), les services aux entreprises intégrant les activités immobilières et financières (3,5 % des non-salariés) comptent pour 26,3 % ; ces différents services totalisent près des 2/3 des non-salariés, devant le commerce (14,9 %), le BTP (11,9 %), l’industrie (5,5 %) et le transport (4,3 %).

♦ Les femmes sont 37 % des non-salariés. En termes de revenu mensuel moyen (une donnée à observer seulement en tendance du fait de grandes disparités selon les activités), celui des femmes est de 3 470€ vs 4 360€ pour les hommes (un écart de 20 %).

♦ L’ancienneté des entreprises chiffre : 19 % les moins de 3 ans, 47,5 % les plus de 10 ans (19 % les 21 ans ou plus). Les écarts de revenu sont très afférents à l’ancienneté de l’entreprise : de 2 à 3 000€ pour les moins de 3 ans avec 14 à 33 % de revenus nuls ou négatifs à 4 400 à 5 200€ pour les 11ans ou plus et 8 % de revenus nuls ou déficitaires.

♦ Selon les régions : l’ile de France (5 240€ de revenu mensuel moyen devance 10 autres régions (revenu compris entre 3 950 et 3 530€) avec un écart de 28 %, moins marqué pour les régions Hauts de France ou Grand-Est (18 %). Les régions du nord et de l’est (hors Ile-de-France) affichent des revenus un peu supérieurs à celles du sud (3 % d’écart en moyenne). En revanche l’écart avec les Drom est plus important (écart de 13 % avec les régions Françaises hors Ile-de-France).

Entre 2008 et 2022 les revenus en euros constants ont progressé en moyenne de 18,9 % et de 7,5 % entre 2015 et 2022. La progression a été la plus favorable entre 2008 et 2022 (entre +18 et +28 %) pour 4 activités (le commerce, l’industrie et les services aux entreprises et aux particuliers) ; en revanche les activités transport et santé ont connu une régression entre 2008 et 2022 (respectivement -2 et -8,7 %).

Les entreprises classiques (entrepreneurs individuels et gérants majoritaires hors microentrepreneurs)

♦ Les activités : les services pèsent 63 % des non-salariés hors microentrepreneurs, dont 25 % la santé, 22 % les services aux entreprises et 16 % les services aux particuliers, devant le commerce (17 %), le BTP (13 %), l’industrie (3,6 %) et le transport (3,4 %).

♦ Les revenus : ceux des entrepreneurs individuels l’emportent sur les gérants majoritaires (4 210 vs 3 830€), du fait des revenus élevés dans la santé.
Les revenus au sein des activités santé (5 750€) et services aux entreprises (5 260€) l’emportent largement avec 3 activités phares : les médecins/dentistes (9 720€), les comptables/juristes (8 510€) et les activités financières/assurance (6 250€).

3 groupes d’activité (industrie, commerce, construction) ont un revenu moyen mensuel compris entre 2 840 et 3 200€, avec les exceptions de la pharmacie (7 900€), du commerce de gros (3 890€) ; cependant un revenu faible, celui du commerce de détail sur les marchés et à distance (1 480€).

2 groupes enfin les moins rémunérés (le transport et les services aux particuliers) bénéficient de 1 910 à 2 060€ ; les moins pourvus sont la coiffure/soins de beauté (1 630€) et les taxis (1 530€).

Les microentrepreneurs actifs économiquement

Ils sont 49 % des non-salariés, mais avec de grandes disparités selon les activités :

Les microentreprises sont majoritaires en nombre dans les métiers de services aux particuliers (entre 55 et 84 %) et aux entreprises (entre 50 et 79 %). Ils sont aussi majoritaires au sein de l’industrie (65 %), des transports (60 % mais 75 % pour la livraison à domicile et en revanche 32 % pour les taxis/VTC) et certains services de santé non paramédicaux (74 %).

– Cependant ils sont très minoritaires dans le commerce de détail en magasin (21,5 %), le commerce de bouche (10 %), les HCR (24 %), au sein des activités financières et assurance (19 %). Ils sont absents dans les activités règlementées (médicales, juridiques et comptables).

Les revenus mensuels moyens chiffrent 670€ ; ils sont nettement plus élevés dans les activités de conseil (entre 1 340 et 940€) ou du paramédical (1 270€).
Ils sont faibles dans les activités de services aux particuliers, l’industrie, le transport et le commerce hors magasin (entre 170 et 520€).

10,6 % des entreprises déclarent des revenus nuls ou négatifs, dont les activités immobilières (25,5 %), les activités arts, spectacle et récréatives (21 %), le commerce hors magasin (21 %), certaines activités de conseil (19 %) et de commerce de gros (18 %).

Noter que presque 1/3 est en pluriactivité, une situation plus fréquente pour les activités enseignement, arts/spectacle, livraison à domicile, et autres activités de santé (entre 41 et 45 %). En revanche la pluriactivité est très rare dans les activités BTP (12 %) et assez peu fréquente dans les HCR (19), le commerce hors magasin et en magasin ou le commerce de gros (23 %), la coiffure (22 %) et les activités immobilières et financières (20 et 23 %).

Pour en savoir davantage : "Les revenus d’activité des non-salariés se replient en euros constants après la forte hausse de 2021", Insee Première N°2012, septembre 2024

Méthodologie :

Sources : la base Non salarié est issue de deux sources administratives, gérées par la Caisse nationale des Urssaf et par la Caisse centrale de la mutualité sociale agricole (MSA). Cette étude se limite aux non salariés en activité en fin d’année, où les dirigeants « assimilés salariés » (gérants minoritaires de SARL, dirigeants de société par actions simplifiées, de société anonyme, etc.) sont exclus. Tous les pluriactifs (percevant à la fois des revenus d’activité salariaux et non salariaux) sont pris en compte, y compris ceux exerçant à titre principal une activité salariée, comme ceux exerçant une activité saisonnière récurrente.

Définitions : les non-salariés sont les personnes affiliées à un régime de protection sociale des travailleurs non-salariés. Sont concernés les micro entrepreneurs d’une part et les non-salariés classiques de l’autre ; ces derniers sont pour moitié des entrepreneurs individuels « classiques » ou des gérants majoritaires SARL.
Le revenu d’activité est la rémunération issue de l’activité non salariée (hors aides versées par les pouvoirs publics au titre de la crise sanitaire), déduction faite des cotisations sociales payées dans l’année mais pas des contributions sociales (CSG non déductible, CRDS). Il est calculé à partir du revenu professionnel imposable auquel sont réintégrés certains allègements fiscaux et cotisations sociales facultatives : chiffre d’affaires des micro entrepreneurs après abattement pour frais professionnels, bénéfice net des entrepreneurs individuels classiques, rémunération des gérants majoritaires (incluant une partie des dividendes). En cas d’exercice déficitaire, le revenu des entrepreneurs individuels est considéré comme nul.

 
André Letowski est expert en entrepreneuriat, en petites et très petites entreprises. Il publie une note mensuelle regroupant une sélection brute ou retravaillée et commentée des corpus statistiques français, des enquêtes et publications concernant le domaine des TPE, PE et PME.




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