Fondation d'entreprise
 
 
André Letowski
Business 
14 nov 2024

Les dirigeants d’entreprise sont plus optimistes pour concevoir le progrès et son évolution

Interrogés sur qui apporte le plus de soutien au progrès, ils citent les Français, les TPE-PME et start-up mais aussi l’État et L’Union Européenne.

⇒ Notre pays est-il en régression ou en progression ?

47 % des citoyens ont le sentiment de vivre dans un pays en régression. Ce sentiment de régression est autant partagé par les cadres (46 %) que par les ouvriers (44 %). En revanche, 29 % estiment qu’il est en progrès et 24 % ni l’un, ni l’autre.

37 % des dirigeants ont au contraire le sentiment qu’il y a progression (vs 24 les Français), 37 % régression et 26 % la stabilité.

Pour les 2/3 des dirigeants, la régression est relativement récente (pour 42 % avec le début de la mondialisation) et pour 24 % une situation plus ancienne.


⇒ Que penser des différentes formes de progrès ?


♦ Le terme « progrès » suscite un imaginaire positif quasi unanime : 91 % des Français et 97 % des dirigeants. Les termes régulièrement associés comme « innovation », « technologie » et « science » recueillent une large adhésion. La décroissance n’apparaît pas comme une option, 82 % des dirigeants et 75 % des citoyens connotant négativement ce terme. La sobriété en revanche reçoit l’adhésion de 90 % des dirigeants et 83 % des citoyens.

♦ Une majorité considère que le progrès est en croissance dans les domaines : technologique (73 % des dirigeants et 63 % des citoyens), scientifique (63 % et 54 %), médical (57 % et 47 %). À l’inverse, une majorité estime que les progrès démocratiques (50 % et 59 %), économiques (46 % et 57 %) sont « en recul ».

♦ Le progrès social est perçu en stagnation voire en recul par la majorité des citoyens (87 %) et des dirigeants d’entreprise (73 %). Toutefois, il est davantage en progrès chez les dirigeants (27 % vs 13), tout comme le progrès environnemental (54 % vs 27).

Les dirigeants d’entreprise pensent que le progrès social est accessible à tous
(71 % vs 40 les citoyens). Ils envisagent le progrès comme un bien commun, alors que les citoyens le pensent l’apanage d’une minorité. Parmi les dimensions du progrès interrogées, toutes sont perçues majoritairement accessibles par les dirigeants d’entreprise (entre 50 % et 76), à l’exception du progrès scientifique (32 %). À l’inverse, toutes les dimensions interrogées semblent réservées à une minorité aux yeux des citoyens (entre 30 et 47 %), à l’exception du progrès environnemental (54 %). Ainsi 71 % des dirigeants pensent que le progrès social est accessible au plus grand nombre vs 40 les citoyens.

♦ Face à la perte de confiance dans le progrès socio-économique, les espoirs des Français se reportent pour 79 à 87 % sur les progrès scientifiques, technologiques, médicaux, voire environnementaux (61 %), perçus comme dynamiques et porteurs d’avenir pour leurs enfants et petits-enfants. Toutefois, ils ne sont que la moitié à penser que leurs enfants ou petits-enfants ne bénéficieront pas de progrès dans les domaines sociaux, économiques ou démocratiques (48-49 %).

Les dirigeants affichent une confiance en la technologie plus marquée pour un monde meilleur (84 % vs 63 chez les citoyens mais 81 chez les 18-24 ans). Pour 82 % (vs 59 les citoyens, mais 67 % les jeunes et 66 % les cadres), le progrès technique et technologique est une solution pour lutter contre le réchauffement climatique.

⇒ Progrès et croissance ?

Par ailleurs, 82 % des dirigeants (vs 62 % des citoyens, mais 71 % les jeunes) jugent compatibles croissance économique et préservation de l’environnement. D’ailleurs 77 % des dirigeants (vs 55 % des citoyens) pensent que le progrès technique et technologique est plutôt créateur d’emploi que destructeur.

Le fait qu’une innovation constitue une avancée d’un point de vue technologique n’implique pas qu’elle introduise un réel progrès ; un exemple notable est celui des réseaux sociaux, qui sont sans conteste une avancée technologique majeure, ils suscitent de la méfiance en raison des dérives désormais identifiées. Ils ne sont considérés comme un progrès que par une minorité de Français (37 %), mais par une large majorité des 18-24 ans (62 %).

⇒ Quel rôle peut jouer l’entreprise pour favoriser le progrès ?

♦ 58 % des dirigeants estiment que l’entreprise a un rôle direct à jouer dans le progrès, c’est-à-dire un rôle inspirant, qui aura un effet d’entrainement. 41 % estiment incarner un rôle de facilitateur pour porter le progrès.
Ainsi, 70 % déclarent être prêts à réduire la profitabilité économique de leur entreprise au profit de plus de profitabilité sociale et environnementale.

44 % des entrepreneurs considèrent que la principale mission de l’entreprise est de développer des biens et services répondant à des besoins, nettement plus que créer des emplois (23 %), une situation éloignée des attentes des citoyens (27 % créer des emplois et 14 des biens et services en réponse à leurs besoins). Les autres items sont modestes et proches or pour les citoyens, l’amélioration du bien-être des salariés (14 % vs 4 pour les dirigeants).




♦ Qui contribuent le plus aux progrès ?

Sans surprise, les TPE, PME et start-up, contribuent le plus pour les dirigeants (94 et 85 %) mais à un niveau élevé pour les citoyens (75 et 71 %).

Cependant, les dirigeants citent aussi l’État
(58 % vs 51 les citoyens), puis l’UE (64 % vs 58).
Les organismes de recherche et les collectivités locales sont aussi largement cités, mais un peu plus par les dirigeants (87 et 70, un peu plus que pour les citoyens, 81et 66).

Le sont encore avec des écarts importants entre dirigeants et citoyens : les syndicats (18 vs 39) et les organisations internationales (44 vs 56).





Pour en savoir davantage : "LE PROGRÈS, REGARDS CROISÉS DES DIRIGEANTS DE PME-ETI ET DES FRANÇAIS", BPifrance, octobre 2024. 

Méthodologie : 1000 Français interrogés du 2 au 5 septembre 2024 par l’institut Bona fidé et 488 dirigeants d’entreprise du 3 septembre au 2 octobre 2024. Par ailleurs, 8 entretiens ont été réalisés auprès de dirigeants d’entreprise, d’experts et d’acteurs de la société civile. Les dirigeants interrogés sont : 82% des hommes ; un âge moyen de 45 ans ; 52% sont fondateurs, 18% repreneurs, 13% dirigeants mandatés et 17% successeurs familiaux ; 65% le sont dans des entreprises de moins de 50 salariés et 20% dans celles de 100 salariés et plus.


 
André Letowski est expert en entrepreneuriat, en petites et très petites entreprises. Il publie une note mensuelle regroupant une sélection brute ou retravaillée et commentée des corpus statistiques français, des enquêtes et publications concernant le domaine des TPE, PE et PME.




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