La révolution des 3C : quel impact pour les chefs d’entreprise ?

Une compréhension des grandes tendances économico-sociétales en cours

Le sens de mes interventions est de mettre en perspective notre monde contemporain et donner des clés de compréhension à nos entrepreneurs et chefs d’entreprise qui peuvent se retrouver de plus en plus perdus dans un environnement de plus en plus en plus complexe.

Pour cela, il est essentiel de revenir aux fondamentaux car nous récoltons ce que nous semons. Nous avons bâti il y a une cinquantaine d’années des modèles de société qui sont aujourd’hui obsolètes et génèrent des ruptures de plus en plus fortes et nombreuses, tant au niveau politique, que géopolitique, économique, social ou encore environnemental.

Mon objectif est de permettre à nos entrepreneurs et chefs d’entreprise de redevenir acteurs de notre monde et de faire les meilleurs arbitrages possibles sur la base du bon diagnostic.

La reconstruction de nos modèles d’entreprise

Nos sociétés sont traversées par la révolution des 3 C (clients, collaborateurs et citoyens) qui invite à reconstruire nos modèles économiques pour répondre à leurs nouvelles aspirations, que l’on peut qualifier d’écologiques, au sens large du terme, à savoir humain et environnemental, à savoir : plus de proximité, d’ancrage, de qualité de vie, d’équilibre vie privée et vie professionnelle, d’utilité sociétale.

Nos chefs d’entreprise doivent comprendre ce que sont devenus les hommes et les femmes qui les constituent pour répondre à leurs besoins et ainsi transformer un concept en réalité économique. Nos collaborateurs doivent adhérer à la vision de la gouvernance pour s’approprier le projet et aligner toutes les énergies vers un même but, à savoir la place que l’entreprise veut occuper dans le monde qui vient.

Il nous faut remettre le collaborateur au centre de l’entreprise et du business comme nous l’avons fait pour le client. Cette révolution du collaborateur est beaucoup plus difficile à adresser car elle nous amène à déconstruire tout notre logiciel pour reconstruire un nouveau modèle d'organisation et de collaboration. Difficile mais tellement passionnant !

C’est le temps de la recréation d’entreprise plutôt que de la gestion ou même de l’adaptation. Il n'existe pas de modèle miracle : nous pouvons nous inspirer de ce qui marche ailleurs mais il est nécessaire de l’adapter à nos collaborateurs, notre entreprise, notre territoire.

L’alignement de toutes les énergies et compétences dans la même direction

Notre défi est de susciter leur engagement pour ne pas avoir à les tirer derrière nous au risque de s’essouffler et de se retrouver seul, mais au contraire leur permettre de nous porter vers l’objectif que nous avons défini. Un indicateur d’engagement et d’adhésion, c'est la façon dont nos collaborateurs parlent de notre entreprise : est-ce qu’ils disent NOUS ou EUX ?
Dans cette optique, j'essaie de faire vivre dans mes entreprises trois valeurs jugées fondamentales par mes collaborateurs :

1. l'autonomie : mes collaborateurs disposent de la liberté d'action, d'organisation et de décision pour réaliser la vision de la gouvernance à laquelle ils ont adhéré (certaines entreprises proposent la signature d'une charte.
2. la reconnaissance : mes entreprises favorisent la proximité à travers des entités de taille raisonnable pour permettre une connaissance mutuelle entre collaborateurs, managers et dirigeants, générer de la confiance et créer un esprit d'équipe.
3. l'équilibre vie privée-vie professionnelle : les collaborateurs disposent de temps extraprofessionnel (pour la famille, leur couple, la vie sociale, associative, politique, personnelle) non pas aux dépens du temps de travail mais du temps passé (perdu) dans les transports grâce à une proximité entre leurs lieux de vie et de travail (nécessité d'orchestrer politiquement une déconcentration de l'activité économique sur l'ensemble du territoire pour permettre aux entreprises de s'implanter dans les zones dortoirs déconcentrées).

C’est notre responsabilité d’entrepreneurs de favoriser l’expression de leurs potentiels au sein de nos entreprises pour construire un écosystème résilient et durable, créateur de richesses et de vivre ensemble. C’est notre échec de chef d’entreprise qui explique le basculement du monde du salariat à l’autoentrepreneuriat.

Nous devons être des assembleurs, des agrégateurs de talents pour former une équipe, des accompagnateurs de leurs initiatives. Les mots ont un sens : nos collaborateurs doivent travailler avec nous, pas pour nous.

Nos territoires, le nouvel Eldorado de nos entreprises

Le potentiel de création de richesses n'est plus dans les métropoles. La croissance à deux chiffres n’est possible aujourd'hui que dans les territoires où il y a moins de concurrence, moins d'investissement à engager, moins de charges à payer et plus d'ancrage, plus de proximité, plus de qualité de vie, ce qui favorise un plus grand engagement des collaborateurs, au-delà du simple contrat de travail.

Nos décideurs ont une grille de lecture du 20e s : la puissance ne découle plus de la taille mais de la capacité à connecter les petits ensemble pour concilier le local et le global. L'enjeu n'est plus de grossir mais de grandir (ensemble) !

La reconstruction de nos référentiels ne peut se faire que du bas vers le haut pour répondre aux spécificités culturelles, historiques et démographiques de chaque territoire. Nos entreprises, avec le soutien de nos gouvernants, ont un rôle majeur à jouer pour faire évoluer nos modèles de société de telles manières que les locomotives de demain soient dans nos territoires.