⇒ Le télétravail entre 2019 et 2024
– Avant l’épidémie de Covid-19, le télétravail était peu répandu en France métropolitaine, seuls 4 % des salariés le pratiquaient de façon régulière ; Il était plus fréquent parmi les cadres (14 %) que les ouvriers et employés (moins de 1 %). Il était toutefois répandu dans la finance et l’informatique-communication, secteurs où la proportion de cadres est élevée (61 et 66 %).– L’intensité du télétravail est la plus forte lors des confinements : en novembre 2020, 44 % des télétravailleurs sont à domicile à temps complet, encore 35% en avril 2021. La proportion des salariés télétravaillant au moins un jour par mois se stabilise au-delà de 20 % jusqu’à la fin de la crise sanitaire, début 2022.
– Au 1er semestre 2024, 22 % des salariés du privé (y compris entreprises publiques) sont en télétravail au moins une fois dans les quatre semaines précédant leur interrogation à l’enquête, avec en moyenne 1,9 jour hebdomadaire de travail à distance.
– La pratique du télétravail est progressivement formalisée par des accords d’entreprise.
Il peut être formalisé individuellement par un accord entre l’employeur et le salarié, ou bien collectivement par un accord au sein de l’établissement ou de l’entreprise, ou encore via une charte définissant ses modalités pour l’ensemble des salariés de la structure.
En 2019, 2/3 des accords de télétravail signés proposent une journée en distanciel maximum par semaine, contre 2 au maximum pour 1/3 des accords (hors télétravail exceptionnel).
Le nombre maximal de jours de télétravail augmente entre 2020 et 2022. À partir de 2020, les accords autorisant jusqu’à deux jours de télétravail par semaine deviennent majoritaires. Ainsi, en 2022, seul un tiers des accords prévoit toujours une journée au maximum et presque un cinquième permet trois jours ou plus par semaine ; près de la moitié des accords mentionnant le télétravail ont été signés pour une durée indéterminée.
⇒ Poste télétravaillable et télétravail effectif
– Près de 7 salariés sur 10 qui considèrent leur poste comme télétravaillable y recourent. Depuis début 2022, la part des télétravailleurs parmi les salariés est stable, tandis que le nombre de jours télétravaillés par semaine a suivi une légère tendance à la baisse jusqu’en 2023, avec toutefois une hausse modérée et temporaire chaque hiver.– Noter qu’entre juillet 2022 et juin 2024, 11 % des salariés occupant un emploi télétravaillable auraient souhaité télétravailler mais n’ont pu le faire, dont la moitié du fait de l’employeur. Par ailleurs, un salarié sur cinq avec un emploi télétravaillable n’a pas souhaité télétravailler.
Enfin, un salarié sur cinq ayant télétravaillé dans les quatre dernières semaines aurait souhaité le faire plus de jours, et seulement un sur vingt moins fréquemment.
– 18 % des salariés télétravaillent au moins une fois par mois dans les PME (hors microentreprises), 26 % dans les ETI et 34 % dans les grandes entreprises.
La proportion de télétravailleurs est élevée dans les secteurs de l’informatique/communication et des services financiers (75 et 60 %). En outre, dans l’informatique-communication, les personnes qui télétravaillent le font en moyenne 2,3 jours par semaine, contre 1,8 jour par semaine dans les autres secteurs.
⇒ Quel type d’emploi ont recours au télétravail ?
– Le télétravail est une pratique majoritaire chez les cadres (près des 2/3 d’entre eux). Pour les professions libérales, le télétravail n’est pratiqué que par un travailleur sur cinq. Cette proportion est de 30 % pour les professeurs et dans les professions scientifiques supérieures du secteur privé.– Les autres catégories socioprofessionnelles occupent moins souvent des emplois se prêtant au télétravail (21 % des postes des employés sont télétravaillables, contre 80 % de ceux des cadres) ; la pratique du télétravail, quand elle est estimée possible, est moins fréquente pour les employés concernant moins de 50 % d’entre eux, contre près de 80 % pour les cadres. Parmi l’ensemble des employés qui occupent des emplois télétravaillables, 13 % ne peuvent pas télétravailler par décision de l’employeur, contre moins de 3 % pour les cadres.
La probabilité d’un salarié non-cadre d’avoir recours au télétravail est supérieure de 12,2 points de pourcentage s’il est dans une entreprise qui comporte plus de 40% de cadres plutôt que dans une entreprise qui en comporte moins de 20 %.
– Les femmes ont une probabilité d’avoir recours au télétravail de 6,4 points de pourcentage supérieure à celles des hommes. Si les parents (femmes comme hommes) d’enfants de moins de 6 ans n’ont pas plus recours au télétravail que les autres salariés, ceux parents d’enfants plus âgés, entre 6 et 17 ans, ont une probabilité de télétravailler supérieure de 2,2 points de pourcentage.
– Les débutants et les salariés les plus anciens ont moins recours au télétravail que les salariés d’ancienneté intermédiaire. Enfin, les salariés (qu’ils soient cadres ou non-cadres) sans responsabilité d’encadrement ont une probabilité d’être en télétravail supérieure de 2,9 points de pourcentage à ceux qui sont essentiellement encadrants.
– La pratique du télétravail augmente avec l’éloignement entre domicile et lieu de travail, ce qui peut refléter le fait que les personnes habitant loin ont plus tendance à télétravailler compte tenu du temps de trajet mais également le fait que la possibilité de télétravailler permet à certaines personnes d’accepter un emploi plus éloigné ou de s’installer plus loin de leur lieu de travail.
À autres caractéristiques données, la probabilité de télétravailler est de 12,2 points de pourcentage supérieure pour les personnes résidant à plus de 100 km de leur lieu de travail, par rapport à celles vivant à moins de 5 km. Pour les distances intermédiaires, la probabilité de recourir au télétravail augmente graduellement.
– Enfin, habiter un logement plus grand semble favoriser le télétravail : avoir plus de 30 m² par personne dans son logement augmente de 3,7 points par rapport à ceux qui disposent de moins de 20 m² par personne.
Pour en savoir davantage
"Télétravail et présentiel : le travail hybride, une pratique désormais ancrée dans les entreprises", Insee Analyses N° 105, et Dares, mars 2025.
Sources : l’enquête Conditions de travail de 2019, réalisée par la Dares auprès de 25 000 actifs occupés, l’enquête Acemo-Covid, menée par la Dares, conduite de mars 2020 à avril interroge mensuellement 38 000 établissements de 10 salariés ou plus et l’enquête emploi en continu réalisée par l’Insee chaque trimestre auprès de 80 000 ménages, avec un renouvellement de l’échantillon par sixième.