Quelle est l’activité et la mission du Lab Entreprendre ?
L’étude du Global Entrepreneurship Monitor est conduite par une équipe du Lab Entreprendre. Ce laboratoire s’inscrit dans le prolongement du LabEx Entreprendre, créé en 2011 dans le cadre du Programme d’Investissements d’Avenir (PIA). Il a été le seul LabEx en France dédié exclusivement à l’entrepreneuriat.Le Lab Entreprendre réunit près de 200 chercheurs à Montpellier, à l’intersection du droit, de l’économie et de la gestion. Il est aujourd’hui le. Ses travaux s’organisent autour de trois grandes thématiques : l’entrepreneuriat, dans toutes ses dimensions (création, croissance, transmission-reprise, intrapreneuriat) ; l’innovation, comme levier de transformation économique et sociale ; la soutenabilité, pour inscrire l’action entrepreneuriale dans les grands enjeux contemporains.
Parlez-nous du rapport GEM ?
Le Global Entrepreneurship Monitor (GEM) est un dispositif international lancé en 1999 par le Babson College (États-Unis) et la London Business School (Royaume-Uni). Il s’agit aujourd’hui de la plus grande enquête mondiale sur l’entrepreneuriat, menée dans plus de cinquante pays.Depuis 2021, le rapport français est coordonné par le Lab Entreprendre. L’étude repose sur deux volets : une enquête auprès de la population française de 18 à 64 ans (APS), qui mesure l’engagement entrepreneurial émergent, les perceptions, les motivations et les obstacles et une analyse auprès d’un panel d’experts nationaux (NES), qui évalue la qualité du contexte entrepreneurial.
Le GEM est la seule source de recherche mondiale qui collecte des données directement auprès des entrepreneurs individuels. Cela nous permet d’explorer en profondeur les ressorts de l’acte d’entreprendre : ce qui le favorise, ce qui le freine, ce qui le transforme. Nous intégrons aussi des thématiques contemporaines comme la place de l’intelligence artificielle dans les stratégies entrepreneuriales.
Quelles sont les grandes tendances issues du rapport 2024 et comment se positionne la France ?
En 2024, le taux d’activité entrepreneuriale émergente en France s’élève à environ 9 %. C’est un niveau élevé, qui témoigne d’une dynamique constante sur les quinze dernières années. Toutefois, nous observons pour la première une légère régression, due notamment à une hausse des sorties entrepreneuriales et à un contexte économique incertain.Parallèlement, le rapport met en évidence une démocratisation croissante de l’entrepreneuriat : on voit émerger des profils très variés (jeunes diplômés, salariés en reconversion, femmes, seniors). L’entrepreneuriat devient une voie plus inclusive, qui répond à des aspirations de sens, d’impact et d’engagement.
Mais cette vitalité se heurte à des freins persistants comme la peur de l’échec : 49 % des répondants déclarent qu’elle les empêche de se lancer. Et face aux nouvelles technologies, notamment l’intelligence artificielle, une forte incertitude demeure : dans 73 % des pays, moins de trois entrepreneurs sur dix estiment qu’elle jouera un rôle « très important » dans leur activité dans les années à venir. Cela confirme la nécessité d’accompagner, former et acculturer les entrepreneurs à ces transitions.