Fondation d'entreprise
 
 
André Letowski
Etude 
12 déc 2025

Un point sur la digitalisation des TPE/PME

78 % des dirigeants de TPE-PME reconnaissent les bénéfices du numérique, selon le baromètre France Num 2025. Pourtant, l'étude révèle une transformation digitale à plusieurs vitesses selon les secteurs et profils d'entreprises.

Une typologie en 4 types d’entreprises synthétise les types d’entreprises et de dirigeants.

⇒ Qui sont-ils ?

  • Des TPE (7 978), dont 1 027 de 0 salarié, 5 037 de 1 à 4 salariés, 1 914 de 5 à 9 salariés et 3 043 PME dont 1 544 de 10 à 19 salariés, 1 098 de 20 à 49 salariés et 401 de 50 à 249 salariés).
  • Par secteur, ils sont 22 % dans les services aux entreprises, 20 % dans le commerce et les HCR, 15 % dans l’industrie et les métiers de bouche, 8 % dans le BTP, 8 % dans les services aux personnes, 7 % dans le transport, 6 % dans les activités financières et d’assurance et 16 % dans d’autres activités.
  • 57 % sont des hommes ; 75 % ont au moins le bac. 19 % ont moins de 40 ans, 27 % de 41 % à 50 %, 38 % de 51 % à 60 % et 13 % plus de 60 ans.
  • 54 % des entreprises ont été créées avant 2010 ; elles ont au moins 15 ans.
  • 37 % travaillent surtout en B to B, 33 % en B to C et 30 % dans les 2 types de clientèle.
  • 36 % des dirigeants d’entreprise ont actuellement un ou plusieurs projets en cours de réalisation : ils sont 47 % dans le secteur industrie, 43 % dans les HCR, vs au plus 31 % dans les autres activités. 47 % à 56 % sont localisés dans les entreprises d’au moins 10 salariés vs 31 % chez les 1-4 salariés. 49 % à 56 % ont moins de 50 ans et 20-24 % chez les 60 ans et plus. 40 % ont un niveau bac+3 vs 20 % le niveau bac. 41% une clientèle mixte et 34 % en B to C.

⇒ Quels bénéfices apportent le numérique ?

78 % (dont tout à fait d’accord 44 %) pensent que le numérique représente un bénéfice réel pour leur entreprise :
  • En termes d’activité : sont davantage tout à fait d’accord les NTIC (73 %), les autres services aux entreprises (58 %), les activités financières (53 %), alors que le sont moins les activités de construction (30 %), les IAA, notamment les métiers de bouche artisanaux (30 %), l’agriculture (26 %),
  • En termes de taille d’entreprise : les plus de 20 salariés (50 %- 57 %),
  • En termes de niveau de formation : bac +3 (55 %), bac (34 %) et inférieur au bac (27 %),
  • Et en termes de type de client : B to B (48 %) et B to C (39 %).
C’est ce qui ressort des réponses aux différents items qui vont suivre ; si certaines caractéristiques autres apparaissent au sein l’un de ces items, j’en ferais alors état.

Ce bénéfice se décline ainsi pour ceux qui sont tout à fait d’accord (sans cumuler avec plutôt d’accord, qui est nettement moins impliquant) :
  • Pour 39 %, il facilite l’externalisation de certaines fonctions telles que la comptabilité, la paye, la communication,
  • Pour 38 % il aide à la communication avec les clients : plus les B to B (42 %) que les B to C (32 %)
  • Pour 17 % il contribue à augmenter leur chiffre d’affaires : on y trouve loin devant les NTIC (40 %), mais aussi les HCR (24 %),
  • Et pour 14 % à augmenter les bénéfices : on y trouve loin devant les NTIC (34 %), les HCR (18 %) et les moins de 40 ans (19 %-22 %),

Mais 19 % (tout à fait d’accord) craignent de perdre ou de se faire pirater des données quand ils utilisent le numérique, notamment ceux des transports (29 %) ou ceux de l’agriculture (28 %) et les plus de 70 ans.

⇒ Promotion et développement commercial sur internet

  • La part des clients qui viennent d’internet : au moins 20 % pour 23 % d’entre eux (dont 12 % pour au moins 50 % de leurs clients), 21 % de 5 % à 19 % des clients et 43 % moins de 5 % ; noter que 13 % n’ont pas souhaité répondre.
Si 44 % ont au moins 5 % de leurs clients venus par internet, ils sont 67 % chez ceux des HCR, et 57 % pour ceux des services aux personnes et par ailleurs 51 % dans le B to C vs 30 % dans le B to B. En somme, l’apport en client est plutôt le fait d’activités en direction de particuliers.

L’acquisition de nouveaux clients, citée par 48 % des TPE PME apparaît comme le principal bénéfice lié à la création d’un site, loin devant l’image de modernité (39 %) et le fait d'échanger avec ses clients (28 %).
  • Le numérique permet de se démarquer de la concurrence pour 38 % (dont 16 tout à fait d’accord), notamment pour les NTIC (50 %) mais aussi les HCR (48 %), les moins de 40 ans (46 %-50 % vs 30 les 60 ans et plus) ; ne sont pas d’accord ceux de la construction (46 %) et des activités financières (46 %).
  • 84 % des entreprises utilisent au moins une solution de visibilité en ligne, les plus citées étant le compte sur réseaux sociaux (66 %, toutefois en baisse), le site internet (65 %), l'inscription gratuite à un annuaire internet (Google My Business, Pages Jaunes …) pour 50 % et 19 % une inscription payante à un annuaire internet (Pages Jaunes …) ou le référencement payant sur un moteur.
46 % des entreprises présentes sur les réseaux sociaux (soit 30 % de l’ensemble des entreprises) les utilisent au moins une fois par semaine, dont 13 % au moins une fois par jour.

27 % font de la vente en ligne : 17 % ont un site internet marchand, 12 % une solution de commande en ligne et retrait en magasin, 9 % vendent sur les réseaux sociaux et 8 % sur les places de marché.
Pour les entreprises disposant au moins d’une solution de vente en ligne, elle représente 20 % de leur chiffre d’affaires. La part des entreprises qui y réalisent moins de 5 % de leur CA augmente de 3 points et atteint 48 %.
Comme le site internet, la vente en ligne permet avant tout d’augmenter les ventes (17 %) et d’acquérir de nouveaux clients (16 %). Voire de les fidéliser (7 %) ou d’échanger avec eux (4 %).

Concernant la visibilité en ligne, ce sont les PME les plus équipées, et moins les TPE ; mais on ne constate que peu de différences entre les TPE avec salarié et celles sans :
  • 81 % des PME et 61 % des TPE site internet présentent l’activité de l’entreprise (hors pages réseaux sociaux),
  • 76 % des PME et 64 % des TPE ont un compte sur les réseaux sociaux gratuits (Facebook, Instagram, Linkedin, X …),
  • 51 % des PME et 49 % des TPE sont Inscrits gratuitement à un annuaire internet (Google My Business, Pages Jaunes …),
  • 25 % des PME et 17 % des TPE ont une inscription payante à un annuaire internet (Pages Jaunes …) ou référencement payant sur un moteur de recherche (Google …).

⇒ Gestion et pilotage de l’entreprise avec le numérique

  • 88 % une solution de gestion via des logiciels de facturation (69 %), des logiciels de gestion comptable (68 %), des logiciels de caisse (30 %), des logiciels de gestion multi-usages (23 %) et une solution de gestion liée au compte bancaire professionnel (19 %).
  • 50 % ont des solutions de paiement : un terminal de paiement électronique classique (34 %, mais 81 % pour les HCR et 64 pour le commerce), une solution de paiement en ligne (26 %, mais 38 % les HCR et 33 % le commerce ) ou un terminal de paiement associé à un smartphone ou une tablette (13 %).
  • 81 % des solutions collaboratives via une messagerie instantanée (61 %), une plateforme d’échange de documents en ligne (58 %), une solution de collaboration professionnelle (39 %), la signature électronique (38 %) ou un Intranet/réseau social d’entreprise (28 %, mais 26 % les IAA et 24 % les HCR).
  • 39 % ont des solutions de gestion de la production, des achats, et de logistique notamment une solution d’achat, d’approvisionnement et/ou de stock (25 %), une solution de gestion de commandes clients et/ou des expéditions (25 %), une solution de gestion de production ou de maintenance (18 %), une solution de conception, modélisation, d’impression 3D (9 %), ou une solution d’automatisation de la production / robots (6 %). Sont davantage concernées ceux de l’industrie et du commerce et les 20 salariés et plus.
  • 34 % disposent d’un terminal de paiement électronique classique fixe, 26 % une solution de paiement en ligne et 13 % d’un terminal de paiement associé à un smartphone ou une tablette. Ce sont des entreprises du commerce et des HCR.

L’exploitation de leurs données pour piloter leur activité font appel aux données de comptabilité/finances (64 %), à celles relatives à leurs ventes 53 %), au RH (40 %), aux fournisseurs (38 %), à un tableau de bord transverse (30 %), à la gestion de production (21 %) et au catalogue de produits/services (20 %).

26 % ont recours à l’IA pour générer du texte, de la voix ou des images (22 %), pour rechercher des informations (14 %), pour analyser, classer des documents (6 %) pour automatiser des tâches (5 %) ou analyser des données, faire des prévisions, optimiser les ressources (5 %) ou pour le contrôle qualité (1 %).

⇒ La sécurité informatique

84 % (77 % en 2020) déclarent disposer d’une solution de cybersécurité, notamment antivirus (96 %) et outils de sauvegarde des données à l’extérieur, le cloud (82 %). 57 % pratiquent des mesures et solutions de protection des locaux et des matériels, l’authentification multifacteurs (44 %), la formation, sensibilisation des équipes, la présence d’un référent sécurité informatique dans l’entreprise (32 %), la souscription à une assurance contre les incidents de sécurité (26 %), la formalisation des mesures de sécurité et de reprise d’activité (22 %), l’authentification par une méthode biométrique (22 %).

21 % ont été confronté à de l’hameçonnage / phishing (tromperie pour obtenir des informations sensibles comme des mots de passe ou des numéros de carte de crédit), 16 % à des virus ou logiciels malveillants. Peu à l’usurpation de site internet, à des attaques de serveurs, à du rançongiciel (logiciel malveillant qui chiffre les données de la victime et exige une rançon pour les déchiffrer, à la manipulation psychologique pour inciter les individus à divulguer des informations confidentielles ou à effectuer des actions, à la violation de données (accès non autorisé à des informations sensibles), à la fuite de données internes (divulgation accidentelle ou intentionnelle d’informations sensibles par des employés ou des partenaires) : entre 2 % et 4 % chaque item.

37 % se protègent par une action interne et 13 % par un recours à l’extérieur.

⇒ Satisfaction et sobriété

85 % (dont très satisfait 27 %) des entreprises sont satisfaites de la fiabilité, 81 % (dont très satisfait 30 %) du débit de leur connexion internet, et 70% (dont très satisfait 17 %) le niveau de satisfaction pour le prix.

La sobriété numérique se traduit par la réduction de la consommation énergétique (58 %), puis le recyclage des équipements (53 %), l’achat de matériel reconditionné (27 %) et l’éco conception de solutions numériques (20 %).

⇒ Investissement numérique

En 2024, 3 TPE PME sur 4 ont eu un budget consacré au numérique. 42 % ont dépensé plus de 1 000€ dont 16 % plus de 5 000€, 33 % moins de 1 000€ et 25 % aucun budget.

♦ Parmi les 70 % d’entreprises ayant des projets en matière de numérique, acquérir ou améliorer les solutions numériques (logiciels) et les équipements numériques (matériel), ainsi que développer sa présence en ligne restent les 3 principales priorités. Les entreprises ayant des projets en matière de numérique (72 % des entreprises) envisagent d’augmenter un peu leurs dépenses en numérique : 46 % prévoient de dépenser plus de 1 000 € (44 % en 2024), dont 14 % plus de 5 000 €. Lorsque le budget est supérieur à 1 000 €, 60 % d’entre elles pensent faire appel à des sources de financement dont la subvention publique (27 %) ou le prêt bancaire (15 %).

♦ 70 % des entreprises estiment disposer de compétences en numérique, en interne (55 %), en externe (37 %) et 22 % des compétences internes et externes. Celles qui font appel à des compétences internes sont davantage les NTIC, les services aux entreprises, des 20 salariés et plus, des moins de 30 ans, des bac +3.

♦ 38 % des entreprises ayant des projets numériques envisagent de faire appel à leurs réseaux professionnels (prestataires), à leur expert-comptable (18 %), à des réseaux spécialisés (14 %), à leurs réseaux personnels ou familiaux (10 %, en nette baisse). 20 % des effectifs des entreprises ont suivi une formation sur le numérique (35% se sont formées sur des sujets sans lien avec le numérique).
37 % déclarent rencontrer des difficultés pour identifier un prestataire de services numériques, cette démarche demandant du temps et de l’expertise ; parmi ces 37 %, 14 % disent ne pas avoir le temps d’analyser le marché ou l’offre du prestataire, 14 % à rencontrer des difficultés à estimer le sérieux ou les compétences du prestataire et 9 % ne pas savoir où chercher.

Le principal obstacle à la formation professionnelle réside dans le manque de temps disponible (55 %) ; ce sont les plus de 40 ans, ceux de niveau bac qui rencontrent cette difficulté. C’est moins le financement (28 %), le fait de trouver une formation adéquate (22 %) ou de définir les besoins de formation (15 %).

⇒Une typologie

  • Les entreprises matures (25 %) : elles sont plus équipées et avec des projets numériques (mais sans autre projet) et sont sur-représentées dans les secteurs NTIC, commerce, services aux entreprises, avec davantage de PME et des dirigeants plus jeunes (moins de 30 ans) et de niveau de formation plus élevé (au-delà de Bac+3).
  • Les entreprises « dynamiques » (24 %) : elles sont bien équipées et avec des projets numériques, mais aussi des projets (de tous types) en cours. Elles sont sur-représentées parmi les entreprises des NTIC, de l’Industrie et fabrication artisanale, des IAA ; ce sont surtout des PME, des dirigeants de moins de 40 ans et de niveau de formation plus élevé (au-delà de Bac+3).
  • Les entreprises « en potentiel » (12 %) ; elles sont moins équipées, sans projet numérique mais avec des projets (types) en cours. Elles sont sur-représentées parmi les entreprises de l’agriculture, des IAA, des HCR, de la construction, et du transport. Ce sont plus souvent des 0 salarié, dont les dirigeants sont de niveau de formation plus faible (< Bac et niveau Bac).
  • Les entreprises « réticentes » (39 %). Ce sont des entreprises moins équipées, sans projets numériques et sans projets (de tous types) en cours. Elles sont sur-représentées parmi les entreprises de l’agriculture, de la construction, du transport. Elles ont plus souvent de 1 à 4 salariés avec des dirigeants plus âgés (> 60 ans), et de niveau de formation moindre (< Bac et niveau Bac).

Pour en savoir davantage.


"Baromètre France Num : résultats de l’enquête 2025", France Num, Credoc, juin 2025
Méthodologie : 11 021 entreprises ont répondu en 2025 (contre 10 125 en 2024, 9 453 en 2023), garantissant une très forte robustesse statistique des résultats, dont 7 978 TPE. Et 3 043 PME. 10 219 ont été obtenues en ligne (9 325 en 2024) et 802 réponses par téléphone (800 en 2024) entre le 26/03 et le 18/04/2025.
Le redressement des données s’est fait selon 3 axes : 6 tranches de taille, 12 secteurs d’activité et 13 régions de France métropolitaine).
Un regret, celui que les données soient plutôt globalement traitées sans donner toute leur place à la distinction TPE et PME (notamment un détail par grandes tranches de taille).
 
 
André Letowski est expert en entrepreneuriat, en petites et très petites entreprises. Il publie une note mensuelle regroupant une sélection brute ou retravaillée et commentée des corpus statistiques français, des enquêtes et publications concernant le domaine des TPE, PE et PME.




Sur le même thème