5 dynamiques se sont conjuguées pour recomposer le territoire :
La métropolisation : le dynamisme de l’emploi a été particulièrement fort dans les très grandes aires urbaines (+500 000 habitants, hors Paris) au cours des dernières décennies (+1 % en moyenne entre 1975 et 2012 contre +0,5 % pour les aires urbaines de moins de 25 000 habitants). La crise a creusé les écarts (+0,7 % en moyenne entre 2007 et 2012 dans les très grandes aires urbaines hors Paris, contre -0,4 % dans les aires urbaines de 15 000 à 25 000 habitants et -0,2 % dans celles de moins de 15 000 habitants). Ce dynamisme s’explique par le rôle des plus grandes villes dans l’économie de la connaissance et leur aptitude à concentrer certaines fonctions.
La périurbanisation : ce sont les espaces les plus dynamiques en termes de population et d’emploi avec, souvent, une aggravation du déséquilibre entre le nombre emplois et le nombre d’actifs occupés résidents. Les écarts de revenus y sont peu marqués et les niveaux de vie y sont plutôt élevés ; le revenu disponible médian par unité de consommation y atteint ainsi 21 300 € en 2013 contre 20 200 € en France métropolitaine.
Les espaces ruraux :
- les territoires ruraux autour des villes (16 % de la population), situés près des littoraux océaniques et méditerranéens et des vallées urbaines françaises, connaissent une forte croissance des emplois, et bénéficient de niveaux de revenus élevés, d’un accès plus facile à l’emploi, et des services. Ils n’ont pas connu de crise.
- Moins denses que les précédentes (9 % de la population), plus éloignées des villes, d’autres communes allient orientations agricole et industrielle ; leur essor ayant longtemps reposé sur le développement de ces deux secteurs, elles ont été les premières touchées par la crise et se vivent en territoires perdants de la mondialisation. Elles sont marquées par les délocalisations, les pertes d’emplois et des jeunes qui partent faute de trouver du travail localement.
- Moins denses que les précédentes (9 % de la population), plus éloignées des villes, d’autres communes allient orientations agricole et industrielle ; leur essor ayant longtemps reposé sur le développement de ces deux secteurs, elles ont été les premières touchées par la crise et se vivent en territoires perdants de la mondialisation. Elles sont marquées par les délocalisations, les pertes d’emplois et des jeunes qui partent faute de trouver du travail localement.
- Les campagnes les moins denses (8,5 % de la population) où l’activité économique et l’accessibilité aux services et aux soins y sont moindres. Le vieillissement de la population y est le plus avancé et les niveaux de revenus les plus faibles.
L’armature urbaine du pays en villes petites et moyennes : les villes moyennes regroupent un quart des emplois, et assurent à plus de 80 % des habitants l’accès aux 12 équipements de la gamme intermédiaire en 15 minutes ou moins. Certaines de ces villes sont fragilisées (chute démographique et vieillissement accentué de la population, désertification médicale, dévitalisation commerciale, pertes d’emplois, etc.). Ce sont surtout les villes petites et moyennes des campagnes à fortes orientations agricole et industrielle.
La poursuite du mouvement de reconversion industrielle : affaissement de l’arc industriel du nord-est, et dynamisme sur les littoraux.
La poursuite du mouvement de reconversion industrielle : affaissement de l’arc industriel du nord-est, et dynamisme sur les littoraux.
Au croisement de ces dynamiques, 4 France se distinguent :
Un arc nord-est cumule les fragilités sociales, économiques et démographiques. Ce décrochage se vérifie également au travers des niveaux d’éducation et de qualification. Le revenu disponible médian par unité de consommation n’atteint ainsi que 18 800 € par an en 2014 et même 17 000 € dans des territoires « difficiles » (vs 20 400 au niveau national). On y trouve aussi une forte surmortalité prématurée (avant 65 ans) qui s’explique par une plus grande fréquence de comportements à risque (tabac, alcool, obésité), des conditions matérielles de vie médiocres, une exposition plus prononcée aux polluants, notamment en raison d’activités industrielles lourdes, et un plus fréquent renoncement aux soins pour des raisons financières.
A l’opposé, les franges littorales de la France (de la Bretagne à Paca), et en prolongement le sillon rhodanien, sont portés par un dynamisme démographique et économique ; la croissance démographique, bien que partout en baisse entre les périodes 1999-2009 et 2009-2014, y est forte, portée par un solde migratoire positif ainsi que, dans les grandes aires urbaines (Rennes, Nantes, Bordeaux, Toulouse ou Montpellier), en raison d’un solde naturel lui aussi favorable du fait de la jeunesse de la population. Ces grandes aires urbaines sont également attractives en termes d’enseignement supérieur et de recherche.Ce dynamisme existe aussi à distance des métropoles : les zones productives de l’Ouest (Sablé-sur-Sarthe, Laval, Mayenne, etc.) ont vu leur emploi productif mieux résister et même parfois progresser comme dans les zones d’emploi autour de Rennes et de Nantes.
Dans le Sud, globalement, l’emploi est bien davantage résidentiel, pour répondre à la vive augmentation de la population ; l’emploi productif est lui aussi en augmentation. Malgré ce dynamisme de l’emploi, le chômage reste à un niveau élevé.
La croissance solide de l’Île-de-France, appuyée sur une spécialisation métropolitaine renforcée, combinée avec un défaut structurel d’attractivité résidentielle, l’assimile progressivement à une métropole mondiale dont les dynamiques sont moins connectées au reste du pays. La région capitale se maintient dans le premier cercle des métropoles mondiales, grâce à une croissance soutenue (+1,5 % par an depuis 2007 en volume malgré la crise), à la diversité de ses filières, à une capacité d’innovation puissante et à une position centrale dans les grands réseaux internationaux.
Elle est la 2éme métropole européenne, et compte pour 30,4 % du PIB Français et pour 4,3 % du PIB européen. L’Île-de-France concentre 21 % des emplois et 18 % de la population du pays, avec 12 millions d’habitants dont 7 sur le périmètre de l’actuelle métropole du Grand Paris. C’est la seule région qui compte plus d’emplois que d’actifs occupés résidents. Toutefois, les créations d’emplois y sont deux à trois fois plus faibles, à croissance égale ou supérieure, de celles observées dans les métropoles de Lyon, Milan ou New-York. Non seulement la croissance a structurellement du mal à entraîner le développement mais le Grand Paris apparaît mal armé pour faire face à la transformation accélérée du système productif francilien, caractérisée par l’avènement d’un capitalisme fondé sur des formes « d’innovation » à cycle rapide, dont les modalités de production sont plus transectorielles, multi-acteurs et ouvertes.
Si l’Île-de-France continue de jouer un rôle essentiel pour la redistribution de richesse, du fait de l’ampleur des redistributions indirectes (le revenu disponible brut des ménages franciliens n’est ainsi supérieur que de 20 % à la moyenne française après transferts sociaux), sa transformation met en cause sa capacité d’animation globale du « système France ». La menace la plus pressante pour le dynamisme économique de la métropole parisienne tient d’abord au grippage progressif de la machine métropolitaine dans son fonctionnement ordinaire, grippage dont atteste en particulier sa faible attractivité résidentielle.
Les territoires ultramarins : sur le plan économique, les Dom se distinguent de la métropole avec près d’un actif sur quatre au chômage, mais des différences importantes existent d’un Dom à l’autre : la Martinique présente le taux de chômage le plus faible (19,4 %), la Réunion le plus élevé (26,8 %), quand Guyane et Guadeloupe sont dans des situations intermédiaires (respectivement 22,3 % et 23,7 %). À ces difficultés s’ajoute une situation préoccupante en termes de conditions de vie. Les logements des Dom sont plus souvent sur-occupés. L’état de santé y est moins bon, et les taux de mortalité prématurée plus élevé.
A l’opposé, les franges littorales de la France (de la Bretagne à Paca), et en prolongement le sillon rhodanien, sont portés par un dynamisme démographique et économique ; la croissance démographique, bien que partout en baisse entre les périodes 1999-2009 et 2009-2014, y est forte, portée par un solde migratoire positif ainsi que, dans les grandes aires urbaines (Rennes, Nantes, Bordeaux, Toulouse ou Montpellier), en raison d’un solde naturel lui aussi favorable du fait de la jeunesse de la population. Ces grandes aires urbaines sont également attractives en termes d’enseignement supérieur et de recherche.Ce dynamisme existe aussi à distance des métropoles : les zones productives de l’Ouest (Sablé-sur-Sarthe, Laval, Mayenne, etc.) ont vu leur emploi productif mieux résister et même parfois progresser comme dans les zones d’emploi autour de Rennes et de Nantes.
Dans le Sud, globalement, l’emploi est bien davantage résidentiel, pour répondre à la vive augmentation de la population ; l’emploi productif est lui aussi en augmentation. Malgré ce dynamisme de l’emploi, le chômage reste à un niveau élevé.
La croissance solide de l’Île-de-France, appuyée sur une spécialisation métropolitaine renforcée, combinée avec un défaut structurel d’attractivité résidentielle, l’assimile progressivement à une métropole mondiale dont les dynamiques sont moins connectées au reste du pays. La région capitale se maintient dans le premier cercle des métropoles mondiales, grâce à une croissance soutenue (+1,5 % par an depuis 2007 en volume malgré la crise), à la diversité de ses filières, à une capacité d’innovation puissante et à une position centrale dans les grands réseaux internationaux.
Elle est la 2éme métropole européenne, et compte pour 30,4 % du PIB Français et pour 4,3 % du PIB européen. L’Île-de-France concentre 21 % des emplois et 18 % de la population du pays, avec 12 millions d’habitants dont 7 sur le périmètre de l’actuelle métropole du Grand Paris. C’est la seule région qui compte plus d’emplois que d’actifs occupés résidents. Toutefois, les créations d’emplois y sont deux à trois fois plus faibles, à croissance égale ou supérieure, de celles observées dans les métropoles de Lyon, Milan ou New-York. Non seulement la croissance a structurellement du mal à entraîner le développement mais le Grand Paris apparaît mal armé pour faire face à la transformation accélérée du système productif francilien, caractérisée par l’avènement d’un capitalisme fondé sur des formes « d’innovation » à cycle rapide, dont les modalités de production sont plus transectorielles, multi-acteurs et ouvertes.
Si l’Île-de-France continue de jouer un rôle essentiel pour la redistribution de richesse, du fait de l’ampleur des redistributions indirectes (le revenu disponible brut des ménages franciliens n’est ainsi supérieur que de 20 % à la moyenne française après transferts sociaux), sa transformation met en cause sa capacité d’animation globale du « système France ». La menace la plus pressante pour le dynamisme économique de la métropole parisienne tient d’abord au grippage progressif de la machine métropolitaine dans son fonctionnement ordinaire, grippage dont atteste en particulier sa faible attractivité résidentielle.
Les territoires ultramarins : sur le plan économique, les Dom se distinguent de la métropole avec près d’un actif sur quatre au chômage, mais des différences importantes existent d’un Dom à l’autre : la Martinique présente le taux de chômage le plus faible (19,4 %), la Réunion le plus élevé (26,8 %), quand Guyane et Guadeloupe sont dans des situations intermédiaires (respectivement 22,3 % et 23,7 %). À ces difficultés s’ajoute une situation préoccupante en termes de conditions de vie. Les logements des Dom sont plus souvent sur-occupés. L’état de santé y est moins bon, et les taux de mortalité prématurée plus élevé.
La crise a, en réalité, agi comme un accélérateur des mutations démographiques, numériques, écologiques en cours.
L’accès à l’éducation et à la formation est déterminant ; or, les écarts entre territoires sont restés extrêmement stables depuis un quart de siècle. Si un enfant d’ouvrier a une chance sur quatre d’occuper une position qualifiée s’il est né en Picardie, il a près de quatre chances sur dix s’il est né en Île-de-France ou en Bretagne. Pire ce qui concerne les dépenses en matière d’éducation et de formation, on observe, que les montants alloués par tête sont significativement inférieurs dans les régions où les difficultés sont les plus grandes.
Par ailleurs, au niveau macroéconomique, la mobilité résidentielle est vue comme un moyen de réduire les écarts interrégionaux de salaires et de taux de chômage ; or pour la majorité des habitants des territoires en grande difficulté, la solution ne réside pas dans la mobilité résidentielle ; en 10 ans, la mobilité a globalement chuté de près de 20 %.
Un contraste marqué au sein de l’UE :
La France est simultanément le pays qui accueille l’une des régions les plus productives d’Europe (l’Île-de-France) et qui comprend, parmi les pays historiques de l’Union européenne, le moins de régions classées au sein de la catégorie des régions les plus développées ; le développement est concentré sur les deux principales régions métropolitaines , à l’inverse de l’Italie, de l’Espagne ou de l’Allemagne, dont les géographies du développement sont durablement organisées par des clivages historiques (Nord/Sud en Italie ; Nord-Ouest/Sud-Est en Espagne ; Ouest/Est en Allemagne).
Un contraste marqué au sein de l’UE :
La France est simultanément le pays qui accueille l’une des régions les plus productives d’Europe (l’Île-de-France) et qui comprend, parmi les pays historiques de l’Union européenne, le moins de régions classées au sein de la catégorie des régions les plus développées ; le développement est concentré sur les deux principales régions métropolitaines , à l’inverse de l’Italie, de l’Espagne ou de l’Allemagne, dont les géographies du développement sont durablement organisées par des clivages historiques (Nord/Sud en Italie ; Nord-Ouest/Sud-Est en Espagne ; Ouest/Est en Allemagne).
La France se distingue, en outre, au sein de l’espace européen, à la fois par l’importance du nombre de régions concernées par le « piège du revenu intermédiaire » (régions situées immédiatement sous la moyenne européenne et dont les coûts de production sont souvent trop élevés et les systèmes régionaux d’innovation pas assez forts pour entrer en concurrence avec les régions de tête) et par la présence de régions parmi les moins développées, situées dans les Outre-mer.
D’un point de vue économique, seules 2 régions françaises (Île-de-France et Rhône-Alpes) sont au-dessus de la moyenne européenne.
En termes de revenus, la France compte parmi les pays riches d’Europe : le revenu disponible médian, exprimé en standard de pouvoir d’achat (SPA), est le 7éme plus élevé de l’Union Européenne, derrière celui du Luxembourg, de l’Autriche et de la Suède.
Sur le plan démographique, les disparités sont marquées : avec un habitant sur cinq âgé de 65 ans ou plus, la France est dans la moyenne européenne quant au vieillissement de sa population, mais elle est marquée par de profonds contrastes territoriaux.