Fondation d'entreprise
 
 
André Letowski
Etude 
01 fév 2024

36% des entreprises connaissent fin 2023 une hausse de leur activité

Si l’emploi ralentit moins fortement que l’activité en 2023, les investissements ralentissent aussi ; les perspectives 2024 demeurent prudentes.

2023

Évolution du chiffre d’affaires

♦ Les TPE-PME tablent sur une croissance moyenne de leur chiffre d’affaires de 1 % en 2023 après 6 % estimé l’an passé. 27 % connaissent une baisse de leur activité, 36 % une hausse et 37 % la stabilité. Les carnets de commande se sont en effet tassés au second semestre.

Les difficultés d’approvisionnement se sont en revanche légèrement estompées depuis le printemps, même si elles continuent de limiter significativement l’activité de 36 % des TPE-PME (40 % en mai dernier).

♦ Selon les secteurs d’activité : les TPE-PME du secteur du tourisme poursuivent leur rattrapage en 2023, alors que le secteur du transport marque un gros coup d’arrêt. L’activité est également peu dynamique dans le commerce et la construction. Elle ralentit dans les services et, plus fortement, dans l’industrie.

♦ Les TPE sont à la peine quand les PME de plus de 50 salariés font preuve de dynamisme. Les dirigeants de TPE tablent sur une contraction de 2,2 % de leur chiffre d’affaires en 2023 (contre +0,1 % en moyenne sur 2000-2022). Le chiffre d’affaires augmenterait à l’inverse de 2 % chez les PME d’au moins 10 salariés, de +3,3 % pour les PME de 50 à 99 salariés et de +3,8 % pour les plus grosses PME de 100 à 250 salariés (+3,9 % sur 2000-2022). Les PME de 10 à 49 salariés voient leur activité augmenter mais sur un rythme inférieur à celui observé en moyenne sur le long terme.

♦ Les entreprises exportatrices, tout comme les entreprises innovantes, font face à un ralentissement plus marqué de leur activité mais continueraient d’afficher une croissance plus soutenue (+2 %) que leurs homologues non-exportatrices et non-innovantes (0 %).

♦ Par région, les TPE-PME d’Île-de-France et de Normandie affichent un ralentissement de leur activité plus modéré cette année que dans les autres régions, alors que l’activité ralentit très nettement en Bourgogne-Franche-Comté, ainsi qu’en Centre-Val de Loire.

L’emploi ralentit moins fortement que l’activité en 2023

♦ L’emploi par secteur d’activité : les embauches seraient les moins dynamiques dans les transports et la construction, en cohérence avec une activité plus déprimée dans ces secteurs et s’établit nettement en-deçà de sa moyenne de long terme. Les embauches sont également attendues peu dynamiques dans le commerce. Malgré un repli sur un an, l’indicateur relatif à l’emploi dans le tourisme demeure nettement supérieur à sa moyenne de long terme, en cohérence avec la poursuite du rattrapage attendue cette année. Les embauches resteraient un peu plus soutenues dans l’industrie et les services malgré un ralentissement certain.

♦ Les difficultés de recrutement se réduisent quoique élevées.
Après s’être stabilisées à un niveau élevé pendant 2 ans, les difficultés de recrutement se réduisent fin 2023, à des niveaux désormais légèrement inférieurs à ceux observés juste avant la crise sanitaire. 78 % des chefs d’entreprise ayant cherché à recruter déclarent avoir rencontré des difficultés pour le faire (82 % en mai dernier et 74 % en moyenne sur 2000-2019). Ils sont en particulier moins nombreux à signaler de grandes difficultés : 36 % d’entre eux, après 42 % en mai dernier, 44 % il y a 1 an et 32 % en moyenne pré-crise sanitaire.

Les dirigeants des TPE-PME de l’industrie et de la construction sont ceux qui rencontrent le plus de difficultés de recrutement, même si elles sont en baisse depuis le printemps.

♦ Comme habituellement, les créations d’emploi seraient plus vigoureuses chez les PME d’au moins 10 salariés, les PME innovantes et celles tournées vers l’international.

Les embauches marquent un coup d’arrêt chez les TPE ; seules 10 % ont augmenté leurs effectifs cette année (contre 26% des PME d’au moins 10 salariés).
Les embauches demeurent, comme habituellement, plus dynamiques chez les PME innovantes et celles tournées vers l’international.

Trésorerie et rentabilité

♦ Malgré des coûts de production toujours élevés, notamment du côté de l’énergie, la trésorerie des TPE-PME se maintient à un niveau encore relativement confortable, en moyenne supérieur à sa moyenne de long terme.
Les TPE-PME sont désormais 26 % à juger leur situation de trésorerie difficile (24 % un an plus tôt et 29 % en moyenne sur 2000-2022). 15 % la jugent à l’inverse aisée et 59 % normale.

♦ La rentabilité des TPE-PME reste inchangée en 2023.
78 % des TPE-PME considèrent que leur rentabilité a été « bonne » ou « normale » en 2023, une proportion identique à celle observée pour l’année 2022. Cette part reste inférieure à celle observée avant crise (83 % en 2019) mais supérieure à la moyenne de longue période (75 %).

La rentabilité s’est fortement dégradée en 2023 dans les transports et dans le commerce et dans une moindre mesure dans les services et la construction ; elle s’est en revanche améliorée dans le tourisme.

♦ Le risque de non-remboursement du PGE est toujours très limité.
Un peu plus de la moitié des TPE/PME déclarent avoir obtenu un PGE. 66 % (64 % en mai) des dirigeants de TPE-PME ayant obtenu un PGE déclarent l’avoir consommé, en majorité (19 %), voire dans sa quasi-totalité (47 %), alors que 34 % l’ont gardé en réserve.
La consommation du PGE a augmenté dans le commerce et les transports (respectivement 69 % et 63 % ayant consommé la majorité de leur prêt), et dans la construction (70 %).

3/4 des TPE-PME ayant sollicité le dispositif public prévoient un amortissement de la totalité du prêt sur plusieurs années ; 20 % auraient remboursé leur prêt d’ici fin 2023 (16 % l’ont déjà fait et 4 % comptent le faire d’ici la fin d’année). 4 % des répondants craignent de ne pas être en mesure de rembourser leur prêt.
Le risque de non-remboursement du PGE, historiquement plus élevé dans le tourisme, diminue sensiblement et augmente légèrement dans les autres secteurs, notamment dans la construction.

♦ L’accès au crédit de trésorerie se durcit quelque peu, mais reste proche du niveau observé avant crise. 13 % déclarent avoir rencontré des difficultés pour financer leur exploitation courante, une proportion qui reste similaire au niveau d’avant crise et bien en dessous de la moyenne de long terme (18 %).

La part de TPE-PME rencontrant des difficultés à financer leur exploitation courante est la plus élevée dans le tourisme (22 %), légèrement inférieure à son niveau d’avant crise (23 % en novembre 2019). L’accès au crédit de trésorerie s’est également durci dans les services et dans les transports ; elles restent inchangées pour la construction et le commerce.

Pour les TPE-PME rencontrant des difficultés pour financer leur exploitation courante, le niveau insuffisant d’activité et/ou les perspectives trop incertaines demeurent la principale explication, citée par 50 % (mais 63 % dans les transports).
La 2e raison la plus citée est la nécessité d’apporter des garanties trop importantes (37 % après 34).
Le risque arrive en 3e position au global (29 %, mais 49 % dans le tourisme, 41 dans les transports et 39 dans la construction).

Les difficultés d’accès au crédit d’investissement progressent légèrement : 11 % des TPE-PME déclarent rencontrer des difficultés d’accès (21 % pour le tourisme),
Les raisons évoquées sont la fragilité financière de leur entreprise (66 % après 68 %), le risque associé au secteur d’activité (28 %).

Le coût du crédit apparaît comme le premier obstacle à l’investissement (56 % vs 48 en mai 2023, et 19 % en mai 2022). Cet obstacle est qualifié d’insurmontable par 5 % des TPE-PME. (2 % il y a un an, 1 % en moyenne depuis 2000). Les TPE-PME des transports, de la construction et du tourisme sont plus nombreuses à considérer le coût du crédit comme un frein à leurs investissements (respectivement 73, 62 et 62 %).

La faiblesse de la demande représente également un obstacle majeur à l’investissement, cité par 52 %, puis la faiblesse de la rentabilité (39 %). Enfin, l’insuffisance de fonds propres et l’endettement excessif sont évoqués comme un obstacle à l’investissement par respectivement 30 % et 22 % des dirigeants, des proportions inférieures à celles observées avant crise.

L’investissement des TPE-PME ralentit

46 % des TPE-PME déclarent avoir investi ou prévoient de le faire en 2023, une proportion en léger recul sur un an et toujours inférieure à son niveau d’avant crise (51 % en 2019).

Les TPE-PME du tourisme seraient nettement plus nombreuses à investir en 2023 (51 % après 43 % en 2022), dans des proportions proches de celles observées avant crise. Dans les transports également, les TPE-PME seraient plus nombreuses à investir que l’an passé (56 % après 54 %), mais dans des proportions largement inférieures à ce qui était observé avant crise (65 % en 2019). Mais on observe une diminution dans l’industrie (57 % après 59), bien qu’à un niveau proche de celui observé en 2019 (58 %), et plus fortement dans la construction (45 % après 49) et le commerce (36 % après 39), à des niveaux bas pour ces secteurs (56 % et 43 % en 2019). Si elle reste stable dans les services (39 %), elle est inférieure à 2019 (46 %).

37 % des investissements seraient financés par le secteur bancaire et 41 % autofinancés (le reste étant financé par l’apport d’associés ou de la maison mère, du crédit-bail ou d’autres ressources externes).

La part des investissements allouée à l’immobilier diminue fortement (29 % après 42 en 2022) au profit des investissements mobiliers (64 % après 53) et, dans une moindre mesure, incorporels (7 % après 5), pour revenir à des proportions plus proches de celles observées avant crise (resp. 32 %, 60 % et 8 % en moyenne sur 2018 / 2019).

La part des TPE-PME ayant réalisé des investissements verts au cours de l’année 2023 diminue pour atteindre 30 %, après 35 en 2022 et 42 en 2021. La part des TPE-PME ayant consacré plus de 10 % de leurs dépenses d’investissement à des investissements verts reste en revanche globalement stable, à 13 % (14 % en 2022, 11 % en 2021).

Perspectives 2024

Perspectives d’activité

Les dirigeants sont peu confiants quant aux perspectives d’activité de leur entreprise pour 2024. Elles s’assombrissent dans le bâtiment, ainsi que dans les transports, secteurs déjà les plus affectés en 2023.
Les perspectives d’activité sont moins bien orientées que l’an passé quels que soient la taille ou le caractère exportateur de l’entreprise, même si elles restent, comme habituellement, plus allantes chez les PME d’au moins 10 salariés et les entreprises exportatrices que chez les TPE et les entreprises centrées uniquement sur le marché domestique. Les dirigeants de TPE-PME innovantes sont plus optimistes.
En conséquence, les dirigeants prévoient de freiner les embauches en 2024 mais dans une moindre mesure que l’activité. La baisse, généralisée à l’ensemble des secteurs, est nettement plus marquée dans la construction et les transports.

Les TPE-PME sont moins confiantes sur l’évolution future de leur trésorerie

Le solde d’opinion s’inscrit en baisse sur le semestre dans l’ensemble des secteurs. Il est également en baisse sur un an dans la construction (−3 points, à −17) et les transports (−6 points, à −18), où il atteint les plus bas niveaux sectoriels. Il augmente assez nettement dans le tourisme (+12 points sur un an, à +10), où il rejoint quasiment son niveau moyen de long terme (−9).

La rentabilité des TPE-PME resterait plus faible qu’avant crise

Alors que la rentabilité des TPE-PME en 2023 est jugée moins bonne qu’avant crise, 16 % prévoient une augmentation de la rentabilité de leur entreprise en 2024 tandis que 20 % d’entre eux anticipent une moindre rentabilité. Il se redresse beaucoup plus chez les PME, même s’il reste largement inférieur à sa moyenne de long terme.

50 % des TPE-PME comptent investir en 2024, mais les dépenses d’investissement seraient moins dynamiques qu’au cours des dernières années

Les TPE-PME industrielles seraient les plus nombreuses à investir, davantage que l’an passé (63 % contre 60 en 2023), et qu’avant crise, alors que le % de TPE-PME diminue dans le commerce et les services, et plus fortement dans la construction (46% vs 53 la moyenne long terme).
Quant aux montants investis, ils resteraient stables dans l’Industrie, proche de sa moyenne de long terme, augmenteraient légèrement dans la construction, tout en restant bien au-dessous de son niveau moyen depuis 2000 et reculeraient dans les autres secteurs, notamment les transports.

En régions ?

Le ralentissement de l’activité serait le plus marqué en Centre-Val de Loire et en Bourgogne-Franche-Comté ; l’activité ralentirait moins fortement en Normandie, en Île-de-France et Grand Est.
En termes d’investissement, les TPE-PME franciliennes, provençales et normandes investissent relativement peu (resp. 34, 41 et 44 %), dans des proportions bien inférieures à ce qu’elles étaient avant crise (respectivement 43, 53 et 61 % en 2019). Les TPE-PME d’Auvergne-Rhône-Alpes seraient nettement moins nombreuses à investir en 2023 (48 après 54 %).

Pour en savoir davantage : "Refroidissement : 78e ENQUÊTE DE CONJONCTURE SEMESTRIELLE AUPRÈS DES PME", Bpifrance, janvier 2024

Méthodologie : près de 40 000 entreprises des secteurs marchands non agricoles, de 1 à 249 salariés et réalisant moins de 50 M€ de chiffre d’affaires, ont été interrogées à l’automne 2023. 4999 réponses reçues entre le 9 novembre et le 5 décembre 2023, jugées complètes et fiables, ont été exploitées au niveau national.

 
André Letowski est expert en entrepreneuriat, en petites et très petites entreprises. Il publie une note mensuelle regroupant une sélection brute ou retravaillée et commentée des corpus statistiques français, des enquêtes et publications concernant le domaine des TPE, PE et PME.




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