Fondation d'entreprise
 

Alyl Sécurité Incendie 

 Les startups n'ont pas l'apanage de la création d'activités, pas plus que l'économie digitale, la transition énergétique et autres tendances contemporaines. Loin de ces étincelles dans l'air du temps, c'est sur un marché basique et concurrentiel, comparable à celui de l'automobile et de ses prestations, qu'Alyl Sécurité Incendie s'est embrasée, d'abord autour de Grenoble et bientôt à l'échelle nationale. Capable d'offrir une solution clef en main pour la protection et la prévention, tout en proposant un interlocuteur unique à ses clients de tous ordres, cette entreprise a fait un autre choix atypique : en CDI et à plein temps, elle recrute des personnes connaissant des difficultés passagères d'insertion. Un modèle d'entreprise classique, avec un impératif de rentabilité ; un projet sociétal, à la faveur des ressources humaines locales ; des circuits les plus courts possibles, à dupliquer aux cinq coins de l'hexagone : voilà un des paradigmes de demain, veut prouver James Faricelli. Un entrepreneur engagé, à suivre et ... à concurrencer ! 

Au feu le chômage




Par contraste à la loi El Khomri, le parti-pris de James Faricelli fait figure d'anachronisme. En lieu et place d'une précarisation qui deviendrait la norme de l'emploi, ce chef d'entreprise grenobloise embauche non seulement ses salariés en CDI, à temps plein, mais priorise des personnes en difficultés d'insertion, pour des raisons aussi variées que leurs profils et parcours. « Ce sont tous d'anciens chômeurs, en recherche active d'emploi. Nous visons les personnes qui présentent des CV chaotiques ou encore qui souhaitent se réorienter », explique le créateur et dirigeant d'Alyl Sécurité Incendie. « Nous favorisons celles qui ont eu des accidents de parcours, que ceux-ci aient été provoqués par des burn-out comme par des divorces, sans compter celles qui sont susceptibles d'être discriminées, parce qu'elles sont issues des quartiers dits sensibles, qu'elles ont atteint l'âge senior fatidique, qu'elles incarnent une famille monoparentale... Par ailleurs, nous donnons une chance aux non-diplômés. » Amorcée en 2007, cette posture à contre-courant se solde par un bilan exemplaire. « Forts d'une vingtaine de salariés et d'un chiffre d'affaires de près d'un million d'euros, nous sommes en train de créer un socle stable de petites agences rhônalpines et nous poursuivons avec des agences bi ou tri-départementales, afin de couvrir la France entière », s'enorgueillit le lauréat du Grand prix des Chefs d'entreprise 2015, dans la catégorie responsabilité sociale des entreprises (RSE). « Dans les cinq années à venir, nous allons embaucher de 150 à 200 personnes. Pour la simple année 2016, les recrutements se chiffrent à neuf ou dix en Isère, deux à trois en Drôme-Ardèche, autant en pays de Savoie. Ces implantations s'insèrent dans l'économie locale et misent sur leurs ressources humaines : en Savoie, nous embauchons des Savoyards, etc. »


Un marché concurrentiel pour foyer(s) de développement

Loin d'avoir repéré un nouveau produit ou service, ce diplômé de l'Institut d'administration des entreprises (IAE) s'est positionné sur un marché existant pour concrétiser son projet de création d'activité et mettre à profit son expérience commerciale forte. C'est en discutant avec des amis que la sécurité et la prévention des incendies lui semblent une activité de bonne augure : la demande croît de 5% par an en moyenne. Reste que dans un contexte très concurrentiel, il faut savoir faire la différence. Celle d'Alyl Sécurité Incendie, basée à La Villeneuve (Grenoble), consiste à proposer une prestation globale, d'A à Z. De l'audit initial à la maintenance après vente, de l'installation de matériels de qualité à la préconisation d'évacuation, les besoins du client sont gérés de surcroît par un seul interlocuteur technique et commercial. Inspiré par les standards du marché automobile, l'entrepreneur établit volontiers la comparaison avec l'entretien et la réparation des véhicules. « Le temps où l'on confiait sa voiture les yeux fermés à un garagiste est terminé. De nos jours, le client veut un devis clair et donner son feu vert avant toute intervention. Dans l'incendie, c'est la même chose », confiait-il au quotidien Les Échos. Et de développer les rouages de sa success story. « Des packages innovants de services sont proposés pour éviter les dépenses imprévues. Tout est compris, jusqu'au remplacement des pièces usagées. De quoi établir une relation durable et de confiance avec le client, qui apprécie la bonne connaissance de son site par le technicien ».

Autre moteur, la motivation des équipes de cette entreprise qui se qualifie « d'insérante ».  Car, à la différence des structures d'insertion stricto sensu, Alyl Sécurité Incendie ne recourt pas à des contrats aidés. Pour James Faricelli, c'est une façon de valoriser le salarié et de le rendre autonome rapidement, en lui donnant envie de rendre la main qui lui a été tendue. Un état d'esprit qu'il résume avec une maxime maison : « Il est plus facile de rendre compétent quelqu'un de travailleur et intelligent, plutôt que de rendre travailleur un compétent fainéant. »  Mobilisant 10% du chiffre d'affaires, la formation y contribue grandement, tout en étoffant cette logique de réciprocité. Une fois la personne intégrée, elle apprend le métier en interne, à la faveur d'un plan de montée en compétences précis, habilitations et diplômes à la clef ; français ou management, les manquements de chacun sont par ailleurs compensés sur mesure. À la faveur de ce développement personnalisé, les salariés qui arrivent le mieux à exprimer le mieux leur potentiel peuvent se créer une carrière. « Les salariés d'hier sont devenus les managers d'aujourd'hui ; les salariés d'aujourd'hui ont pour objectif d'être à leur tour des responsables techniques ou d'appels d'offres. Pour favoriser la transmission de ces compétences et de ce savoir-être, les postes créés sont d'abord diffusés en interne, ce qui permet à chacun de postuler s'il en ressent le besoin. » Ici ou ailleurs, cet effet de levier joue à plein pour se relancer dans la vie active.


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Un modèle d'entreprise sociétale à concurrencer
 

Quant à Alyl Sécurité Incendie, elle a fait feu de plusieurs bois. Sa stratégie commerciale, pour commencer, est tombée à point nommé dans un contexte conjoncturel appelant les économies budgétaires. « Au départ, la crise nous a en quelque sorte profité », commente James Faricelli, dont l'exercice s'est affiché dans le vert dès la deuxième année et continue d'être bénéficiaire depuis, porté par une croissance à deux chiffres. « Attentives à leurs dépenses, nombre d'entreprises et de collectivités ont été séduites par notre concept, celui-ci leur offrant la maîtrise complète de leur parc incendie avec des forfaits aussi compétitifs qu'inédits ». Seule sur le marché à proposer une offre forfaitaire globale, assortie d'un service client irréprochable, la PME compte ainsi plus d'un millier de clients, personnes morales comme physiques ; son portefeuille est par ailleurs sécurisé par sa diversification, étayée par 40% de TPE/PME, 40% de collectivités et 20% de grands comptes. Malgré tout, s'improviser chef d'entreprise n'est pas une sinécure, confie le créateur, content d'avoir été entouré dès ses débuts. En 2007, il a été d'emblée lauréat du Réseau Entreprendre Isère, dérochant un prêt d'honneur de 20 000 euros et un emprunt de 80 0000 euros auprès des banques. En 2009, c'est auprès de FinanCités qu'il parvient à lever 65 000 euros de fonds ; émanant de PlanetFrance, l'organisation de solidarité internationale créée par Jacques Attali, la structure concrétise le développement d'activités par la microfinance. En deux ans, l'effectif passe alors de deux à quatre personnes, pendant que l'implantation suit son cours en Isère. Puis, en 2013, une participation au Booster Camp du Réseau Entreprendre Isère se solde par un nouveau trophée un an après, dans la catégorie développement. Entre un nouveau prêt d'honneur de 50 000 euros, un prêt bancaire de 120 000 euros et un autre de 40 000 euros par BPI France, Alyl Sécurité Incendie commence à se déployer régionalement.

L'heure est aujourd'hui à une extension nationale, soit la deuxième phase du projet. Cette fois-ci, grâce à un programme du MEDEF de Grenoble, c'est auprès du Comptoir de l'Innovation, bras armé du groupe SOS, que 500 000 euros ont été levés, pendant qu'un pool bancaire abondait dans les mêmes proportions. D'expérience aujourd'hui, le chef d'entreprise a fait le choix de consolider son modèle avant de le dupliquer. Et, encore et toujours, il mise volontiers sur des experts pour l'accompagner. Pour accélérer le développement de son activité, il a ainsi fait appel à trois dirigeants complémentaires, au sein du Réseau Entreprendre : un spécialiste du financement bancaire, un ancien directeur d'usine pour le volet ressources humaines et management et, pour le déploiement de franchises, un entrepreneur aguerri dans ce domaine. « Si nous démontrons, sur un secteur hautement concurrentiel, que nous arrivons à être une entreprise rentable avec une portée nationale, gageons que d'autres vont suivre ce chemin. Imaginez qu'une entreprise crée vingt emplois dans un département, cela permettrait d'insérer dans la vie économique jusqu'à 2 000 personnes en France ! Notre idée est de servir de modèle aux chefs d'entreprise qui ont les mêmes valeurs, tout en ayant peur de sauter le pas. C'est possible : nous en sommes la preuve par l'exemple. » Témoignage d'un entrepreneur engagé du 21e siècle, à lire aussi dans le livre éponyme auquel le dirigeant grenoblois a contribué.



Plus d'infos : 


Site web : www.alyl.fr

☎ 04 38 49 23 11

✉ 26, rue des trembles Grenoble – 38100




Belle histoire de primé racontée par Anne Laure Murier pour le compte de la Fondation MMA des Entrepreneurs du Futur


 
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